Publié dans Enseignements et apprentissages, Motricité fine, Outils d'autonomie, Planification, Vie quotidienne

Traitement du linge

La gestion du lavage du linge avec les enfants avec handicap est un de mes dadas :-).
Pourquoi? parce que tous les élèves portent des habits, parce que tout le monde a du linge sale qui doit devenir propre, parce que le linge ne s’abime pas si il tombe ou si il est un peu malmené : bref, pas d’excuses!

Si votre enfant est suivi par un ergothérapeute, n’hésitez pas à lui demander des conseils pour votre petit élève!

Pour les jeunes qui ont du mal à adhérer aux propositions cadrées sur table : c’est aussi en général des moments plus sympas pour eux et où leur adhésion est meilleure.

Les activités ci-dessous ne sont pas rangées comme une progression, vous pouvez aller pêcher dans l’article les activités qui vous semblent pertinentes pour votre élève sans respecter un ordre précis d’enseignement.

Laver

Il va être important de travailler les notions « mouillé / sec » et « propre / sale » .
On pourra ensuite travailler : « plié / en tas » et « froissé / repassé ».
Un article dédié à cela se trouve ici.

Identifier le linge propre du linge sale

Il faut se rappeler qu’il faut travailler avec du « vrai sale » et non avec des dessins de taches type tache d’encre.
Au début on fera des taches bien visibles puis de moins en moins, on pourra ensuite frotter un oignon ou quelque chose d’odorant pour apprendre que « sale » c’est pas uniquement à la vue mais aussi l’odorat (- désolée pour les détails ;-P) et que si on a un doute, on le met au lavage quand même. On pourra l’opposer à des chiffons non odorants ou à des chiffons qu’on aura frotté sur un savon (pour apprendre que odeur savon = propre socialement).

Lingettes propres VS lingettes sales (j’ai essuyé des crayons woody et des feutres ardoise noirs et rouges avec!)

Si cela vous semble accessible et pertinent, vous pouvez également introduire le vocabulaire générique : vaisselle VS linge.
Ces termes assez techniques me paraissaient avant un peu trop approfondis pour être enseignés mais en fait, c’est quand même un vocabulaire que l’on utilise très souvent dans le quotidien. Il peut donc être utile d’envisager « linge » et « vaisselle » comme catégories à enseigner à nos apprenants.

Trier les étiquettes en associant avec lave-linge ou lave-vaisselle

Etendre du linge

Remarque importante :

Lorsque je fais l’activité linge, je prends toujours du linge mouillé pour plus de cohérence : on n’étend pas du linge sec dans la « vraie vie »!! (j’utilise donc du linge qui sort de ma machine à moi ou du linge que je mouille avant et que j’essore) Cela permet également d’être au plus près d’une situation écologique car pour certains enfants, l’humidité au toucher peut être en soi un obstacle à surmonter. Pour ceux qui n’auraient pas ce problème, étendre du linge lorsqu’il est mouillé gagne de toutes façons en cohérence ….

On commence par du petit linge  : chaussettes ou sous-vêtements (de l’enfant idéalement), puis on prend du linge de plus en plus grand.

Accrocher du linge sans utiliser de pince à linge :

Au cabinet, je fais toujours accrocher le manteau des enfants sur une patère. Pour certains, il est difficile de repérer par où l’accrocher donc je mets un anneau en plastique (l’enfant recherche et repère donc directement cet endroit dans le cou du vêtement). Cet anneau facilité également l’accrochage qui suspend le vêtement par l’anneau. Grace à cela, les enfants prennent l’habitude d’utiliser le porte-manteau.

L’anneau facilite l’accrochage !

Si étendre du linge avec une pince vous parait trop complexe pour votre élève, vous pouvez commencer par lui enseigner le fait de mettre « à cheval » et « d’étaler » un linge sur une barre ou un bord de baignoire, comme sur la photo ci-dessous.
Cet enseignement pourra servir dans le quotidien de l’enfant ( à condition qu’on les laisse faire, évidement et qu’on ne le fasse pas à leur place!!).
L’apprenant pourra également poser son manteau ou sa veste sur le dossier d’une chaise, il pourra étendre sa serviette de bain après la douche/baignoire et pas la laisser en tas par terre ou encore, il pourra étaler un drap sur une rampe ou un fil quand il sera plus grand physiquement.

Etaler du linge :

Déposer la serviette à cheval sur le bord de la baignoire peut être une première étape pour apprendre à étaler le linge : il est à hauteur et le rebord de baignoire est bien stable. Même un enfant avec des troubles moteurs peut y parvenir en s’appuyant et en se tenant au rebord de baignoire.

Un peu plus complexe : le porte-serviettes.
Il est stable mais il demande à ce que la serviette soit glissée entre deux barres horizontales.

La gestion des pinces

La manipulation des pinces à linge est souvent travaillée par les enseignants, les ergothérapeutes, les éducs, bref, c’est un classique. Un article dédié se trouve ici.
La principale difficulté je trouve, est l’orientation de la pince où il faut discriminer le coté « ailettes » du coté « mâchoires ». En fonction des pinces à linge, cela peut être plus ou moins facile à distinguer. Au début, vous pourrez privilégier des pinces à linge avec des grosses fleurs sur la partie « ailettes » où il faut appuyer.

Pour commencer avec les pinces à linge, je commence toujours avec la pieuvre à linge, car elle a deux avantages :
–  les pinces sont déjà dessus et on dispose de ses deux mains pour manipuler et présenter correctement le linge
–  les pinces sont toutes orientées dans le même sens, la « tête » vers le bas et l’enfant n’a pas de questions à se poser sur où appuyer pour ouvrir la « mâchoire » de la pince.

Enfant qui a automatisé les gestes qui sont aujourd’hui bien fluides : il enchaine seul l’activité, sans aucune guidance ni gestuelle ni verbale, et accroche jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus ! Bravo !! <3

Au début de l’enseignement pour que ce soit moins complexe pour l’enfant et que de base ce ne soit pas aversif, chacun son rôle (on échange ensuite les rôles). Ci-dessous, ma main appuie sur la pince pour ouvrir la mâchoire et l’enfant doit glisser le linge dedans.

J’ouvre en grand le pince et l’enfant glisse dedans le linge. Mine de rien, c’est de l’attention, de la co-régulation, de la coordination œil-main !

Là, il a commencé à gérer seul les deux mains :

 

Une difficulté (inattendue pour moi) a été tout simplement … de prendre une pince vide pour accrocher le linge suivant!!!!
Un des enfants du cabinet ouvrait une pince déjà occupée pour un linge pour y mettre le second, donc le premier tombait au sol alors qu’il réaccrochait le nouveau et paf, il retombait, et ainsi de suite. J’ai attendu pour qu’il se creuse la tête dans ce défi et finalement …. tadaaaaaaaamm, il a changé de pince à linge en en prenant une à côté!. Il a refait cela plusieurs séances avec des petits bugs de moins en moins fréquents et aujourd’hui, il a tout fait sans jamais décrocher un linge déjà accroché, il guettait consciencieusement une  pince disponible pour accrocher le linge suivant ! OOuuufff ……

J’adore ce genre d’activité, simple en apparence, où il s’agit de situations chaque fois nouvelles (il accroche aléatoirement sur n’importe quelle pince) où il faut se creuser la tête, organiser ses gestes précisément, rester concentré, être un minimum précis au niveau moteur et où il faut enchainer tout seul !

Certaines sont pincées du bout des dents, mais ça passe !!

Etendre à cheval sur le tancarville

Il n’est pas évident d’étendre du linge sur un étendoir car les rayonnages obligent à une gymnastique particulière pour pouvoir mettre à cheval le linge sur le fil. Si l’élève a trop de difficultés, je vous conseille de commencer par un seul fil à linge, tendu à hauteur d’enfant : vous pouvez retendre un fil sur vos poteaux à linge extérieurs à hauteur de l’enfant ou encore par exemple accrocher une corde tendue entre deux chaises. Avec un seul fil unique ce sera plus facile dans un premier temps que sur un tancarville.

On commence donc par des petits vêtements.

 

     

Manipulations particulières : retourner le linge

Pour enseigner à l’enfant d’aller mettre la main dans la chaussette (pour apprendre à la retourner), il y a eu une période où je cachais un animal Playmobil dedans : cet élève éclatait de rire en le sortant ! 😉
Cette chaussette est à l’envers et ça se voit bien (les pois à l’envers forment des sortes de poils). L’enfant perçoit que la chaussette est à l’envers, maintenant, il faut la retourner : mette la main dedans, pincer et tirer.

Trier et associer

Mettre les chaussettes ensemble est du tri à l’identique. C’est donc une activité relativement facile car souvent très entrainée.

ATTENTION : la difficulté ne sera pas la même en fonction de comment vous présenterez l’exercice.

  1. Version « facile » :

    Vous allez placer 3 à 4 chaussettes sur la table et vous allez montrer une chaussette et l’enfant . Il devra vous donner la même., comme on le vois sur la photo ci-dessous. Vous allez petit à petit mixer un peu les chaussettes pour qu’elles soient moins « en ligne », vous les mettrez un peu plus en « tas » pour que l’enfant fouille et que ca ressemble à une situation un peu plus naturelle.

    L’élève me donne la même.

    On peut disposer les chaussettes bien en ligne une par une au début et donner une par une la seconde chaussette afin qu’il la mette dessus pour qu’il perçoive ce qu’on attend : associer deux pareilles.
  2. Version plus difficile (mais la plus utile !!) :

    Cette fois, vous allez laisser l’enfant faire les associations : c’est lui qui devra prendre une première chaussette au hasard et ensuite retrouver une autre identique. Cette version est celle qui sera utilisée dans « la vraie vie » : en situation naturelle, on doit piocher un linge et l’apparier sans que personne ne nous démarre le tri !

Là j’attends que l’enfant me donne deux identiques pour que je les attache ensemble. Je tends délibérément la main pour l’aider un peu car il ne comprenait pas trop ce qu’il devait faire. (Aujourd’hui il sait le faire)

Ensuite, on présentera les chaussettes en vrac, et le jeune devra les associer, voire les attacher ensemble si sa motricité le lui permet.

Présentation « naturelle » de chaussettes à trier !

Pliage

Cette activité requière une certaine motricité mais aussi, de la planification.

Je commence toujours le pliage par un linge carré ou rectangulaire : en général, j’utilise les lingettes de nettoyage comme sur la photo ci-dessous (Action, environ 2€) car le tissu est comme cartonné et préplié. Il aide donc à enregistrer les gestes tout en ne mettant pas trop en difficulté pour le pliage.
Quand vous allez enseigner cette tache, je vous conseille de faire TRES attention à toujours présenter le chainage dans le même sens. Par exemple : « linge étalé, puis on rabat le côté de gauche sur la droite, puis le bas sur le haut ». Peu importe votre ordre, par contre, il faudra si possible toujours prendre le même ordre afin que l’enfant s’imprègne du chainage. Bien entendu, plus tard, il pourra s’en affranchir ….

Lingette Velléda (magasin Action) légèrement « cartonnées »

Ensuite, on pourra prendre des lingettes « molles » comme on le voit ci-dessous :

Ensuite on aura plier des pantalons puis plier des t-shirts. On pourra le faire avec des gabarits (en plastique ou fabriqués avec des plaques de carton, il y a des tutos sur le net pour les construire).
On pourra également s’entrainer à plier du grand linge à deux : exercice de co-régulation super sympa à faire !

Faire une pile et ranger en pile

D’expérience, les deux sont importants. Si ils ne sont pas travaillés, l’enfant va plier le linge et il le bourrera en tas dans l’étagère ! 😉
Faire une pile n’est pas si aisé que ca :
On s’entraine déjà avec des éléments qui ne se déplient pas (ci-dessous avec des lingettes démaquillantes). Si c’est trop compliqué, on peut revenir à empiler des cubes, des dosettes de cafés, etc. Puis, on revient aux lingettes.

Faire une jolie pile de lingettes

Ensuite, il faudra apprendre à votre élève à se déplacer avec la pile, sans la détruire et poser délicatement pour ne pas que tout se casse la figure ! Au début, on fera poser sur une table, puis sur une table dans un coin, puis sur une étagère avec des cases larges puis des cases plus petites où il faudra « glisser » la pile dans un endroit plus exigu. Cette dernière étape est important car quand on range le linge, on a rarement une place illimité : on glisse une pile entre d’autres piles ou contre un montant du meuble.
Pensez bien à décomposer cette activité en petites unités comme ci-dessus sinon, votre élève et vous allez vous énerver et avoir l’impression que ca n’avance pas. Cela prend du temps mais si on fait chaque étape, on avance !

Cintre

Une première approche du cintre est de placer le jeune devant une barre de penderie dont on a ôté quelques cintres (sur lesquels il y a déjà les habits), on lui tend, il doit les prendre, faire attention à ne pas décrocher le vêtement et de le suspendre sur la barre. Cette première étape permet à l’enfant d’être en réussite et d’être vigilant dans ses gestes lors de l’accroche.

Quand il maîtrise cette étape, on peut l’entrainer à enfiler un cintre dans l’encolure d’un vêtement.
Au début de l’enseignement, on va bien étaler le vêtement sur une table et l’enfant glissera le cintre ( comme sur la photo ci-dessous) et petit à petit, on n’étalera plus les habits, l’apprenant devra retrouver l’encolure et se débrouiller.

Quelques compléments seront apportés à cet article en fonction des enfants ici au cabinet et en fonction des nécessités dans les supervisions de structures.

Un petit curriculum « spécial linge » sera surement publié ici très bientôt.

N’hésitez pas à revenir faire un tour par là 🙂

Publié dans Outils d'autonomie, Vie quotidienne

Les compétences pré-autonomiques et pré-professionnelles.

Souvent, les parents et pros cherchent des idées et des supports pédagogiques pour enseigner à leurs jeunes des compétences qui pourront leur servir plus tard…. le plus tard arrive vite !

Il n’y a qu’à voir le succès de tous les produits type Montessori, qui souvent prônent l’entrainement à des tâches de la vie réelle, qui fleurissent sur toutes les plateformes de ventes.
Cependant, le plus économique, le plus écologique (au sens de l’environnement naturel de l’enfant) ainsi que la meilleure façon de s’entrainer pour le « après » est de travailler dès à présent sur de VRAIS objets, de VRAIS lieux et de VRAIES compétences.
Petit exemple tout bête : pourquoi acheter de fausses chaussures en bois pour s’entraîner à lacer les chaussures alors que nous avons tous des chaussures en format « réel » chez nous pour pouvoir nous entraîner !

Quel que soit le niveau de l’enfant dont vous vous occupez, il y aura toujours des petites tâches qui peuvent lui être enseignées. Lorsque je parle avec les parents, je dis souvent que dans une journée, la plupart du temps, nous faisons des gestes assez faciles qui ne demandent pas des compétences motrices ou cognitives énormes. Les petits ou les jeunes avec un handicap important sont donc en capacité de les réaliser, encore faut-il leur donner l’opportunité de le faire.

Dans cet article, vous trouverez :
– des idées de protocoles d’évaluation des compétences pour la vie autonome plus tard
– des idées de cibles que l’on peut trouver dans le quotidien
– du lexique développé pour jeunes adultes, notamment susceptibles d’apparaitre en atelier autour de la cuisine, de la menuiserie, du linge, …

A noter qu’il existe une version pour les plus âgés, les explications et la suite se trouvent ici !

 

Des protocoles d’Evaluation : quelles compétences ? quand? où et pourquoi ? Comment s’organiser?

Souvent, lorsque je parle avec des intervenants en structures, je me rends compte que les pros ont peu de grilles et matériel de cotation pour travailler les compétences chez l’enfant « grandissant ».
En effet, on trouve beaucoup de supports d’évaluations ou de guides d’enseignement pour les enfants en âges scolaires cycle 1 ou 2 mais ils deviennent plus rares au fur et à mesure qu’on avance en âge.

Devant cette lacune, chaque pro se débrouille pour rédiger comme il peut ses petits objectifs, avec plus ou moins de formation et plus ou moins d’adhésion de ses propres collègues.

Il existe pourtant quelques évaluations mais qui sont peu connues (voire inconnues de la plupart des IME, autour de moi en tous cas) et souvent en anglais.
En voici 3 que je connais en Français, mais si vous connaissez d’autres outils, n’hésitez pas à me le faire savoir !

Il existe également le TTAP : anciennement appelé l’AAPEP, il est la continuité de PEP3 et évalue des compétences « supérieures » à celles dans l’EFI-ré qui lui serait pour les jeunes plus en difficulté. Je ne peux néanmoins me prononcer davantage car je n’ai pas le TTAP. Je ne manquerais pas de vous faire un retour précis si je le croise bientôt 🙂

 

             

 

—- EFI-ré – Evaluation des compétences Fonctionnelles pour l’Intervention – Willaye, Deprez & Co

En 2020, a été développé l’EFI-ré, la révision et la complétion du EFI qui datait de 2005. L’EFI-Ré est l’Évaluation des compétences Fonctionnelles pour l’Intervention –Version Révisée et Évolutive) et est réservé aux adultes avec des déficiences sévères. J’aime particulièrement cette particularité « évolutive » car les auteurs soulignent l’importance de pouvoir et devoir s’approprier cet outil d’évaluation au point de proposer de développer soi-même des items pour les personnes accueillies en fonction de leur environnement social ou géographique. Cela souligne à quel point il est essentiel de se questionner sur la pertinence d’une cible pour UN individu donné.

Il s’agit d’un outil simple, qui est plus destiné à l’intervention éducative qu’à une évaluation psychométrique en tant que telle. Il se côte comme le PEP ou le TTAP c’est-à-dire en « réussite-émergence-échec ».
Un peu comme le PEP3, il nécessite du matériel pour la passation mais il est encore plus facile à trouver car il s’agit de matériel très « quotidien »: les bacs, des bouteilles vides, de la vaisselle, des feuilles blanches, des torchons, du produit ménager, …
Il évalue 5 domaines : la communication compréhension, la communication expression, le travail de bureau, le travail ménager et les activités de loisir. La passation dure environ 1h30 à 2h00.
Les auteurs précisent que cette évaluation doit être complétée par d’autres comme la Vineland (pour les comportements adaptatifs), le ComVor, et aussi par des échelles de comportements problèmes, d’évaluation des renforçateurs, etc,…

Ce test est extrêmement rapide à faire passer et dégage peu de cibles (selon moi). Il est pratique pour dégrossir des axes et je trouve le manuel facile à comprendre, accessible aux parents novices : il est intéressant et mérite d’être lu.

 

—- AFLS- Assessment of Functional Living Skills – Evaluation des Compétences de Vie Fonctionnelles – James W. PARTINGTON et Michael M. MUELLER

Il s’agit d’un lot de 6 livrets pour « l’Evaluation de Compétences Fonctionnelles pour Vivre » : chaque livret traite d’un domaine particulier :
• Compétences de Base
• Compétences à Domicile
• Compétences de Participation à la Communauté
• Compétences Scolaires
• Compétences Professionnelles
• Compétences de Vie Indépendante

Ces protocoles, récemment traduits (il me semble vers mars 2023, merci Angélique Bruet) sont extrêmement complets. Ils représentent néanmoins un investissement important (décembre 2023 : environ 50€ le livret et 300€ pour la collection complète) mais permettent de dégager des cibles utiles, de bien décrire les objectifs et de côter les résultats !

Dans chaque livret, c’est le même principe que pour l’ABLLSR : il y a des items comme ci-dessous avec le code, le score à côter, la description de la tâche, son objectif, le jalon sous forme de question, un exemple et les critères de cotation précis. Le score est ensuite reporté dans une grande grille récapitulative où figurent tous les jalons : cela permet d’avoir une vision globale et de dégager des objectifs clairs pour les mettre en enseignement.

Exemple lavage de dents (AFLS) :la compétence s'étend de G3 à G12 car décompose la tâche en nombreuses unités telles que : tolérer qu'on lui lave les dents, ouvre / ferme le tube de dentifrice, met du dentifrice, se brosse les dents, rince sa bouche, range les éléments, rince son lavabo, utilise du bian de bouche, du fil dentaire, et fait cela au moins 2 fois par jour.
Exemple lavage de dents (AFLS) : la compétence s’étend de G3 à G12 car décompose la tâche en nombreuses unités telles que : tolérer qu’on lui lave les dents, ouvre / ferme le tube de dentifrice, met du dentifrice, se brosse les dents, rince sa bouche, range les éléments, rince son lavabo, utilise du bain de bouche, du fil dentaire, et fait cela au moins 2 fois par jour.

 

Clairement, l’achat de cet outil d’évaluation représente une somme non négligeable pour un parent, cependant, tous les IME devraient l’avoir dans leur bibliothèque pour la construction de leur projets individuels car il serait rapidement rentabilisé au regard du nombre d’enfant à évaluer chaque année.

Cela permettrait de ne pas avoir à réinventer la roue et garder ce temps précieux pour travailler ces cibles auprès des élèves.

 

—- EPO de formavision – Evaluation pour la Programmation d’Objectifs.

Formavision édite des recueils depuis quelques années intitulés « Evaluation pour la Programmation d’Objectifs », il en existe 3 :
– E.P.O adultes
– E.P.O enfants et adolescents
– E.P.O polyhandicap.

J’ai eu l’occasion de croiser « E.P.O enfants et ado » que je trouve vraiment intéressant. Je ne peux malheureusement pas vous parler des deux autres, adultes et polyhandicap, car je ne les ai pas.
Cet E.P.O enfants et adolescents est évidement moins précis (voir l’exemple ci-dessous du lavage de dents) que les 6 livrets de l’AFLS décrits ci-dessus et il est également moins complet (recouvre moins de domaines que l’AFLS).

Exemple lavage de dents (EPO enfants et ado)
Exemple lavage de dents (EPO enfants et ado) : avec 2 situations : tolère versus fait la compétence.

Cependant, je trouve que pour des familles, cet EPO permet de dégager des cibles intéressantes et de ne pas oublier de domaines. Ce recueil d’une soixantaine de pages permet de bien dégrossir les compétences « pour la vie future » et est nettement plus abordable (décembre 2023 : 65€)

 

En résumé à propos des ouvrages d’évaluation :

Je pense qu’il est essentiel pour les professionnels d’acquérir ce genre d’outils afin de ne pas réinventer la roue et de gagner du temps auprès des élèves plutôt que d’en perdre en réunionite aiguë d’objectifs.
J’ai moi-même rédigé pendant bien 3 ans un recueil « compétences pré-autonomiques et préprofessionnelles » avec tout ce qui me semble utile pour « plus tard » pour les enfants que j’accompagne et particulièrement pour mes deux jeunes qui sont devenus adolescents (bah oui, … en 10 ans…) et j’y ai passé clairement des nuits et des week-end entiers : avoir ces bases évaluatives avant m’aurait permis d’économiser pas mal de temps …

La rédaction de mon recueil m’a permis quand-même de prendre conscience de certaines choses, à ma connaissance non décrites dans les autres ouvrages, notamment:

  • l’importance de la précision de la description de la tâche, hé oui, encore et encore : « ouvrir un contenant » sera une compétence complètement différentes en fonction de si il s’agit : d’un bocal de cornichons (qu’il faudra éventuellement renverser et taper pour laisser échapper l’air), d’un sachet de dosettes de café (qu’on va couper ou arracher puis jeter), d’un sachet de gruyère (qu’on va couper méticuleusement pour ne pas détruire la glissière de fermeture car on garde le sachet tant qu’il y a du gruyère), d’un bac plastique operculé, d’une boîte de conserve, … On voit ici l’étendue de la variabilité des gestes et des techniques d’ouverture et l’importance de travailler sur des produits différents pour repérer ce qu’il faut travailler avec le jeune.
    Et cela va se retrouver dans le fait de mettre la table par exemple, ainsi que dans énormément de domaines …
  • l’importance des inter tâches et inférences cachées : qui va rejoindre la notion de chainages et des types de guidances à apporter. Souvent les compétences sont complexes dans le fait qu’elles soient composer de sous-tâches plus ou moins nécessaires pour la réussite de l’activité finale et ces sous-taches seront parfois à varier en fonction du contexte. Par exemple, il sera important lorsqu’on va en courses de fermer la porte derrière soi si et seulement si on est le dernier à sortir. Lorsqu’on enseigne cette compétence, il faut donc penser à sortir en premier ou encore à se rejoindre dehors afin de voir si le jeune maitrise ce « petit bout de chaine ». Autre exemple : à la piscine, si le jeune pense à reprendre ses affaires en quittant son vestiaire, … et ce sans guidance verbale, évidement.
  • l’importance du Stimulus Discriminatif !!! alors ça, c’est mon cheval de bataille ;-), pour qu’un jeune soit autonome, il faut que les intervenants AIENT CONSCIENCE du SD de la tâche demandée.
    Pour parler simplement, il va s’agir de bien réfléchir à ce qui déclenche le comportement donné de votre jeune car si on veut qu’il soit autonome, c’est que l’on veut que le jeune enchaine SEUL les taches.
    Exemples concrets ; votre élève sait changer une poubelle?, débarrasser un lave-vaisselle?, sait aller au toilettes? ou encore il sait enlever son manteau? oui? vous êtes sûr?
    Savoir enlever son manteau, c’est faire le geste de l’ôter et l’accrocher, oui mais également, c’est savoir quand l’enlever … seul …. c’est à dire, lorsque le jeune vient de dehors, ce doit être le fait de rentrer dans une pièce plus chaude et non le fait que quelqu’un lui dise « enlève ton manteau » ou encore, ce qui revient au même « t’as rien oublié là?! ».
    Certaines tâches peuvent avoir des SD « externalisés naturels » et non-tributaire d’accompagnants, par exemple sortir le linge du sèche-linge lorsque la sonnerie retentie. Mais d’autres tâches n’auront pas cette guidance sonore « intrinsèquement ». Il faudra alors les créer. Il faut néanmoins toujours se rappeler qu’il vaut mieux que ce soit le jeune qui percute ce qu’il a à faire en regardant l’environnement, quitte à mettre en place une guidance environnementale dans un premier temps (perso je n’aime pas trop …), plutôt que ce soit quelqu’un qui lui dise ce qu’il a à faire.
    Donc, à retenir, quand on met en place un enseignement d’autonomie, on pense à ce que ferait une personne « sans handicap » et on réfléchit à un SD possible qui sera le plus autogéré par la suite (en fonction de la personne, bien sur) donc on il faut bannir au maximum le verbal. Il faut y penser des le plus jeune âge de l’enfant, d’une manière générale, il faut SE TAIRE au risque d’avoir un jeune qui attendra systématiquement qu’on lui donne un ordre pour tout ce qu’il aura à faire dans sa vie.
    Par exemple :

      • qu’est-ce qui déclenche le comportement de vider le lave-vaisselle? –> le fait qu’il bipe (SD « facile ») ou encore le fait qu’on puisse voir que la vaisselle est propre dedans (SD plus complexe).
      • qu’est-ce qui déclenche le comportement de changer le rouleau de papier toilette? –> le fait que le rouleau soit vide ! bon, souvent, ce qui déclenche le changement c’est que le prochain utilisateur hurle « hééééééé y’a plus de papiiiiiiiiieeerrrrr » 😉
      • qu’est ce qui déclenche le comportement de sortir la poubelle? –> dans l’idéal d’une belle autonomie, ce serait le fait qu’elle soit pleine et non le fait qu’on dise : »vide la poubelle, elle est pleine ». Mais là, la difficulté est de jauger quand est-ce que la poubelle est vraiment vraiment pleine.
      • qu’est-ce qui déclenche le comportement de se laver les mains après les toilettes ? –> le fait même d’être allé aux toilettes ET NON le fait qu’un accompagnant dise : « allez lave-toi les mains maintenant ».

Bon, vous aurez compris, il est essentiel de SE TAIRE dans l’enseignement de ces compétences d’autonomie. Le SD est tellement important pour ces compétences que perso, dans mon livret « compétences pré-autonomiques et pré-professionnelles », pour chaque item, j’ai précisé le SD idéal ou le SD souhaité, lorsque le « idéal » semble compliqué à la date donnée.

Si vous vous intéressez aux évaluations et curriculum autour de l’autisme, il existe sur ce site d’autres articles sur le sujet, notamment : ABLLSr et VBmapp ou encore un article sur le PEP3. 
A noter également, l’existence de l’EFL : Essential For Living, dont j’explique le fonctionnement ici et qui est une perle !!

Des opportunités quotidiennes d’activités dans la maison

Dans la vie de tous les jours, en famille ou en institution, si on fait un peu attention il y a finalement beaucoup d’opportunités de petites taches simples qui se présentent. Il est important de les repérer pour donner à l’enfant l’opportunité de participer, de regarder autour de lui et d’être attentif aux personnes autour.

A ce sujet, je vous conseille la Formation de Caroline Peters sur le RDI (cliquez ici) je crois que maintenant elle est indissociable de ABAplay mais c’est intéressant aussi)
Dans cette formation, elle montre plein de situations concrètes où on peut percevoir l’importance des guidances à donner en fonction de ce que l’on observe de l’enfant. L’importance d’aider l’enfant à se poser des questions sur une situation précise afin qu’il puisse trouver une réponse adaptée, plutôt que de lui donner directement la réponse à produire par une injonction verbale du type  » fais ça ».
Cette formation permet de prendre conscience de l’importance d’attendre afin que l’enfant puisse prendre des indices dans son environnement, de pouvoir l’aider à traiter ces indices plutôt que de lui donner une réponse toute faite qu’il exécutera en bon soldat.

 

Voici une petite liste d’activités simples de la maison, qui demandent peu d’acquis et qui sont peu risquées (pour le matériel et pour l’élève) :

— ranger les dosettes de café dans le tube à dosettes ou la boite cylindrique réservée à cet effet.
— arracher le plastique d’emballage autour d’un pack de lait ou de bouteilles et ranger les bouteilles dans le placard.
— empiler les rouleaux de papier toilette sur une étagère pour les stocker. (spéciale dédicace à Caroline Peters dans une vidéo sur le RDI ! 😉 )
— mettre un lot de couverts sales (sans les couteaux si vous voulez) dans la partie panier du lave-vaisselle
— trier les couverts propres pour mettre dans chaque espace du trieur
— mettre un tas de linge dans un sac
— ouvrir les filets de légumes pour les mettre dans le bas du réfrigérateur
— mettre le tas de linge sale dans le tambour du lave-linge, …

D’autres tâches un peu plus complexes mais qui sont souvent faisables moyennant un léger enseignement :
— détendre du linge sec pour le placer dans une panière à linge
— mettre des habits sur un cintre (on étale les vêtements à plat sur une table pour faciliter la procédure et l’enfant glisse dans le col le cintre, puis soulève pour le mettre sur une barre)
— couper les têtes de rosiers fanées avec un sécateur
— couper grossièrement des légumes qui iront dans une soupe (donc pas d’exigence de coupe)
— plier des lingettes microfibres carrées : au début vous les présentez à l’enfant avec un quadrillage pré plié (vous aurez marqué les plis au fer préalablement ou cousu une croix qui servira de guide), …

Ainsi que des activités plus « cognitives » qui demandent quelques compétences académiques :
— faire un inventaire
— écrire/suivre une liste de mots (pour des achats ou pour le contenu d’une valise) pour en faire quelque chose ;-p

 

Je publierai dans ce chapitre des exemples de programmes d’enseignement de vie quotidienne, par exemple, « ramasser des miettes sur un plan de travail ou une table », « laver une surface plane à l’éponge », …
Pour avoir connaissance de ces rajouts dans les publications quand elles paraissent, je vous conseille de vous abonner à la page Facebook autismenjeux.

Au delà des opportunités que l’on offre, il va falloir bien observer l’élève et ajuster au mieux les guidances. Pour ces compétences « hors table », je vous conseille (comme mentionné plus haut) une formation sur le RDI (un article traite de ce sujet sur mon site ici) ET de recourir à une personne formée qui pourra vous guider précisément dans les cibles, les SD et les procédures à utiliser d’une manière générale, etc.

 

Les inventaires : organiser un dénombrement

Avec le conditionnement, c’est une activité « classique » en IMpro et pratique d’une manière générale à acquérir pour faire le point sur ce qu’on a à la maison ou ce qu’on devra racheter par exemple. Vous trouverez un article sur les inventaires, ici.