Publié dans Boîte d'enchainements, Langage oral, Lexique - vocabulaire, Phonologie - lecture

Répondre oui / non à une question simple

Il faut différencier :

  • répondre « oui/non » à « est-ce que tu veux X? »
    exemple : « est-ce que tu veux un gâteau ? » 
  • répondre oui/non à la question : « est-ce que c’est X? »
    exemple : « est-ce que c’est un gâteau ? » alors qu’on montre un objet
  • répondre à la question : « est-ce que un X blablabla? » alors qu’on ne montre pas d’objet
    exemple : « est-ce que tu peux acheter un gâteau dans un garage? ? » 

C’est assez contrintuitif car souvent l’entourage des enfants se dit que c’est plus facile de répondre oui/non à une question « est-ce que tu veux un gâteau? » que de prononcer le mot « gâteau » …. Or, on s’aperçoit rapidement que pour l’enfant il est beaucoup plus aisé de donner le nom du mand directement (ex: « gâteau ») plutôt que de répondre « oui/non » à une question déjà construite (ex : est-ce que tu veux un gâteau?).

Cependant, même lorsque les enfants ont appris à choisir, donc à répondre à la question « est-ce que tu veux un gâteau? » (oui / non), souvent, répondre affirmativement ou négativement à une question non liée à l’obtention de quelque chose (un non-mand) n’est pas facile. 
Les enfants se trompent donc facilement aux questions  » X ou non X » si cette compétence n’a pas été travaillée intensément.

Bien souvent, lorsqu’on demande à un enfant « est-ce que c’est une cuillère? » en lui montrant une cuillère, il répond « non » car il n’en veut pas  ! Il faut donc être vigilant en gardant en tête que l’enfant répond certainement à la question : »est-ce que tu veux X » (ce qui correspond à un mand, Abllsr : F10) et non « est-ce que c’est X? » (ce qui correspond à un expressif, dénomination, Abllsr : G23).

 

Voici un exemple avec la connaissance des couleurs

On peut s’assurer que l’enfant connaisse les couleurs :

  • en lui demandant de montrer le rouge, parmi une petit dizaine de couleurs dont le rouge.  ———-> réceptif
  • en lui montrant le rouge et en demandant : »c’est quelle couleur? » « rouge » —————————-> expressif/tact

 

Un enfant ayant acquis ces deux notions principales peut néanmoins être en difficulté à répondre à :

  • « est-ce que c’est rouge? » en lui montrant une brique rouge (ou une bleue, ou une verte, …) et où il doit répondre oui ou non.

Après l’avoir travaillé à l’oral, il peut être utile de le travailler sur papier. Voici un document avec 14 pages de questions où il faut entourer oui/non à du vocabulaire imagé très simple. L’objectif n’étant pas le vocabulaire mais juste la compétence à répondre oui/non.
De plus, cet exercice est un premier pas vers la compréhension écrite d’un texte.
Pour un non-lecteur, cet exercice peut évidement être fait à l’oral …

 

Support de travail : le My chores

Signifiant « Mes tâches » en anglais, ce petit dispositif sert à l’origine à s’organiser quant à des tâches déjà réalisées ou non. 
Je le trouve néanmoins beaucoup plus intéressant pour renforcer des connaissances en répondant oui/non à une assertion et, à l’instar de tous ces dispositifs autocorrectifs, le fait de pouvoir manipuler est toujours mieux accueilli par les enfants que les exercices sur papier. C’est d’autant plus vrai pour les enfants qui ont des atteintes motrices et pour qui il est couteux d’écrire, même des petits mots.

 

Ces petites planchettes à 10 questions sont vendues sur les plateformes type amazone, temu ou autres à un prix inférieur à 2€ et peuvent s’acheter par lots. C’est particulièrement intéressant si on veut faire enchainer à un enfant plusieurs planches autocorrectives d’affilées sans qu’il n’ait à changer de fiche.

Pour que l’enfant puisse comprendre le principe, j’ai crée un « my chores » initiation le plus facile possible.

Il s’agit au début uniquement de faire du terme à terme : cocher le bon signe, comme celui qui est sur l’image. Puis, dire si une équivalence est vraie « éléphant = éléphant ».

   

Ce dispositif my chores est clairement plus restreint en possibilités qu’un logico piccolo mais il permet à moindre coût d’être utilisé en classe.
D’autres fiches suivront (sur Facebook tout d’abord) sur d’autres thèmes beaucoup plus complexes pour mes grands.
A noter que Helge blog s’est mis aussi à faire des supers fiches pour les My chores. 

 

Document papier standard

Dans ce document PDF à imprimer, de la page 1 à la page 5, ce sont des questions du type : « est-ce que c’est un chat? »
A partir de la page 6, il y a des RFCC (= Réceptif par fonction, caractéristique ou classe = RFFC en anglais) du type : « est-ce que c’est un animal? » (classe), « est-ce que ça a des roues? » (caractéristique), « est-ce que c’est pour cuisiner? » (fonction), …

Ce document peut aussi être l’occasion de faire verbaliser un enfant : « est-ce que c’est X? » et que l’enfant oralise une réponse du type :

  • « oui, c’est un X »
  • « non, ce n’est pas un X »
  • ou encore « non, c’est un Y ».

Il peut également être imprimé en 4 pages par feuille et être mis dans une Boîte à Enchaînements.

 

Si le document vous intéresse, le voici :

Ces illustrations ne sont pas de moi, elles sont extraites du site ARAASAC.

Publié dans Adaptations et critiques de jeux, Motricité fine, Pince pouce-index, Visuo-spatial

A propos des puzzles

Savoir faire un puzzle est une compétence qui parait basique mais qui ne l’est pas.
Cette activité mobilise beaucoup de compétences : visuelles, oui, mais aussi motrices évidement mais pas que et loin de là.
Le jeune va devoir s’organiser dans cette tache : il va falloir anticiper, planifier, organiser afin de sélectionner la bonne pièce, de la placer au bon endroit et avec la bonne orientation.

Les différents types de puzzles

Il y a principalement 2 grands types de puzzles :

               – 1ère étape : les puzzles à encastrements : dont les pièces sont en bois et viennent se loger dans l’emplacement
               – 2è étape : les puzzles avec des pièces en carton : qui ont des formes avec languette et ébauche

 Selon les puzzles, les difficultés diffèrent.

  • Par le nombre de pièces, évidement
  • Par le style d’illustrations : avec des dessins saillants ou au contraire des camaïeux d’une seule et même couleur qui seront plus difficiles à faire
  • Par le type de découpe « vaguelettes » des pièces : certains puzzles ont des vaguelettes et non des pièces découpées avec des ergots-ébauche bien saillants qui s’encastrent bien. Les pièces à vaguelettes sont plus complexes surtout pour les enfants ayant des soucis moteurs car les pièces continuent à bouger pendant le puzzle. Il faut donc les éviter avec des enfants en grande difficulté.
  • Par le type de découpe « universelle » des pièces : certains puzzles ont des découpes légèrement différentes entre elles et d’autres non. Lorsque toutes les découpes sont exactement pareilles, l’enfant peut placer n’importe quelle pièce à n’importe quel endroit et elle rentrera. Il faut privilégier les pièces avec des découpes différentes pour aider l’enfant à avoir un retour sensoriel (« ca rentre pas ») lorsqu’il va se tromper.

Remarque : il existe des « puzzles » qui portent mal leurs noms, ce sont les jeux avec des cubes à tourner dans tous les sens pour reconstituer 6 images différentes. Attention, ce ne sont pas de puzzles. Contrairement à ce que leur design peut laisse supposer, ils sont TRES TRES complexes et ne doivent pas être utilisés avec les jeunes apprentis au risque de les dégouter à vie. 

NON : on évite ce genre de puzzles très complexes qui sont aversifs.

Commencer avec les puzzles

Prérequis pour les puzzles :


Les boites à formes (voir cet article ici


  

Les puzzles à encastrements

D’une manière générale, on commence par des encastrements avec peu d’éléments (4 ou 5 maximum) et on utilise le chainage arrière pour enseigner les puzzles : on met toutes les pièces sauf une que l’enfant va devoir placer. Puis, on laissera 2 pièces à placer et enfin on retirera les 3 pièces et l’enfant devra le faire en entier.

Il en existe plein, alors ATTENTION !!! tous ne se valent pas !

Ceux « faciles » :

On commence par des puzzles à formes rondes : c’est une forme (comme le carré)  qui n’aura pas d’orientation, donc ce sera plus facile.
Sur la photo ci-dessous, vous pouvez voir le tout début de l’enseignement : on retire une pièce, celle du milieu par exemple et l’enfant doit la replacer dans la zone. C’est facile : pas d’orientation (car rond) et pas de sélection (parce qu’il n’y en a qu’une).

Puzzle marque Oxybul avec trois tailles de rond.
Puzzle marque inconnue, avec trois formes et une guidance association couleur.
Puzzle marque Djeco ; toujours peu de difficulté dans les formes, cependant, la difficulté augmente par le nombre de pièces. Ce puzzle peut également être commencé en n’enlevant qu’une seule pièce, puis 2 pièces, etc, en chainage arrière.

Ceux « difficiles »:

Puis, on pourra introduire des puzzles comme ci-après avec des formes moins faciles à encastrer. C’est le cas de la plupart des puzzles à encastrer commercialisés : les puzzles avec des animaux, des travaux, des lettres. Tous ces puzzles semblent faciles mais ne le sont pas : les formes sont très complexes et nécessitent que l’enfant regarde bien chaque forme et l’oriente au besoin.

Par exemple, le puzzle ci-après, malgré son design très « bébé » est très complexe : la cuillère demande à être mise dans le bon sens, l’assiette présente un petit ergo qu’il faut aligner, le gâteau a un coin croqué qui posera problème à coup sûr. Ce puzzle est donc bien intéressant mais pour un enfant qui a déjà un « bon » niveau en puzzle et n’est pas du tout conseillé pour débuter.

Enfin, vous pourrez trouver des puzzles « mixtes » : qui ne sont plus de l’encastrement mais qui sont des puzzles avec languette et ébauche mais qui sont en bois. Ils sont donc plus résistants et sont en général faciles pour débuter avec les « puzzles de grands ».

Les puzzles en carton

Après les encastrements de « grosses pièces », souvent en bois, on commence à travailler les puzzles cartonnés.
Différentes marques commercialisent des puzzles composés de 2 à 6 pièces : Diset, Trefl, Educa, ou encore Djeco avec ses puzzles géants.

Comparaison d’épaisseurs selon les marques de puzzles.

     

Attention aux différences d’épaisseurs entre les marques.
Il faut privilégier au début de l’enseignement les puzzles épais pour que l’enfant « ressente » l’encastrement. Ils seront également plus résistants et vous en rachèterez moins souvent ! 🙂
Ci-dessus: 4mm (Trefl Baby) et 2 mm (Diset)

Pour travailler les puzzles, il est essentiel de les varier pour éviter les biais d’apprentissage. Souvent les enfants connaissent par cœur les puzzles dont ils disposent en structures ou à la maison. Outre le fait que ce ne soit pas très motivant, faire toujours le même puzzle n’apporte plus rien.

On peut alors utiliser des puzzles avec un nombre supérieur de pièces mais le travailler en chaînage arrière (on présente le puzzle fait intégralement, moins une pièce _ puis tout fait, moins 2 pièces, etc, …. jusqu’à ôter toutes les pièces du puzzle.)
Cette astuce permet également de travailler sur des puzzles avec des personnages ou thèmes que l’enfant apprécie particulièrement.

Puzzle en chaînage arrière: on retire uniquement 4 pièces.
Dans le fond de ce puzzle CARS, il y a l’image finale en filigrane. (les deux pièces en haut à gauche ne sont pas mises)


Cela permet aussi de varier un peu cependant, c’est quand même plus agréable pour un enfant de faire le puzzle en entier, d’où la nécessité de trouver de nombreux puzzles de peu de pièces. On en trouve régulièrement sur les brocantes à petits prix.

ATTENTION : je vois souvent des éducateurs qui guident immédiatement l’enfant pour qu’il commence par les bords. La plupart des enfants avec autisme que je connais qui aiment faire des puzzles et qui n’ont (donc) pas été guidés ne commencent pas par les bords. En général ils commencent par faire les éléments qu’ils aiment ou bien démarrent par un item qui est prégnant (un visage, une grosse tâche de couleur, etc, …). Je conseille donc de LAISSER l’enfant faire (donc avec un puzzle facile), de bien observer sa stratégie spontanée et de l’aider dans sa stratégie si besoin plutôt que d’en imposer une autre moins appropriée.

Ci dessous, un enfant très à l’aise avec les puzzles mais qui ne commence jamais par les bords. Pourtant, il y parvient facilement et aime en faire.

 

 

Faire des puzzles est un bon moyen de s’occuper pour les jeunes avec handicap : ils apprennent et restent calmes, le tout avec une activité ayant une fin bien identifiée. Attention cependant à ne pas en abuser car souvent, à force de leur en faire faire, les puzzles deviennent aversifs pour les jeunes.

N’oubliez pas d’échanger, d’acheter d’occasion pour qu’ils soient variés et pour ne pas que les jeunes fassent toujours les mêmes !