Publié dans Boîte d'enchainements, Outils d'autonomie

Idées pour boîtes à activités de chez ACTION

On ne le dit jamais assez : il est important, dès que votre petit élève sait faire quelque chose, qu’il le FASSE SEUL.
Le fameux  « ahhhhhh si si il sait faire ça » mais quand on teste vraiment, sans aucun indice, l’enfant ne démarre pas ou ne fait pas l’activité.

Souvent, les enfants avec handicap ne parviennent pas à s’occuper seuls : ils déambulent, stéréotypent ou manipulent 2 secondes un objet ……….  mais ne jouent pas à proprement parler.

La compétence de jouer, comme les autres compétences, va devoir s’apprendre.
En attendant que cela soit travaillé et acquis (on ne va pas se mentir, souvent c’est très très long) on peut proposer à l’enfant des activités à faire en autonomie et autogestion. Cela permet de l’occuper « intelligemment » en entrainant sa motricité, son sens de la déduction, sa capacité à enchainer les tâches simples, …

Attention, des photos de boîtes seront ajoutées fréquemment, pensez à repasser par ici régulièrement !
(dernier ajout 22/04 /25)

   

D’un point de vue matériel

Personnellement, j’utilise les boîtes de rangement de chez action, il s’agit de la collection IRIS, contiennent 5 litres et mesurent 34 x 20,6 x 11 cm. Je trouve ce format très pratique pour mettre les activités : elles ne prennent pas trop de place et en même temps leur forme en longueur permet d’y placer des activités de grandes tailles. Le fait d’acheter une série de boîtes strictement identiques permet de les stocker plus facilement et plus élégamment (sachant que c’est quand-même un atout esthétique discutable … 😉 ). L’objectif étant d’enchainer plusieurs boites, le fait qu’elles puissent s’encastrer les unes dans les autres va permettre de faire des piles hautes qui ne tomberont pas.
Tout dépend de l’enfant mais je vous conseille d’acheter entre 5 et 10 boites.

 

Il s’agit ici de tâches très simples à réaliser : ces boîtes pourront évidemment petit à petit être remplacées par des tiroirs hauts voire plus tard par des pochettes à compartiments avec des exercices-papiers, comme pour nous lorsqu’on a des documents à traiter.

L’objectif : qu’il enchaine les boites et qu’il travaille tout seul alors que vous vous faites autre chose, dans la même pièce voire dans une autre pièce !

D’un point de vue pédagogique

REGLES d’or :

  • On fait TOUJOURS dans le même sens : l’élève prend les boites une par une à gauche, réalise la tâche au centre de la table et pose à droite en empilant sur le couvercle de la précédente.
  • on ne met dans les boites que du SUPER ACQUIS !! forcément si l’enfant ne sait pas faire il va vous attendre … logique ! Vous hésitez entre deux activités : choisissez la plus facile !
  • une SEULE activité par boite
  • on sélectionne des activités avec un produit permanent : une tâche dont on pourra voir le résultat, avec un changement d’état en final qui nous permette de voir si la tâche a été réalisée ou non
  • on VARIE le plus souvent possible le contenu des boites : même si vous pensez que « c’est pareil », variez variez variez !! Deux trousses qui vous semblent identiques ne le sont pas : parfois le zip est plus ou moins facile à tirer, la « zipette » est plus ou moins facile à tenir, etc … En variant, vous éviter à l’apprenant de se lasser et vous lui offrez la possibilité de généraliser l’enseignement.
  • on repère les boites que l’enfant aime pour pouvoir composer d’autres activités funs pour lui et les mixer avec des boîtes moins attractives pour lui
  • favoriser des contenus « fonctionnels » ou fun pour l’enfant en question
  • la consigne doit s’imposer visuellement (sinon il va attendre ou vous demander ce qu’il doit faire et ce n’est pas le but)
  • ZERO VERBALISATION pendant que l’enfant fait ses boites à part pour lancer l’activité, une consigne du type : « fais ça ». N’oubliez pas le but est de vous estomper le plus rapidement possible et qu’il soit seul !! Je vous conseille de filmer l’enfant qui réalise son enchainement des X boites afin de pouvoir apprécier à quel point il a réalisé tout ça SEUL !! Filmer permet de voir quelques guidances dont on n’aurait pas eu conscience pendant la séquence.

Personnellement, je n’aime pas les séquentiels avec les numéros de boites car je trouve que ça rend plus difficile la tâche : l’enfant a une pile, il prend une par une les boites en les traitant au fur et à mesure et quand il a fini il peut s’en aller faire sa pause. Si cela vous semble nécessaire, vous pouvez faire une photo de l’état final attendu de l’activité et la coller dans la boite (il est important de la coller car sinon l’enfant va tenter de faire quelque chose avec) . Pour ma part, je ne le fais pas car en général les enfants savent/ trouvent quoi faire et j’aime que le SD soit « naturel ».

 

Commencer l’enseignement

Comme pour tout, cela a besoin d’être enseigné sans sauter les étapes et sans aller trop vite sous peine d’avoir un résultat bancal et de devoir aider l’enfant dans les étapes. Or, si on l’aide, cela n’a plus de sens !

On va commencer à présenter à l’enfant une seule boite, fermée, avec l’activité acquise qui se trouve dedans. La boite sera sur la gauche de l’enfant et on peut placer dès le départ en prévision de la suite un couvercle de boite afin de matérialiser où l’enfant devra poser sa boite une fois le travail réalisé.

On va alors guider le fait de prendre la boite, l’ouvrir, sortir les éléments pour réaliser l’activité. L’élève réalise ensuite l’activité et on l’aidera pour replacer l’activité dans la boite sans redéfaire ce qu’il vient de produire. Notre aide devra se cantonner à la gestion de l’organisation et aux petites manipulation autour la boite (les verbes en orange) et non sur l’activité.

Dès que 2 boites seront acquises séparément, on pourra poser à gauche de l’enfant deux boites l’une sur l’autre et lui faire poser.

Exemples et idées :

Ici, je vais tenter de mettre des idées SIMPLES et FACILES à réaliser avec des objets du quotidien ou des jeux pas chers. L’objectif est de faire des boites destinées à des enfants petits ou en grande difficulté car c’est souvent pour eux que les idées manquent. Evidemment si vous avez d’autres idées, je suis preneuse et les ajouterai dans cet article !! 😉

ATTENTION : l’objectif n’est pas d’acheter des éléments pour faire exactement les mêmes boites que moi !! Le but ici est bel et bien de trouver des choses dans votre environnement à vous, qui soient accessibles et si possible gratuites, afin de varier et de mettre dans vos boites des objets « de la vraie vie ». Faites le tour de votre maison ou de la structure dans laquelle vous travaillez et attrapez des choses pour constituer des supers boites qui changent de celles de la veille !  🙂

–> Des pinces et des éléments à pincer.

Ici, un pull rouge et une très grosse pince (très souple) rouge. Ici, le sens de la pince est facile à repérer car c’est souvent ce « détail » qui pêche …
Variantes et évolutions: réduction de la taille des pinces et correspondances couleurs entre les pinces et les éléments, …

Une variante plus complexe: pincer sur le tissu de la couleur de la pince.

Niveau difficile des pinces : elles sont toutes petites et l’élève doit les placer sur les pastilles de couleur :

–> Des éléments à ranger dans une trousse ou pochette zippée. 

Ici, un lot de petits singes à mettre dans la pochette et refermer la pochette avec le zip.
Variantes et évolutions: feutres avec une trousse, crayons, cartes à jouer, …

Variante avec une pochette non-zippée mais à coulisse. Contrairement à la trousse rigide ci-dessus, il faudra maintenir la gueule du sac ouverte pour ranger les disques verts!

Lot de lingettes démaquillantes de chez Action avec son sac vendu avec.
Une sacoche et des cartes de jeux : il faudra les ranger et fermer le zip.
Une boite métallique de jeu et des cartes : il faudra les ranger et fermer la boite.
Mettre les jetons dans les cases (un par case).
Ranger des dosettes de café dans un « tube à dosettes ».

–> Des « tirelires ».

Ici, il s’agit d’une bouteille de crème fraiche (vidée 😉 ) avec une fente et l’enfant doit insérer les jetons dedans.

Variantes et évolutions : des bâtonnets genre bâton de glace où l’enfant sera obligé d’orienter, des cure-dents dans un mini trous, des jetons plats, …

Tirelire avec tout petits bâtonnets.

–> Des puzzles à encastrements

Ici, délibérément faciles.
Variantes et évolutions : des puzzles en carton et avec de plus en plus de pièces.

Ci-dessous, un puzzle à deux pièces en carton qui tient dans la boite même lorsque les pièces sont assemblées :

–> Des picots à insérer dans la grille.

On en trouve facilement : une grille et quelques picots selon le niveau de l’élève.
Variantes et évolutions : des puzzles en carton et avec de plus en plus de pièces.

Une variante avec ce même matériel : l’apprenant doit ranger les picots dans la boite grillagée.

–> Des perles à enfiler. 

Ici, un lot de un fil chenille (donc épais et rigide car il contient un fil de fer) et des perles avec de gros trous!
Variantes et évolutions : fils plus fins et/ou souples et perles plus petites, …

–> Challenges de motricité. 

Ici, on met des élastiques autour de la balle à picots : l’enfant doit les enlever. On peut également mettre une petite boite pour les mettre dedans après :

Monsieur Jaune : une balle de tennis fendue (plus la fente est longue, moins il faut de force pour appuyer sur les côtés pour ouvrir la bouche) et des jetons plats.

Variantes et évolutions : fente plus courte et plus de jetons.

Le fouet et des pompons : l’objectif est de « délivrer » les pompons coincés dans le fouet et de les mettre dans la petite boite en plastique.
Cela travaille la différenciation des doigts, le bimanuel et la planification.

 

–> Des feutres ouverts qu’il faudra refermer.

Ici, un lot de trois corps de feutre et trois bouchons.
Variantes et évolutions : un tube de dentifrice vide, un pot de confiture et autres pots variés où l’enfant retrouvera le bon bouchon et le placera sur le bon récipient.

–> Des éléments à ranger dans des boites.

Ici, un lot de feutres et une boite transparente.
Variantes et évolutions : différents éléments à placer dans des boites dont les systèmes de fermeture seront plus complexes (par exemple avec des ailettes à rabattre).

–> Des éléments à visser

Ici, il s’agit de fermer deux pots de confiture dont les tailles sont très différentes. Le geste est complètement différent de fermer une boite car il faut faire pivoter son poignet pour visser les couvercles.

Variantes et évolutions : différents pots avec des tailles plus proches, des vis avec des écrous pour enfants, …

Vissanimo de chez Djeco : petits filetages, pour que ce soit plus facile, j’ai ôté une partie du jouet (les ventres).

–> Des feuilles avec des tampons / feutres et des zones

Ici, un tampons auto-encrés et une feuille (à imprimer de ce site).
Variantes et évolutions : différents exercices où on peut coller des gommettes ou tamponner ou colorier des éléments dans des zones.

Mettre un tampon dans chaque cercle.
Petit coloriage : attention, ce doit être acquis. A réserver aux enfants très à l’aise avec le coloriage.

Vous trouverez de nombreux petits exercices « teacchables » sur ce site, à choisir selon le niveau et les envies de l’enfant.

–> Jeu type Colorino avec des jetons à placer.

Ici, tous de la même couleur car il n’est pas question de reproduire une image particulière. Il faut « juste » les encastrer sur les tétons.

Variantes et évolutions : Colorino avec modèles précis à reproduire avec différentes couleurs (il y en a sur le site)

Variantes et évolutions : avec des Duplos à assembler pour former une tour.

On peut évidement par la suite mettre un modèle en image à reproduire, comme ci-dessous :

La carte est scotchée verticalement dans la boîte afin d’apparaître clairement.

–> Challenge « vie quot’ « : avec des tâches de la maisonnée.

Ici, chaussettes de bébé à associer par paires et à retrousser pour les maintenir ensemble.
Je rappelle que dans ces boîtes, l’enfant doit MAITRISER cette activité, ici on n’apprend pas, on enchaine des tâches acquises.

Variantes et évolutions : On peut aussi ajouter 4 pinces à linge et l’enfant devra les coupler deux par deux avec une pince.

     

Variantes et évolutions : On peut, selon l’âge de l’enfant évidement, lui faire habiller des poupons :

Là faut lui remettre son pantalon !

Variantes et évolutions : le tapis à boutonner, l’enfant doit enfiler la boutonnière de la fleur sur le bouton de la pelouse (support à fabriquer) :

Variantes et évolutions : des sachets ouverts avec des pinces à placer sur les ouvertures pour fermer les sachets.

Variantes et évolutions : Plier du linge carré, ici des lingettes en vrac : l’objectif est évidemment de tout plier (enseignement déjà fait, l’enfant SAIT DEJA plier !!)

–> Tris selon des critères (couleurs, tailles, formes, quantités, etc.).

Ici, j’ai mis des petits pots refermables (faciles à ouvrir et à fermer) et l’enfant devra trier par couleurs puis fermer les pots.

Ici, seulement 2 pots avec 2 couleurs différentes.
Trois pots (étiquetés avec une couleur mais ils pourraient ne pas l’être!!) avec des pompons de trois couleurs différentes. L’enfant va inférer qu’il doit trier et fermer les couvercles avant de tout remettre dans la grande boite.

Variantes et évolutions : des abaques de chez Nathan. L’élève est habitué à ce type de tri sur des piquets et donc, c’est un acquis pour lui : il peut faire seul et sans erreur.

L’enfant sait faire ça, il trie donc facilement. Mais attention, ce ne serait pas le cas d’autres enfants…. c’est à choisir avec attention pour chacun d’eux !

–> Jeux premiers âges classiques

Ici, j’ai pris un jeu de gobelets à encastrer ; on peut en mettre moins en choisissant un gobelet sur deux par exemple pour que les différences soient plus flagrantes et que l’activité soit plus rapide à exécuter.

Il faut mettre les gobelets les uns dans les autres.
Il faut mettre ensemble les deux parties pour reconstituer les aliments.
Ici, il faut refermer les œufs.
Oréo : il faut associer les deux parties.
Ici, placer les œufs dans les emplacements creux.
Ici, jouet avion à assembler.
Ici, jeu de motricité : il faut déplacer des petites boules dans la grosse boule transparente.

–> Petits éléments à conditionner

Ici il s’agit d’un emballage de jetons avec les jetons à replacer et le carton à coulisser pour refermer le paquet à la fin.

Et voilà : l’élève a réalisé tout avec succès !! 😉

Autre exemple ; mettre des élastiques autour d’une cartonnette :

Ranger des trombones sur un papier cartonné ;

Ici trois trombones à placer. Par la suite, on peut complexifier en mettant plusieurs papiers à assembler, ajuster puis à mettre ensemble avec un trombone.

Variantes et évolutions : pour préparer à des exercices de conditionnements, on pourra aussi mettre des petits emballages (sachets / boites transparentes /…) avec une quantité stipulée dessus. Le jeune devra faire des lots de 10 (ou 20 ou 50 exemplaires) en les plaçant dans les emballages prévus.

Des boîtes avec une quantité : l’enfant doit mettre la quantité demandée dans les boites.

–> Activités avec scratchs

Vous pouvez également mettre des petites activités « scratch » aussi pour changer un peu. Cependant, ATTENTION de ne pas tomber dans le « tout scratch » : profitez du fait d’avoir des boites pour mettre des choses à manipuler car les enfants aiment et cela permet de continuer à entrainer la motricité fine !!!

Fiches avec des petites quantités de 1 à 3 inclus.

Conclusion

L’important sera de mettre de l’acquis et de changer continuellement le contenu pour que l’enfant « découvre » et continue à être motivé pour ces tâches. Idéalement, il faudrait que l’enfant ne fasse jamais deux fois la même boite. Lorsque cela est possible, essayer de prendre les mêmes éléments mais de créer des challenges différents. Par exemple : les perles qui servent à faire un collier vont servir la prochaine fois à faire uniquement du tri de couleurs puis serviront à être comptées pour être mises par lot de 5 dans des petits pots individuels.

Respectez le sens : l’élève prend les boites une par une à gauche, réalise la tâche au centre de la table et pose à droite en empilant sur la précédente.

Quand l’enfant maitrise bien, qu’il peut se permettre de moins manipuler, on peut passer à des exercices plus en 2D, comme des classeurs d’autonomie (voir cet article là) puis des exercices-papier de boite à enchainements (voir là) pour enfin n’avoir plus qu’une pile de papiers, comme sur nos bureaux à nous. :-p

(Merci Maitresse Aline d’avoir corrigé mes fautes )

Publié dans Maths

Dénombrement de 1 à 3

Après des années auprès d’enfants avec des handicaps importants, j’ai développé une petite progression pour le dénombrement « spéciale » handicap.

Malheureusement, le VB mapp ou l’ABLLS ne vous seront d’aucun recours car je les trouve « légers » sur la partie « maths » l’un comme l’autre. Disons qu’ils peuvent permettre de faire une évaluation mais ne vous aideront pas à enseigner si l’enfant n’a pas la compétence.

Les enfants qui ne dénombrent pas du tout (donc qui n’ont pas le 1 à 3) doivent bénéficier d’un traitement spécifique. Souvent, les tentatives vaines d’explications et de propositions de tâches beaucoup trop complexes pour l’élève l’ont plus embrouillées que aidé.
Les « mauvaises » idées du quotidien, comme faire compter 1, 2, 3, 4, … quand on monte les marches d’escalier, par exemple, vont participer à la confusions ordinal et cardinal … c’est la confusion entre le comptage et le dénombrement, on en parlera après.

Souvent, avant même le dénombrement, je commence par faire discriminer à l’enfant « beaucoup / peu » avec des caisses d’objets (voir ici). Ce peut donc être un article intéressant à consulter avant de poursuivre celui-ci.
Un autre article sur le tout début du dénombrement se trouve ici sur le site. Vous y trouverez d’autres idées d’activités.

Cependant, pour certains enfants, même avec une progression douce, le dénombrement reste difficile.

Je vous propose donc de revenir ici sur l’introduction de la quantité et du petit dénombrement, en présentant les activités de manière différente et via des opérants différents.

RAPPEL : PAS d’écriture chiffrée avant que l’enfant ne puisse manipuler les quantités de 1 à 3 minimum! Certains chercheurs précisent même qu’il est préférable d’éviter de nommer les chiffres avant que la manipulation de quantité de 1 à 3 ne soit parfaitement fluide. Je partage clairement leur point de vue : vous verrez que dans cet article, nommer ou écrire les quantités se fait à la fin de toutes les activités, et pas avant.

Privilégiez des mises en situations épurées et isolées et PAS d’exercices-papier au début de l’enseignement!

Important : comprendre le dénombrement

Pour aider les enfants qui sont en difficulté dans ce domaine, il va être important de prendre en compte les éléments suivants.
Pour parvenir à dénombrer, il faut que l’enfant puisse mettre en œuvre plusieurs compétences simultanément. Pour les enfants avec autisme, les difficultés peuvent être multiples mais d’expérience, ce qui pose le plus problème est l’adéquation unique (souvent à cause des techniques d’enseignement antérieures « mal débutées ») et le principe d’abstraction (lié à la pensée autistique de la catégorie unique).

Les 5 principes du dénombrement (Gelman) :
1- Le principe de l’ordre stable : connaître la comptine numérique, en général, ça c’est ok.
2- Le principe de la correspondance terme à terme ( = adéquation unique) on associe un mot-nombre et on n’en associe qu’un seul. Là, en général, ça commence à pêcher. Les enfants décalent souvent lorsqu’ils récitent la comptine et qu’ils déplacent les éléments à compter. Il faut être vigilant dès le tout début de l’apprentissage du dénombrement à cette correspondance terme à terme.
Il est EXTREMEMENT important que la comptine soit plaquée sur le lot au moment où l’élément rejoint le groupe et non au moment où l’enfant prend l’élément.
C’est à dire, qu’il est crucial de présenter l’exercice de façon à ce que l’enfant n’étiquette pas le mot-nombre à un seul élément mais à l’ensemble des éléments (comptage VS le dénombrement).
3- Le principe cardinal : le dernier mot-nombre énoncé correspond à « combien il y en a en tout? ». En général, quand c’est répété, les enfants sont à l’aise. Mais là encore, ce qui va importer est le fait que l’enfant comprenne que ce dernier mot-nombre est le nom de l’ensemble de tous les éléments et ne désigne pas uniquement le dernier placé.
4- Le principe de la non-pertinence de l’ordre : peu importe dans quel ordre on compte les éléments, on obtient le même résultat. Si les intervenants prennent soin de varier la façon de dénombrer, c’est en général ok.
5 – Le principe d’abstraction : peu importe ce que l’on compte, les caractéristiques des objets ne doivent pas impacter. Idem, si les intervenants varient leurs propositions, pas de souci en général.

Mais le plus gros écueil, selon moi, reste le problème du type d’activités choisies et de leurs présentations qui souvent, favorisent la confusion entre le comptage et le dénombrement !

Le comptage-numérotage VS le comptage-dénombrement:

Dans la vie quotidienne,  les enfants sont confrontés tôt aux « mots-nombres » et l’entourage soutient maladroitement cet enseignement. Le souci est que cette exposition favorise la compréhension du nombre comme l’étiquetage et non comme quantité.
Je m’explique : la chaîne 3 sur la télé (c’est une seule chaine malgré le fait que ce soit la chaîne « trois »), le comptage quand on monte les marche de l’escalier c’est la marche numéro 5 qui est sous le pied de l’enfant et non un ensemble de 5 marches, le numéro 11 sur la maison c’est une seule maison et pas cette maison + les 10 autres d’à côté, etc.
Les « mots-nombres » de l’environnement naturel de l’enfant sont souvent associés à des numéros et non à des quantités.

La notion la plus importante va donc être de garder en tête le fait qu’il faille que le jeune comprenne que le mot-nombre correspond à plusieurs éléments (et non au « petit-nom » du « petit dernier »).

Pour les deux questions, la réponse est B.
Voici les explications :

Dénombrer en pointant les éléments force l’étiquetage-numérotage, donc, c’est clairement à EVITER.
Dénombrer en rassemblant permet d’envisager le mot-nombre comme un TOUT. C’est l’ensemble qui fait 4 jetons et c’est donc une configuration à privilégier.

Pour le dénombrement sur les doigts, personnellement, je ne le fais jamais avec les enfants au cabinet.
Déjà, comme dans le cas expliqué au-dessus, on a ce même problème de désignation de un seul et non de l’ensemble.

Ici, l’enfant est censé dire « 4 » mais en réalité, c’est « 1 doigt », même si c’est le 4ème.

Un second problème avec l’utilisation des doigts pour compter pour les enfants TND, c’est que les doigts même rabattus vers la paume sont « encore là ». Quand on montre 3 sur les doigts par exemple, on a quand même les 7 autres qui sont là même si ils sont repliés. Cette subtilité est quand même pas évidente pour des enfants « rigides ». C’est clairement source de problème pour un enfant avec autisme.

En conclusion, il va être très important d’être vigilant quant à ce qu’on propose comme activité et comment on l’organise. Des détails qui semblent anodins peuvent complètement embrouiller ces élèves en apprentissage.
Ces jeunes ont souvent eu un historique d’enseignement des mathématiques compliqué pendant leur scolarité ce qui fait que le dénombrement est souvent pairé négativement. Cela aussi est à prendre en compte et il est important de prendre son temps, de varier les supports, de renforcer correctement, sous peine de voir des troubles du comportement apparaitre.
Un enseignement de « comptage-numérotage » fera illusoirement croire que l’enfant a compris mais il n’en sera rien : l’enfant devra comprendre la signification cardinale des mots-nombres, sans quoi la décomposition des nombres et le calcul seront impossibles.

On commence en reproduisant avec la même forme de réponse.

Avec objets tous identiques

Pour cela, je commence toujours par la notion de « le même ». Je vous conseille de conditionner un espace de travail au départ avec deux boites (ou deux plateaux identiques) afin qu’il n’y ait pas d’ambiguïté quant à la forme : l’enfant saura qu’il faut regarder « ici » et qu’il doit mettre les éléments « là » et donc, il pourra se concentrer sur le fond du « problème ».

On part de « le même » sans que ce ne soit des maths, par exemple, l’enfant doit placer la même image dans son espace que dans l’espace modèle.

On met une carte (par exemple maison), on laisse l’enfant choisir entre 3 images pour mettre la même. C’est juste pour comprendre le principe de où placer l’item.
On continue avec deux items à placer. Attention, il s’agit de deux éléments différents, ce n’est pas « 2 », mais c’est « un » (champignon) et encore « un » (tortue) et non pas le même exemplaire en double.

Il faut vraiment que l’enfant ait compris où regarder et où poser avant de continuer avec de la quantité. Si ce n’est pas le cas, il faut continuer cette étape.

Ensuite, on va poursuivre en introduisant tout doucement le fait de mettre deux fois le même.

Au niveau matériel , je vous conseille de prendre des objets ronds afin que l’enfant ne soit pas déconcentré à vouloir orienter les objets d’une certaines façons (je pense notamment aux pingouins de la banquise de Learning Resources où les enfants sont concentrés sur l’orientation des pingouins et perdent l’objectif de quantité)

On va mettre par exemple : un seul bouton : « bouton », et après, avec trois boutons :  « bouton » « bouton « et « bouton ». Idem avec des marrons ou d’autres choses strictement identiques.
L’élève va se baser sur le visuel, c’est ce qu’on lui demande, il va le reproduire comme quand il avait une tortue et une maison dans l’exemple ci-dessus.

Pour renforcer les quantités 1, 2 et 3, j’aime bien demander à l’élève de mettre la même quantité plein de fois, par exemple, dans un moule à muffins.
Essayez de prendre un support où il est « habituel » de mettre la même quantité dans chaque (moules à muffins, petits pots identiques, …) et ne pas utiliser la BàC (Boîte à Compter) où a priori on mettra par la suite des quantités différentes dans chaque case. Cela risque d’embrouiller l’enfant par la suite. Pour l’instant, on essaie de réduire l’ambiguïté sur le support au maximum !

Ici, du tri de constellations organisées.

Cela reste du tri « visuel ».

Version « simple » : tout est de la même couleur.
Version « complexe » : il faut que l’élève inhibe la couleur pour trier uniquement par rapport aux points.

 

On va mettre une quantité donnée dans toutes les cases, par exemple « deux marrons » et l’enfant devra mettre, sans consigne de quantité, la « même chose » donc deux marrons dans la dernière case. Ensuite, on laisse les deux dernières cases vides et l’enfant fera pareil et ainsi de suite.

Ici, il est possible de faire en chainage arrière, on met devant l’enfant une quantité identique et on le laisse mettre dans le dernier emplacement. Puis, on le laisse mettre les deux derniers, etc.
Là, l’élève met les 5 lots (de 1 bouchon) tout seul !
Exercice très proche du précèdent : mettre « 1 » dans chaque emplacement.

 

Ensuite, on va pouvoir prendre des items différents. Ci-dessous, des animaux différents.

Ci-dessous, on a des items et l’enfant doit mettre la même chose dans « sa » caisse (la rouge) : les éléments doivent être strictement identiques.

« éléphant » –> l’élève met un éléphant.

L’élève va mettre « la même chose » que sur le modèle (par exemple : A et B, et aussi : A, B, et C )

Tigre et nounours –> il met « tigre + nounours ».

et petit à petit, on va faire des doublons (par exemple : « A et encore A ») , puis des doublons sur certains mais pas tous (par exemple : « B et B et C », ou encore : « A et B et B ».

Par exemple, ici, on a : « nounours » et « nounours »  (= 2 nounours) ou « tigre » et « tigre » :

    

Ci-dessous, on a un exemple où l’enfant doit placer la même quantité, mais avec un léger changement : le modèle n’est plus « en vrai » mais c’est une photo :

Deux pingouins sur l’image, l’élève doit mettre « pingouin + pingouin »
Ici, on associe une collection dessinée : le jeune doit mettre la même chose. Et ce, 5 fois d’affilée.

Quand vous voyez que l’élève est bien à l’aise avec cette reproduction en terme à terme, on va pouvoir poursuivre.

L’idée est que petit à petit, l’enfant va associer que « un pingouin » c’est quand il y en a un et « deux pingouins » c’est quand il y a « pingouin pingouin » puis « trois pingouins » c’est quand il y a « pingouin pingouin pingouin », …
A ce stade, normalement, vous n’avez pas forcément encore utilisé de « mot-nombre ».

Des exercices comme ceux-là, il va falloir en faire beaucoup. Dans les exercices ci-dessus, on a épuré au maximum en prenant des items non orientables, puis orientables mais identiques et petit à petit, l’enfant devra être en capacité de mettre playmobils (=1), puis playmobils + playmobils (=2), puis playmobils +playmobils +playmobils (=3) dans des cases même si ils ne sont pas strictement identiques entre eux.

Par exemple, ci-dessous, mettre toujours la même quantité dans plein de cases identiques, comme dans des moules à muffins par exemple :

On pourra également le présenter différemment : associer des collections déjà formées.

On montre une boite avec 3 marrons et l’enfant doit donner la boîte où il y a 3 marrons.
Si vous craignez que l’élève tripote les marrons dans les boites, vous pouvez également travailler avec des boites transparentes fermées (mais on voit quand même moins bien …)

Ensuite, on se familiarise avec les écritures chiffrées.

Parce qu’en tant que lecteur on ne se rend pas forcément compte de la difficulté de discriminer les écritures des chiffres.
Avant même de savoir que ce dessin : »2″ se prononce « deux » et représente « quantité 2 », on va s’assurer que l’enfant discrimine bien les écritures chiffrées (= écriture en chiffres arabes)

On va donc tout simplement faire du tri d’étiquettes avec des écritures de chiffres comme sur la photo ci-dessous. Dès le départ, je lui fais trier des écritures qui ont des polices différentes afin de l’habituer aux variations et ainsi que l’enfant retire la forme principale du tracé et non un détail qui serait insignifiant (par exemple un sérif)

Souvent, les enfants savent déjà lire ces chiffres, même si ils n’ont aucune idée de ce qu’ils signifient. Si ils ne se trompent pas dans ce tri visuel, on pourra faire correspondre du verbal en disant « deux » quand l’enfant pose le 2, etc.
Pour un travail intensif sur les écritures chiffrées, avec des chiffres rugueux, des sens de tracés, c’est par

Ce tri, comme les précédents, est un tri d’items qui ont la même forme. On ne mixe pas (encore) les écritures chiffrées avec les quantités. Cela viendra après, quand on se sera assuré que tout ce qui est ci-dessus est OK.

L’enfant trie les étiquettes en écritures chiffrées.

Voici des photos d’activités en vrac :

Il existe des dés qui vont de 1 à 3. Je les utilise souvent car en général, ils plaisent aux enfants.
Associer une écriture chiffrée à une quantité.
Associer une écriture chiffrée à une quantité.
Ici, je demande à l’enfant « donne-moi tous les deux ». Il faut qu’il associe la forme sonore à la constellation. Comme il me donne la carte à chaque fois, il ne les voit plus et donc, chaque nouvel essai est un essai « pur ».
Mon élève a trié les étiquettes d’écritures chiffrées. Il doit maintenant les scratcher sur les fiches avec les collections à dénombrer. Il prend dans le tas de gauche, colle et met à droite quand il a fini, il repioche, etc.

On continue en associant avec différentes formes de réponse.

Pour avoir un comptage – dénombrement fonctionnel, il va falloir que l’enfant sache à terme : dire la quantité, lire le chiffre, reconnaitre le chiffre, reconnaitre la quantité, recopier le chiffre, écrire le chiffre quand il voit la quantité, écrire le chiffre quand il l’entend, … bref, qu’il sache verbaliser/produire les quantités dans tous les sens.

Si l’élève a bien compris la notion de quantité, ces différentes modalités seront faciles à acquérir.

Ci-dessous, je vous mets des images qui vont permettre en un coup d’œil de percevoir les modalités possibles.
C’est ce que les initiés appelleront : en tact, en RA, en transcriptif, en textuel, en copy to copy, … avec un input verbal, un output écrit, …

D’autres supports pédagogiques et d’autres matériels:

Pour le dénombrement, il faudra varier au maximum les supports afin que l’élève se détache des objets et s’intéresse à la quantité en tant que telle.

De nombreux autres articles sur ce site traitent des petites quantités :

  • les marrons à ramasser en automne, c’est ici 
  • les Connectors de chez Action dont l’article est ici
  • les pingouins de chez Learning Resources est ici.

Utiliser du matériel différent va être essentiel pour le principe d’abstraction : on peut tout compter !

A propos du matériel Montessori

ATTENTION : il ne faut pas travailler les petites quantités avec le matériel Montessori « barrettes colorées » !
Dans le matériel Montessori vous avez « La Banque » avec toutes les perles de la même couleur – en général jaune – et vous avez les fameuses « barrettes » de couleurs où chaque quantité correspond à une couleur bien précise.

Couleurs des perles des barrettes Montessori de 1 à 10

La quantité dans les barrettes est donc codée et travailler avec les barrettes colorées revient à faire apprendre à l’enfant que 3 c’est rose, 1 c’est rouge, 2 c’est vert, ce qui n’a aucun sens.
Ce matériel sera néanmoins extrêmement pratique et utile pour manipuler les quantités et commencer les calculs (additions, multiplications notamment …)

On utilisera donc des perles unicolores esseulées (de la Banque par exemple) ou des barrettes qui seraient toutes de la même couleur mais en tous cas, pas celles codées.

Perles (unicolores) de la Banque Montessori
Barrettes Montessori non adaptées lors de l’enseignement du petit dénombrement. 

Le passage aux exercices sur papier :

Lorsque tout cela est fluide en manipulation, on peut commencer à introduire des exercices sur feuille + éléments à manipuler avant d’arriver à des exercices uniquement « papier ».

Collections avec nombres à scratcher :

On va donc petit à petit associer une écriture chiffrée à une collection, comme ci-dessous :

Maintenant, l’élève doit attribuer la bonne étiquette à une collection donnée.

Idem, mais avec des collections de 4 à 8 items, thème de la mer (édit du 19-01-25) :
Vous pouvez l’imprimer en recto-verso : il y a les réponses derrière au dos des cartes.

Autre format d’exercice :

L’élève doit placer des jetons dans les cases. Celles-ci sont délibérément de forme allongées afin que l’enfant ne soit pas tenter de placer les jetons en constellations de dé.

Associer une quantité (de jetons aimantés) à une écriture chiffrée

Puis des exercices uniquement sur papier, comme ci-après où il faut relier des écritures chiffrées à des collections désorganisées :
(Si votre élève ne sait pas relier des éléments, un article est dédié ici.)

Autre exercice papier, avec dénombrement de quantité de 0 à 4, avec possibilité de tamponner sa réponse plutôt que de l’écrire (ajout dec.2024) :

Les cercles pour renseigner la réponse sont étalonnés sur la taille des tampons ronds (genre les lots de tampons que l’on trouve chez action, aldi, lidl), vous pouvez imprimer ces exercices en 1 page par feuille mais aussi en 2 pages par feuille. Dans ce dernier cas, les cercles seront plus petits mais seront encore suffisamment grands pour que l’enfant tamponne dedans le bon chiffre.

pour la suite : le concept de dizaine! c’est par ici !