La gestion du lavage du linge avec les enfants avec handicap est un de mes dadas :-).
Pourquoi? parce que tous les élèves portent des habits, parce que tout le monde a du linge sale qui doit devenir propre, parce que le linge ne s’abime pas si il tombe ou si il est un peu malmené : bref, pas d’excuses!
Si votre enfant est suivi par un ergothérapeute, n’hésitez pas à lui demander des conseils pour votre petit élève!
Pour les jeunes qui ont du mal à adhérer aux propositions cadrées sur table : c’est aussi en général des moments plus sympas pour eux et où leur adhésion est meilleure.
Les activités ci-dessous ne sont pas rangées comme une progression, vous pouvez aller pêcher dans l’article les activités qui vous semblent pertinentes pour votre élève sans respecter un ordre précis d’enseignement.
Laver
Il va être important de travailler les notions « mouillé / sec » et « propre / sale » .
On pourra ensuite travailler : « plié / en tas » et « froissé / repassé ».
Un article dédié à cela se trouve ici.
Identifier le linge propre du linge sale
Il faut se rappeler qu’il faut travailler avec du « vrai sale » et non avec des dessins de taches type tache d’encre.
Au début on fera des taches bien visibles puis de moins en moins, on pourra ensuite frotter un oignon ou quelque chose d’odorant pour apprendre que « sale » c’est pas uniquement à la vue mais aussi l’odorat (- désolée pour les détails ;-P) et que si on a un doute, on le met au lavage quand même. On pourra l’opposer à des chiffons non odorants ou à des chiffons qu’on aura frotté sur un savon (pour apprendre que odeur savon = propre socialement).

Si cela vous semble accessible et pertinent, vous pouvez également introduire le vocabulaire générique : vaisselle VS linge.
Ces termes assez techniques me paraissaient avant un peu trop approfondis pour être enseignés mais en fait, c’est quand même un vocabulaire que l’on utilise très souvent dans le quotidien. Il peut donc être utile d’envisager « linge » et « vaisselle » comme catégories à enseigner à nos apprenants.
Etendre du linge
Remarque importante :
Lorsque je fais l’activité linge, je prends toujours du linge mouillé pour plus de cohérence : on n’étend pas du linge sec dans la « vraie vie »!! (j’utilise donc du linge qui sort de ma machine à moi ou du linge que je mouille avant et que j’essore) Cela permet également d’être au plus près d’une situation écologique car pour certains enfants, l’humidité au toucher peut être en soi un obstacle à surmonter. Pour ceux qui n’auraient pas ce problème, étendre du linge lorsqu’il est mouillé gagne de toutes façons en cohérence ….
On commence par du petit linge : chaussettes ou sous-vêtements (de l’enfant idéalement), puis on prend du linge de plus en plus grand.
Accrocher du linge sans utiliser de pince à linge :
Au cabinet, je fais toujours accrocher le manteau des enfants sur une patère. Pour certains, il est difficile de repérer par où l’accrocher donc je mets un anneau en plastique (l’enfant recherche et repère donc directement cet endroit dans le cou du vêtement). Cet anneau facilité également l’accrochage qui suspend le vêtement par l’anneau. Grace à cela, les enfants prennent l’habitude d’utiliser le porte-manteau.

Si étendre du linge avec une pince vous parait trop complexe pour votre élève, vous pouvez commencer par lui enseigner le fait de mettre « à cheval » et « d’étaler » un linge sur une barre ou un bord de baignoire, comme sur la photo ci-dessous.
Cet enseignement pourra servir dans le quotidien de l’enfant ( à condition qu’on les laisse faire, évidement et qu’on ne le fasse pas à leur place!!).
L’apprenant pourra également poser son manteau ou sa veste sur le dossier d’une chaise, il pourra étendre sa serviette de bain après la douche/baignoire et pas la laisser en tas par terre ou encore, il pourra étaler un drap sur une rampe ou un fil quand il sera plus grand physiquement.
Etaler du linge :
Déposer la serviette à cheval sur le bord de la baignoire peut être une première étape pour apprendre à étaler le linge : il est à hauteur et le rebord de baignoire est bien stable. Même un enfant avec des troubles moteurs peut y parvenir en s’appuyant et en se tenant au rebord de baignoire.
Un peu plus complexe : le porte-serviettes.
Il est stable mais il demande à ce que la serviette soit glissée entre deux barres horizontales.
La gestion des pinces
La manipulation des pinces à linge est souvent travaillée par les enseignants, les ergothérapeutes, les éducs, bref, c’est un classique. Un article dédié se trouve ici.
La principale difficulté je trouve, est l’orientation de la pince où il faut discriminer le coté « ailettes » du coté « mâchoires ». En fonction des pinces à linge, cela peut être plus ou moins facile à distinguer. Au début, vous pourrez privilégier des pinces à linge avec des grosses fleurs sur la partie « ailettes » où il faut appuyer.
Pour commencer avec les pinces à linge, je commence toujours avec la pieuvre à linge, car elle a deux avantages :
– les pinces sont déjà dessus et on dispose de ses deux mains pour manipuler et présenter correctement le linge
– les pinces sont toutes orientées dans le même sens, la « tête » vers le bas et l’enfant n’a pas de questions à se poser sur où appuyer pour ouvrir la « mâchoire » de la pince.

Au début de l’enseignement pour que ce soit moins complexe pour l’enfant et que de base ce ne soit pas aversif, chacun son rôle (on échange ensuite les rôles). Ci-dessous, ma main appuie sur la pince pour ouvrir la mâchoire et l’enfant doit glisser le linge dedans.

Là, il a commencé à gérer seul les deux mains :
Une difficulté (inattendue pour moi) a été tout simplement … de prendre une pince vide pour accrocher le linge suivant!!!!
Un des enfants du cabinet ouvrait une pince déjà occupée pour un linge pour y mettre le second, donc le premier tombait au sol alors qu’il réaccrochait le nouveau et paf, il retombait, et ainsi de suite. J’ai attendu pour qu’il se creuse la tête dans ce défi et finalement …. tadaaaaaaaamm, il a changé de pince à linge en en prenant une à côté!. Il a refait cela plusieurs séances avec des petits bugs de moins en moins fréquents et aujourd’hui, il a tout fait sans jamais décrocher un linge déjà accroché, il guettait consciencieusement une pince disponible pour accrocher le linge suivant ! OOuuufff ……
J’adore ce genre d’activité, simple en apparence, où il s’agit de situations chaque fois nouvelles (il accroche aléatoirement sur n’importe quelle pince) où il faut se creuser la tête, organiser ses gestes précisément, rester concentré, être un minimum précis au niveau moteur et où il faut enchainer tout seul !

Etendre à cheval sur le tancarville
Il n’est pas évident d’étendre du linge sur un étendoir car les rayonnages obligent à une gymnastique particulière pour pouvoir mettre à cheval le linge sur le fil. Si l’élève a trop de difficultés, je vous conseille de commencer par un seul fil à linge, tendu à hauteur d’enfant : vous pouvez retendre un fil sur vos poteaux à linge extérieurs à hauteur de l’enfant ou encore par exemple accrocher une corde tendue entre deux chaises. Avec un seul fil unique ce sera plus facile dans un premier temps que sur un tancarville.
On commence donc par des petits vêtements.
Manipulations particulières : retourner le linge


Trier et associer
Mettre les chaussettes ensemble est du tri à l’identique. C’est donc une activité relativement facile car souvent très entrainée.
ATTENTION : la difficulté ne sera pas la même en fonction de comment vous présenterez l’exercice.
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Version « facile » :
Vous allez placer 3 à 4 chaussettes sur la table et vous allez montrer une chaussette et l’enfant . Il devra vous donner la même., comme on le vois sur la photo ci-dessous. Vous allez petit à petit mixer un peu les chaussettes pour qu’elles soient moins « en ligne », vous les mettrez un peu plus en « tas » pour que l’enfant fouille et que ca ressemble à une situation un peu plus naturelle.
L’élève me donne la même. On peut disposer les chaussettes bien en ligne une par une au début et donner une par une la seconde chaussette afin qu’il la mette dessus pour qu’il perçoive ce qu’on attend : associer deux pareilles. -
Version plus difficile (mais la plus utile !!) :
Cette fois, vous allez laisser l’enfant faire les associations : c’est lui qui devra prendre une première chaussette au hasard et ensuite retrouver une autre identique. Cette version est celle qui sera utilisée dans « la vraie vie » : en situation naturelle, on doit piocher un linge et l’apparier sans que personne ne nous démarre le tri !

Ensuite, on présentera les chaussettes en vrac, et le jeune devra les associer, voire les attacher ensemble si sa motricité le lui permet.

Pliage
Cette activité requière une certaine motricité mais aussi, de la planification.
Je commence toujours le pliage par un linge carré ou rectangulaire : en général, j’utilise les lingettes de nettoyage comme sur la photo ci-dessous (Action, environ 2€) car le tissu est comme cartonné et préplié. Il aide donc à enregistrer les gestes tout en ne mettant pas trop en difficulté pour le pliage.
Quand vous allez enseigner cette tache, je vous conseille de faire TRES attention à toujours présenter le chainage dans le même sens. Par exemple : « linge étalé, puis on rabat le côté de gauche sur la droite, puis le bas sur le haut ». Peu importe votre ordre, par contre, il faudra si possible toujours prendre le même ordre afin que l’enfant s’imprègne du chainage. Bien entendu, plus tard, il pourra s’en affranchir ….

Ensuite, on pourra prendre des lingettes « molles » comme on le voit ci-dessous :
Ensuite on aura plier des pantalons puis plier des t-shirts. On pourra le faire avec des gabarits (en plastique ou fabriqués avec des plaques de carton, il y a des tutos sur le net pour les construire).
On pourra également s’entrainer à plier du grand linge à deux : exercice de co-régulation super sympa à faire !
Faire une pile et ranger en pile
D’expérience, les deux sont importants. Si ils ne sont pas travaillés, l’enfant va plier le linge et il le bourrera en tas dans l’étagère ! 😉
Faire une pile n’est pas si aisé que ca :
On s’entraine déjà avec des éléments qui ne se déplient pas (ci-dessous avec des lingettes démaquillantes). Si c’est trop compliqué, on peut revenir à empiler des cubes, des dosettes de cafés, etc. Puis, on revient aux lingettes.

Ensuite, il faudra apprendre à votre élève à se déplacer avec la pile, sans la détruire et poser délicatement pour ne pas que tout se casse la figure ! Au début, on fera poser sur une table, puis sur une table dans un coin, puis sur une étagère avec des cases larges puis des cases plus petites où il faudra « glisser » la pile dans un endroit plus exigu. Cette dernière étape est important car quand on range le linge, on a rarement une place illimité : on glisse une pile entre d’autres piles ou contre un montant du meuble.
Pensez bien à décomposer cette activité en petites unités comme ci-dessus sinon, votre élève et vous allez vous énerver et avoir l’impression que ca n’avance pas. Cela prend du temps mais si on fait chaque étape, on avance !
Cintre
Une première approche du cintre est de placer le jeune devant une barre de penderie dont on a ôté quelques cintres (sur lesquels il y a déjà les habits), on lui tend, il doit les prendre, faire attention à ne pas décrocher le vêtement et de le suspendre sur la barre. Cette première étape permet à l’enfant d’être en réussite et d’être vigilant dans ses gestes lors de l’accroche.
Quand il maîtrise cette étape, on peut l’entrainer à enfiler un cintre dans l’encolure d’un vêtement.
Au début de l’enseignement, on va bien étaler le vêtement sur une table et l’enfant glissera le cintre ( comme sur la photo ci-dessous) et petit à petit, on n’étalera plus les habits, l’apprenant devra retrouver l’encolure et se débrouiller.
Quelques compléments seront apportés à cet article en fonction des enfants ici au cabinet et en fonction des nécessités dans les supervisions de structures.
Un petit curriculum « spécial linge » sera surement publié ici très bientôt.
N’hésitez pas à revenir faire un tour par là 🙂