Publié dans Compréhension, flexibilité cognitive, Matériel générique, Mémoire de travail, Motricité fine, Visuo-spatial

Mental blox, de chez Learning Resources

Ce jeu de chez Learning Resources est composé de 20 formes en plastique (avec des couleurs différentes et différents motifs) et de fiches avec des défis (recto-verso, donc 40 challenges en tout). C’est un jeu assez sympa car les formes sont grosses (environ 5 cm) et il y a possibilité de faire des activités variées grâce à ce matériel.
Cependant, le jeu originel est EXTREMEMENT complexe : les défis sont incroyablement difficiles.
Je ne l’utilise donc jamais dans toute son intégralité : j’utilise l’illustration des cartes-défis mais jamais les défis en tant que tel.

Ici, je vais donc vous proposer diverses activités à partir de ce matériel : de la perception visuelle évidement mais aussi de la mémorisation, de la reproduction de modèles, de la compréhension, de la dictée de figure complexe, …
Vous pourrez imprimer un PDF des pictogrammes de CAA si besoin ainsi que des cartes de constructions simplifiées.

Travailler sur les formes, les couleurs et les motifs :

On va pouvoir faire des activités classiques de discrimination, telles que : « où est le carré/cube violet? montre-moi le rond / cercle qui n’a pas de rayures, trouve la croix orange, …
Ou encore, en ligne, l’élève va tacter la couleur, le motif ou la forme ou encore en réceptif où l’enfant va devoir montrer la bonne couleur/motif/forme en autoclitics.

Exemple de ligne d'autoclitics où l'enfant doit verbaliser selon la forme / couleur / motif.

Travail de perception et reproduction de modèles :

Pour que l’enfant apprenne à reproduire un modèle d’après image, il faudra qu’il en ait la compétence motrice, qu’il s’organise dans sa chaine d’actions, qu’il regarde le modèle, qu’il prenne la bonne pièce, qu’il la place, qu’il re-regarde le modèle et ainsi de suite, en commençant par le bas.
Bref, comme d’habitude, cela demande plusieurs compétences qu’il faudra travailler une par une si nécessaire.
Par exemple, si l’enfant peine à mettre les éléments les uns sur les autres, on va commencer juste par lui faire empiler et non lui faire reproduire une image!
Dans ce jeu, il y a des boules qui ne sont pas évidentes à superposer car l’enfant doit comprendre et orienter la pièce de manière à trouver le méplat qui permettra à la pièce de ne pas rouler!

Ici, l’enfant est en difficulté au niveau moteur : il peine à faire tenir les formes les unes sur les autres, il n’ajuste pas son geste et n’utilise pas son autre main pour stabiliser, l’édifice tombe systématiquement. La compétence motrice sera à travailler avant afin d’aller doucement vers la reproduction d’un modèle.

Voici mes étapes, qui ne sont surement pas universelles mais qui peuvent vous servir à construire une progression à petits pas.

Etape 1 ; en parallèle, chaque élément un par un.

Ce travail se fait en 3D. Je vous conseille de mettre deux petits « tapis de placement » (ci-dessous, il s’agit d’un post-it orange) afin de circonscrire les zones où placer sa construction.
Le travail va se faire en imitation, l’enfant devra bien observer l’adulte.

L’instructeur et l’enfant ont chacun un lot de pièces identiques – par exemple 3 formes ainsi qu’un petit tapis.
L’adulte prend une pièce et la met sur son tapis, l’enfant doit regarder et prendre la même pièce dans son lot et faire de même. L’adulte prend la seconde pièce et l’élève doit à nouveau observer et mettre au bon endroit cette seconde forme (sur l’exemple de la photo c’est facile car c’est un totem mais on peut évidement faire des modèles où on pose à coté à gauche ou à coté à droite.) ATTENTION à ne pas verbaliser, l’enfant doit juste observer : PAS de blabla du genre tu vois on met à gauche la sphère blabla -> non!

Cette étape va apprendre à bien observer, à se familiariser avec le « parcours » de la pièce, à manipuler les objets pour ne pas qu’ils tombent, à comprendre qu’une construction se commence du bas, …

Reproduction avec un modèle en réel, sur un petit post-it (pour aider à se repérer pour le premier cube) et on construit ensemble en imitation. Je prends un, l’enfant prend le même et le met au même endroit, …

Etape 2 ; on fait un modèle en vrai et l’enfant le reproduit.

Seconde étape de reproduction : cette fois-ci l’adulte construit le modèle en entier en 3D, puis, l’enfant construit la même tour. Les deux sont en « vrai » donc l’enfant peut facilement comparer sa construction.
D’une manière générale, on NE PARLE PAS, on va guider l’enfant en lui faisant pointer (à lui-même, ce n’est pas vous qui pointez, c’est lui!) la première pièce à placer (celle en bas) et l’enfant va chercher la même pièce et la place dans son espace pour commencer la construction. Puis, on le guide pour qu’il pointe la seconde pièce, etc, …

Il doit apprendre à pointer /regarder la pièce en autonomie pour ensuite pouvoir reproduire tout seul une construction. Si c’est vous qui pointez la pièce à prendre l’enfant ne le fera jamais en autonomie, il attendra votre pointage!

Etape 3 ; on montre un modèle dessiné et l’enfant le reproduit.

Ci-dessous, on progresse. Il va s’agir de reproduire un modèle en 2D. Evidemment, c’est plus complexe qu’avec un modèle réel à reproduire, j’ai donc verticalisé mon image (sur l’ipad) afin de réduire la difficulté au maximum. En effet, le changement de plan augmente la complexité : mettre le modèle à plat sera en effet encore plus complexe pour mon élève qui devra, lui, construire en hauteur.

Voici un PDF où j’ai dessiné les formes afin d’avoir des modèles plus simples que ceux proposés par Learning R.
Vous pouvez imprimer et verticaliser les images pour aider l’enfant avant de les mettre bien à plat pour rendre la tâche plus complexe.

Reproduction d’un modèle de 2 pièces sur Ipad verticalisé, avec des distracteurs.
Reproduction d’un modèle de 4 pièces sur Ipad verticalisé, avec distracteurs.

Les fiches fournies dans le jeu suivent une progression croissante de difficulté mais comme dans la plupart des matériels du commerce, l’exigence augmente rapidement :

Exemple de reproduction d’une construction qui provient d’une fiche fournie dans le jeu.

Travail de langage : dictée de formes.

Les cartes simplifiées dessinées ci-dessus peuvent également servir à un travail de verbalisation.
L’enfant a une carte et doit décrire ce qu’il y voit et nous dicter quoi faire pour reproduire la figure : « Tu prends un rond bleu, pose, tu prends un carré orange et tu le mets à gauche du rond bleu, …etc. »
Evidemment, ce travail peut être fait dans l’autre sens : on explique à l’élève quoi faire oralement et celui-ci doit nous écouter et faire la construction SANS support imagé. On lui montre ensuite l’illustration pour vérifier sa production.
En général, les enfants aiment beaucoup ce format d’exercice où l’adulte travaille aussi !! 🙂

Travail de mémoire

Toujours à partir des cartes simplifiées de mon PDF, l’élève regarde l’image quelques secondes et on retourne la carte. Il doit ensuite reproduire la construction de mémoire.
Je vous conseille d’utiliser mes fiches simplifiées car de mémoire, c’est vite compliqué : chaque pièce comprend plusieurs critères (la forme, sa couleur et son motif) alors la mémoire est vite surchargée.

Travail de discrimination et de compréhension :

Enfin, avec ce matériel, on va pouvoir aborder des consignes de repérage complexes telles que : quelle forme est à droite? quelle couleur est la boule à gauche? quelle forme est en double? quelle forme il manque? quel motif est sur toutes les formes?

Quelle est la forme manquante? L’enfant doit verbaliser « il manque la forme croix ». Afin de l’aider, je lui ai mis une bande des possibles de formes et une des couleurs.

Voire même des consignes plus complexes comme celles proposées dans les défis, telles que sur le défi ci-dessous : 😉

Bref, ce matériel permet de travailler des compétences bien variées, et ce avec des enfants quelque soit leur niveau. Avec ses couleurs bien flashies, il est assez chouette et est en quelque sorte un matériel générique pour des séances en ITT

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Abaque ville ou Stack Towers

Tout comme Croque-chaussettes que vous aviez pu voir dans cet article, Abaque Ville (Stack Towers) est un jeu néerlandais de chez BS Toys.
Abaque ville fait parti des 3 jeux envoyés par BS TOYS pour que je les teste avec les enfants qui présentent des problèmes neuros. C’est quand même très sympa de leur part : merci !
Les pièces sont très colorées et en bois, c’est bien agréable …

Matériel :

Ce jeu est composé de 3 tiges sur un support en bois. Il y a 42 perles en bois de 7 couleurs différentes. Ce sont ces couleurs qui m’ont tout de suite séduite ainsi que la possibilité de ne mettre qu’une seule tige de bois pour adapter et rendre la tâche plus facile et/ou moins longue.

 

A noter, il y a dans la boîte également une petite cordelette sur laquelle on peut enfiler les perles. Personnellement, je ne l’ai pas utilisé.

Exercice de motricité fine facile à réaliser

Je vous avais déjà montré mes petits rectangles de tissus à boutonner ici.
Cela permet à l’enfant de le contraindre à utiliser sa seconde main pour écarter la boutonnière afin d’enfiler le rectangle sur la tige en bois. Souvent, les enfants que j’accompagne n’utilise pas du tout leur main d’appui …  🙁
Pour en faire un jeu, quand l’enfant peine moins, je distribue 10 rectangles chacun et on lance un dé de couleurs (voir l’article sur les dés ici) : on place un rectangle correspondant à la couleur du dé et le premier qui n’en a plus, gagne.
Plus tard, lorsque l’enfant maîtrise sur la tige en bois, je lui fais enfiler sur un ruban (voir photo ci-après)

   

Parenthèse couture : au niveau matériel, il vous faut des chutes de tissu et une machine à coudre qui fait les boutonnières. Eventuellement une Grand-Mère sympa si vous ne savez pas coudre. C’est extrêmement simple : faire deux rectangles cousus endroit contre endroit et laisser une ouverture de moins d’un centimètre. Couper les angles pour ne pas faire de surépaisseurs. Retourner par l’ouverture et refermer l’ouverture. Ensuite, faites une boutonnière au milieu : les miennes mesurent 2,5 cm. Et c’est prêt !!
Pour les plus confiantes, vous pouvez fermer le rectangle, couper les coins, retourner et fendre légèrement au centre là où sera la future boutonnière : dans ce cas il n’y aura pas d’ouvertures à reboucher.

Proposition d’enseignement à l’élève

Comme prévu, j’ai rapidement crée des fiches plus faciles pour mes enfants pour qui le jeu tel quel était inaccessible.
Sur le support en bois, on ne place que la tige centrale et on sélectionne pour l’enfant les deux pièces de la carte. On guide, on estompe, comme pour les autres enseignements !

Globalement ; il faut que l’enfant apprenne à regarder le modèle en commençant PAR LE BAS, puis à examiner les perles dont il dispose pour choisir la bonne, puis à la sélectionner pour la mettre sur la tige. Puis, re-regarder le modèle pour examiner celle qui se place directement au-dessus, etc, …
Donc : au début apprentissage sans erreur : on guide physiquement en faisant pointer à l’enfant la bonne pièce et on ne donne pas accès aux pièces tant que l’enfant n’a pas regardé!!!, puis en dirigeant sa main vers la bonne pièce, puis … etc … et on estompe ensuite.

Ici, on voit un petit élève avant et après le début de l’enseignement. Ces vidéos sont sur la même séance d’apprentissage.  Il s’agit de Crazy Cups mais la démarche est la même.

Vidéo 1 :
Dans cette vidéo, il est question de prendre connaissance de ce qu’il  sait faire là, aujourd’hui, sans enseignement  préalable : c’est la Ligne de Base (qu’on appelle LDB pour les intimes). Je présente à l’enfant la carte et les gobelets, il doit se débrouiller. On repère qu’il a compris mon attente mais comme il commence par le haut (ce qui est un peu logique quand-même) il est rapidement perdu et échoue. Donc, quand on observe ça, surtout, on ARRETE VITE pour ne pas qu’il prenne de mauvaises habitudes.

Empiler au Crazy cups : Ligne De Base à ne faire qu’une fois sans insister !

 

Vidéo 2 :
Après quelques essais et quelques guidances (Guidances environnementale : je fais disparaitre les étages non concernés avec un cache blanc pour qu’il regarde le bon élément, je vérifie qu’il regarde bien la cible (il me facilite la tâche car il verbalise même si je ne lui ai pas demandé) si ce n’est pas le cas, je le bloquerai pour ne pas qu’il ait accès aux pièces, puis, je guide physiquement pour qu’il prenne le bon gobelet et j’estompe rapidement car je vois qu’il se dirige vers les bonnes couleurs de gobelets. Il ne faut pas qu’il s’habitue à être trop guidé pour ne pas apprendre à être passif.

 

A la fin, il sonne et je dis « très bien » pour toute la séquence jusqu’à la sonnerie. Sonner est un comportement attendu car je le travaille pour le futur jeu de Crazy Cups.

Adaptation : des cartes avec 2 à 3 éléments sur une tige

Voici donc des cartes adaptées avec 2 ou 3 éléments à placer (PDF en cliquant sur l’image) :

Modèle posé à côté pour que l'enfant se repère mieux
Modèle posé à côté pour que l’enfant se repère mieux.   
Cartes à 2 et à 3 éléments.
Cartes à 2 et à 3 éléments.

Ce petit jeu à empilement fait partie des basiques dans l’éducation : suivre un modèle, saisir des petits éléments, coordinations oculomotrice et bimanuelle, repérage spatial, etc, …