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Les imitations motrices

L’imitation est au cœur de l’apprentissage : un enfant typique imite très rapidement les personnes dans son environnement. Cependant, les enfants avec handicap ont besoin la plupart du temps d’acquérir cette compétence qui n’est pas dans leur répertoire à la base.

Il y a différents types d’imitations et celles-ci devront être combinées et modulées.
Quand faut-il les enseigner ? Les imitations sont à commencer très tôt même si cet enseignement peut être un peu ingrat au démarrage et sembler impossible (c’est long et parfois on se dit que l’enfant ne comprendra jamais ce qu’on attend de lui tellement il ne réagit pas …).

Certaines imitations sont plus complexes que d’autres, voici quelques explications.

 

Imiter en même temps ou en différé

Comment enseigner cela ?  en guidance physique totale !

Selon moi, l’enseignement de cette compétence doit être faite à deux personnes (la maman ou un autre intervenant voire même un frère ou une sœur qui passe!) sauf si vraiment, on n’a pas le choix malheureusement.

Normalement, « imiter » dans les programmes des enfants c’est « en différé » : l’enfant doit regarder ce que l’intervenant fait, l’intervenant arrête et dit « fais comme moi » (ou équivalent) et l’enfant doit ensuite reproduire à l’identique ce qu’il a vu.
Cependant, au début de l’enseignement, je fais souvent en boucle mon modèle jusqu’à ce que l’enfant reproduise le même mouvement de sorte que nous soyons tous les deux en même position lorsqu’il se met à m’imiter. Cela permet à l’enfant de constater que nous sommes bien tous les deux sur le même geste. Cependant petit à petit, il va falloir différer : vous faites le modèle, vous arrêtez et l’enfant doit reproduire le mouvement.
Il est parfois nécessaire de lui maintenir les mains pour ne pas qu’il reproduise en même temps que vous (là encore c’est plus facile à deux, mais pas impossible non plus à faire seul).

Néanmoins, j’aime aussi faire avec l’enfant des mouvements très lents et continue et l’enfant doit se réguler sur mes gestes : il doit regarder et faire en même temps mes gestes, un peu à la manière d’une séance collective de yoga : tout le monde en même temps! Cela n’est pas de l’imitation à proprement parlé mais ca consiste quand même à observer et reproduire en même temps un mouvement moteur.

 

Quels gestes imiter? Ci-après, vous retrouverez les 3 grandes catégories d’imitations. Cependant, pour avoir concrètement des exemples, je vous propose ce PDF avec des idées d’imitations à faire faire.

Ces étiquettes vont vous permettre de vous organiser :

  • vous pouvez trier celles accessibles à votre élève ou non,
  • une fois cette sélection opérée, vous pouvez faire 2 tas : les imitations que votre élève est parvenu à faire et celles qui ont demandé une guidance : cela permettra de valider un certain nombre d’imitations si vous êtes en phase d’évaluation par exemple (VBmapp ou autre)
  • enfin, ces étiquettes peuvent vous servir pour composer des séquences de plusieurs imitations sur apprentissage, puis des séquences non apprises (dans ce dernier cas, vous les piocherez au hasard).

Imitations globales

On différencie deux types d’imitations globales :

  • les imitations globales statiques : où on ne bouge pas, par exemple poser ses mains à plat sur la table, ou mettre ses deux mains jointes (genre prière) ou faire un petit chapeau sur la tête (deux mains qui font comme un triangle sur la tête) ou croiser les bras sur son torse, …
  • les imitations globales cinétiques : où on bouge : applaudir, sauter, …

Vous vous en doutez, les deux sont à travailler. 🙂

Au tout début, on conseille souvent de commencer les imitations avec des objets, on dispose deux objets strictement identiques sur la table et l’enfant doit reproduire après nous ce qu’on vient de faire, par exemple :

—  deux cuillères et on dit « fais comme moi » et on met la cuillère à la bouche pour faire semblant de manger et ensuite l’enfant doit faire la même chose avec l’autre cuillère.
— deux chevaux playmobils et on le prend pour le faire sauter et l’enfant doit faire le même avec son cheval.
Cependant, j’ai déjà connu quelques enfants pour qui il était plus facile d’imiter sans objet qu’avec objet … allez savoir pourquoi …. du coup, comme bien souvent, il convient d’individualiser chaque enseignement selon l’enfant.

Au début, vous pouvez essayer de remarquer des mouvements que l’enfant fait spontanément avec ses bras ou ses jambes ou avec des objets. Ces mouvements connus de l’enfant pourront servir à démarrer le programme d’imitation avec des gestes qui lui sont plus familiers.

 

ATTENTION : quelques règles pour l’imitation !

  • si possible faites imiter des gestes fonctionnels : ne pas faire imiter une serviette sur la tête mais plutôt le mouvement de s’essayer la bouche, essayer de prendre des jouets et faire des choses attendues avec : par exemple, faire bercer la poupée, lui faire un bisous sur le front, lui faire remuer les bras, la faire sauter, la faire marcher, …
  • ne PAS dire ce que l’on fait : par exemple si on lève les bras, on ne dit PAS « lève les bras » on dit « fais ca! ». Pourquoi? parce que si on dit ce qu’il faut faire cela devient une consigne (réponse de l’auditeur) et non une imitation !
  • faire faire au moins deux mouvements différents avec le même objet : si un objet est associé à un geste, l’enfant n’aura plus besoin de regarder et automatiser « quand on me donne la voiture je la fais rouler » et ne vous regarder plus. Pour éviter cela, par exemple avec l’objet voiture, faites faire rouler la voiture mais aussi faites-la « sauter » (genre décoller un peu du sol comme si elle allait très vite) ou faites la cogner dans un obstacle (genre accident) afin que l’enfant continue à avoir un intérêt à vous regarder et qu’il fasse bien le mouvement en imitation et non parce qu’il connait par cœur ce qu’il a à faire.
  • idem avec les cinétiques et statiques : quand vous faites faire la consigne de taper dans les mains, faites en parallèle celle de laisser les mains jointes. Cela obligera l’enfant à bien regarder et se concentrer sur ses mouvements pour inhiber le fait de taper !

 

 

Imitations fines

C’est en général les mouvements moteurs des mains : poignets, doigts, etc, … et les mouvements plus subtiles. Ces imitations sont également importantes à acquérir pour pouvoir imiter des gestes plus complexes.
Ces compétences d’imitation vont permettre également de travailler la bonne différentiation des doigts, si importante par la suite pour les gestes d’écriture !

On aura par exemple :

  • fermer le poing
  • bouger les doigts

 

Imitations tête et visage

Elles sont importantes pour le social mais aussi pour le développement du langage. Il va s’agir par exemple de reproduire des mouvements de tête ou des mimiques de visages, qu’on appelle les praxies :

  • faire oui (c’est un geste souvent très très compliqué à faire pour les enfants, j’ignore pourquoi ….)
  • faire non
  • faire des cercles avec la tête
  • montrer ses dents
  • tirer la langue
  • mettre la langue en haut, en bas , à droite
  • faire un bisou
  • gonfler les joues, …

Remarque : vous pouvez également faire des sons en accompagnant ces gestes. Par expérience, on remarque clairement que pour les enfants sans verbal, les gestes aident à « tirer du son ». Par exemple on peut demande rà l’enfant d’imiter le fait de maintenir grand la bouche ouverte (compétence utile pour le dentiste) et faire en même temps « AAaaaahhh » pour que l’enfant imite aussi le son (on appelle imitation verbale/échoïque).

 

Imitations en intensité et vitesse et les séquences d’imitations :

En allant plus loin dans les imitations motrices, fines ou visage, nous allons pouvoir exiger plus. L’enfant devra imiter un rythme, une intensité ou une vitesse.
Par exemple :

  • taper fort sur la table VS taper doucement
  • taper 2 coups rapides et 2 coups lents
  • « marcher avec ses doigts index-majeur » rapidement puis plus lentement
  • appuyer doucement son doigt sur une pâte à modeler VS enfoncer profond son doigt dedans, …

Mais aussi, une suite que j’aime beaucoup car elle va permettre d’aider à développer plein d’apprentissages après : imiter des séquences.
Il va s’agir pour l’enfant de reproduire plusieurs gestes à la suite. Ces petites séquences seront de 2 gestes consécutifs, puis 3 gestes consécutifs, etc, …
Cette compétence n’est vraiment pas évidente car en plus d’imiter, l’enfant devra se souvenir des gestes. Il aura tendance comme dans les autres restitutions qui demandent de la mémoire à avoir un effet de récence ou de primauté : l’enfant oubliera les gestes du mileu ou encore ne refera que le dernier. Au début, on va enseigner à l’enfant des suites apprises et fixes, comme des petites chorégraphies de danse.

Ce n’est qu’après que l’on pourra lui demander des séquences sans apprentissage préalable : il saura se concentrer, se remémorer et reproduire vos gestes dans l’ordre émis!

 

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