Publié dans Motricité fine

Coller : une tâche multiple

Afin d’entraîner, de maintenir ou de vérifier des connaissances, on utilise souvent le tri.
Lorsqu’on passe sur des exercices sur papiers, il va être pratique d’apprendre à l’élève à coller afin qu’il puisse trier tout en laissant un résultat de son tri.
C’est une compétence très scolaire car en dehors de ce cadre là, on peut avouer qu’on utilise rarement de la colle à papier !

Que comprend la compétence de coller ?

— Mettre / ajuster au bon endroit : il s’agit de viser juste, et de plus en plus précisément

— Gérer l’outil pour coller en tant que tel :

  1. retourner le papier à coller,
  2. appliquer la colle en gérant le type de contenant : tube de colle à visser, colle à rouler, colle liquide avec embout mousse, etc.
  3. refermer sa colle en fin de session de collage.

En parallèle, il faut que l’enfant sache poser un élément sur une ombre/ un emplacement défini. Cela peut se travailler séparément mais les deux doivent être acquis si vous voulez que votre élève colle convenablement de manière indépendante.

Nous allons donc séparer artificiellement les deux compétences dans cet article pour se centrer sur l’un ou l’autre selon la difficulté des élèves.

 

Mettre sur un bon emplacement

Des éléments non collants à placer : on peut ajuster si besoin.

Votre élève sait mettre des items sur des ombres de la même taille en les superposant bien ? super on continue !

Ici, l’enfant a le dessin en taille réel en dessous (ce n’est pas une ombre mais les pièces en couleurs qui ont été photocopié) et le tout posé sur un support aimanté. De ce fait, quand il pose une pièce, cette dernière est moins susceptible de bouger. C’est le niveau le plus « facile ».

Petit à petit, l’enfant aura des éléments de moins en moins volumineux à placer pour tout doucement être capable de coller des papiers (plats!)

Les grosses cartes de memory permettent de bien viser, même si il n’y a plus l’avantage du magnétisme pour bien fixer les éléments.

Là, on a des cartes de Memory (Monsieur Madame de chez Quick je crois) qui font la même taille que les cercles tracés sur le papier. On doit donc les positionner correctement : le fait que les cartes rondes soient bien épaisses aident à corriger l’endroit au besoin.

Les jetons ci-dessous sont épais mais petits : il faut bien viser pour les placer sur les croix qu’on voit en transparence :

Des jetons à mettre sur les croix : on voit au travers que la croix est bien « en dessous ». Les jetons magnétiques peuvent être récupérés avec une baguette-aimants et ça, c’est super génial ! 🙂

Des éléments collants : on ne peut pas ré-ajuster si besoin, alors il faut être vigilant dès le départ.

Les tampons

On peut également entraîner l’enfant à viser en utilisant des zones à tamponner. Si vous êtes habitué(e) à ce site, vous savez à quel point j’aime les tampons 😉
Vous retrouverez donc des articles qui traitent de ce sujet et des pages avec des exercices dédiés, notamment ici. Il ne s’agit pas d’éléments à coller mais la compétence de « mettre à un emplacement précis » est travaillée.

Exemple avec des tampons et un stylo tampon.
Exemples de documents où l’enfant doit viser, dans possibilité de ré-ajuster son geste. (exercices dispos dans l’article dédié)

Les gommettes

Selon le type de gommettes, leurs tailles et leurs épaisseurs, la tâche sera plus ou moins facile. Si l’objectif est que l’enfant colle au bon endroit, on peut lui faciliter la tâche en lui tendant les gommettes une par une déjà décollées. Dans ce cas, on coche la case « données par l’adulte ». On pourra évidement lui apprendre ultérieurement à décoller les gommettes car c’est utile en motricité fine.

Pour les aider, on peut légèrement plier le papier de support de la gommette pour que celle-ci soit légèrement saillante. Puis estomper évidement.

Support plié pour que les gommettes dépassent.

Certaines gommettes du commerce sont pratiques pour les débutants : elles sont en mousses et leur épaisseur aide à les manipuler :

Dessin dit « mosaïques » du commerce (moins d’1€ la planche dans les discounts) avec des gommettes très petites en mousse.

Exercices pour le travail sur les gommettes

Pdf à imprimer avec des zones de plus en plus petites.

Une élève qui sait coller mais à tendance à coller n’importe comment. En plus de coller, elle doit demander la gommette « j’ai besoin de/donne moi  [la ] gommette carrée bleue » –> Mand J10 et révision des formes et des couleurs !

Gérer l’outil colle.

Quelle colle utiliser ?

Souvent, avec les enfants dont je m’occupe, je ne fais pas encoller le derrière du petit papier à coller, mais je fais encoller directement le support. C’est d’ailleurs pour cette raison que vous trouverez souvent une guidance d’empreinte de colle dans les supports pédagogiques sur ce site.

Selon les contraintes motrices et/ou comportementales de votre élève, vous n’utiliserez pas les mêmes colles : cette remarque est particulièrement vraie pour nos mangeurs de colle, mais également ceux qui la tatouillent pour avoir des sensations sur leurs doigts !!
Je vous conseille donc de tester et de filmer l’utilisation de chacune de ces colles afin de comparer et de choisir la plus adaptée en fonction de vos objectifs avec cet enfant.
Pensez à demander conseil à l’ergothérapeute si l’enfant en consulte un!

Différentes colles dans le commerce, globalement :
— A — Colle à rouler : pratique, elle sèche très lentement ce qui peut être utile pendant les exercices, elle ne peut pas être mangée 😉
— B –Colle en stick, colorée ou non : ce sont souvent les colles les plus mangées et les plus sources de tatouillages irrépressibles
— C — Colle liquide avec un embout en mousse : est une alternative aux deux premières.

Il en existe d’autres, comme celle à pinceau qu’on retrouve souvent chez les maternelles, mais je les trouve encore plus complexes à gérer.

A – Colle à rouler

Ci-dessous, une colle en rouleau (moins d’un euro chez Action) :

En général, les jeunes n’ont pas de difficulté à bien maintenir le rouleau. Si il y a une confusion sur le haut et le bas, vous pouvez coller une gommette pour qu’il se repère mieux.
Ici, le jeune met d’abord la colle sur le papier et pose ensuite ses étiquettes découpées.

B – Colle en stick

C’est la plus classique dans les trousses d’école. Elle demande cependant une certaine technique : dévisser, faire sortir le bâton de colle un peu mais pas trop ;-), coller puis revisser pour le rentrer et enfin fermer. Ces manipulations laissent libre court à toutes sortes de bêtises bien rigolotes 😉

Certaines colles ont un bouchon qui se remet SANS vissage : je trouve que c’est plus pratique pour un apprenant, la seule partie à visser/dévisser sera la longueur du bâton de colle.

L'enfant doit simplement refermer en posant le bouchon. Il ne se visser pas, il se clipse dessus.
L’enfant doit simplement refermer en posant le bouchon. Il ne se visser pas, il se clipse dessus.

Selon l’apprenant et selon l’activité, je le guide pour qu’il mette de la colle sur le support et non sur l’arrière de l’élément à coller. Je trouve qu’au départ, il est plus facile d’encoller la partie fixe que la partie à appliquer.
La stratégie de collage reste au choix de l’intervenant selon le profil de son élève mais ce process peut aussi être intéressant. Afin de vous aider à choisir, le mieux est encore de choisir en équipe (avec enseignant et ergo) ce qui est le mieux pour cet élève.

La colle colorée est très pratique pour viser et pour évaluer la quantité à mettre.

C – Colle à embout en mousse

Il s’agit d’une colle avec un réservoir de colle liquide et un petit embout en mousse. Elle est parfois à privilégier sur la colle en tube car les enfants sont moins tentés de la manger.
La colle est très liquide donc peu propice aux tatouillages mais je la trouve plus « sale » car elle détrempe le papier et parfois le contenant fuit un peu dans le pas de vis. Bref, personnellement je ne l’utilise plus trop  …

 

Conclusion

Beaucoup d’activités attractives à faire sur papier sont disponibles pour les enfants mais il ne faut pas oublier qu’en plus du but annoncé de l’activité (par exemple coller les fruits d’un coté et les légumes de l’autre) qui peut lui-même être complexe, l’enfant aura à gérer la partie « viser » et la partie « collage » !
Si votre élève est scolarisé, cet enseignement est intéressant mais si ce n’est pas le cas, comme d’habitude, il faudra se poser la question de la pertinence de se lancer dans ce gros apprentissage qui obligatoirement prendra du temps sur les autres compétences à apprendre qui seront peut-être plus utiles pour notre petit élève.