Publié dans Adaptations et critiques de jeux, Aide à la création de supports, Comparaison, Langage oral, Lexique - vocabulaire, Logique, Maths, Phonologie - lecture

Lectri 1 et 2

Le jeu LECTRI (Orthoédition) vise à travailler la compréhension de petites phrases simples qui présentent des subtilités (formes négatives, genres et nombres) ainsi que des informations à combiner (couleurs, formes, etc, …) le tout en visant la compréhension de  » est X », « n’est pas X », « n’est ni X ni Y », « est X ou Y », « est plus petit que X », « n’est pas plus grand que X », « a plus de X que de Y », etc, …

Le jeu est composé de triangles en carton épais, avec des écrits ou des dessins qui doivent être combinés. On retrouve ce principe dans le jeu beaucoup plus récent « Tricogito » (voir l’article ici).

 

Il existe 2 versions de LECTRI :
– LECTRI 1 :
ο avec des animaux avec tailles et couleurs différentes
ο des personnages comportant ou non certains atours (couleurs de cheveux, lunettes, cartable, etc,…)
– LECTRI 2 :
ο avec des déguisements (le vocabulaire est donc un peu plus complexe je trouve)
ο des oiseaux et fleurs qui vont travailler les notions de « il y a plus de X que de Y » ou « ni fleurs ni papillons », etc, … le vocabulaire de mathématiques de base nécessaire pour une compréhension basique des comparaisons.

Je commence toujours par les animaux et couleurs qui est  je pense la combinaison la plus facile. Avant de commencer à jouer, il faut s’assurer que l’enfant discrimine bien les grands et petit animaux car je trouve que la différence n’est pas très flagrante et donc qu’elle est source de confusion. Éventuellement donc, pour s’assurer de cette bonne discrimination, faites trier l’enfant en deux tas « grands / petits » avant de commencer.

 

Comment introduire ce jeu ?

Tout d’abord, pour aider à la compréhension orale, on peut s’aider d’un dessin avec un codage, donc compréhension avec visuel comme ci- dessous.
En effet, il est difficile de combiner les deux critères « animal+ couleur » dans la mesure où la négation vient embrouiller : « grenouille + non jaune ». Il faut un certain nombre d’essais avant qu’un enfant ayant acquis le double critère (« donne-moi le bleu et rouge », etc, …) ainsi que la négation (question du type : « donne-moi celui qui n’est pas rouge »/ « donne-moi le pas vert », …) puisse acquérir le « double critère avec négation » (« donne-moi le bleu mais pas carré »).

On peut également travailler la compréhension orale en lisant la question à l’enfant qui doit pointer parmi un ensemble de réponses possibles (à augmenter au fur et à mesure des progrès de l’enfant)

Enfin, on peut créer une structure triangle qui va s’apparenter au jeu dans sa règle finale, en demandant à l’enfant de remplir un triangle de 4 emplacements autour de la proposition (que l’on choisit nous), comme ci-dessous.
Le fait de travailler sur cette configuration permet à l’enfant de se familiariser avec les types d’agencements du jeu : certains enfants sont en difficulté pour placer les triangles aux bons endroits.
On peut alors se centrer sur une seule proposition centrale : « elle n’est pas grande ».
L’enfant doit chercher parmi les féminins (donc pas chat ni poisson mais tortue ou grenouille) et parmi les « non grandes », c’est à dire les « petites ».

NOTE : on pourra alors constater la force de ce que l’on appelle « la catégorie unique » : si l’enfant commence à mettre une petite tortue, il aura tendance à mettre de la tortue sur les autres triangles. Il peut même être bloqué si il ne reste plus que des grenouilles. Cette flexibilité à aller piocher dans une autre catégorie va être à travailler (on peut par exemple saboter pour contraindre l’enfant à changer d’animal).

Lorsque l’enfant est plus à l’aise et si il est lecteur, on peut enfin passer à la forme originelle du jeu : jouer avec tous les triangles.
Certains de mes enfants ayant des problèmes moteurs importants, j’ai fait une version imprimée, plastifiée et magnétisée : cela permet aux maladroits de ne pas dégommer tout le plateau de jeu en cas de geste malencontreux!

On place un triangle au milieu d’une grande ardoise, on donne 7 triangles (ou plus ou moins …)  à chacun et hop, en avant! que le meilleur gagne!

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Un emploi du temps visuel

Hé oui, j’aime les Emplois Du Temps Visuels (EDTV) : parce qu’ils peuvent renseigner l’enfant (handicapé ou non) sur les activités de la journée (en préparant un futur « agenda ») mais encore et surtout, car il permet aux enfants de comprendre des notions bien abstraites que sont : le moments de la journée, les jours de la semaine, les mois et les années qui passent …

Grâce à cet outil, je pose très tôt les jalons de la suite :comprendre les horaires, bien discriminer la différence entre les heures et les durées, etc,… c’est l’utilisation de ce support qui va permettre de mettre du sens sur toutes ces notions de temps.

Il est presque systématiquement mis en place dans le monde du handicap et en particulier avec les personnes avec autisme. Néanmoins, il est presque aussi fréquemment mal utilisé et n’a malheureusement souvent aucun sens, … et n’est en conséquence pas utilisé par la personne concernée.

D’une manière générale :

Un EDTV est personnel et individualisé : il est réfléchi pour l’enfant, en fonction de ses besoins et de son développement d’aujourd’hui. La façon dont il est créé à ce jour est donc fonction de lui et doit évoluer rapidement pour être compris et rester efficace. Dès le départ, comme pour les autres outils mis en place, il doit être prévu pour être cohérent avec notre objectif à long terme (rester sur un EDTV journée? ou bien proposition d’agenda à terme?, avec des pictogrammes ou bien propositions de mots écrits? un nomade ou bien un EDTV qui restera sur le lieu de vie?).
Il existe de nombreux supports disponibles sur le net mais … il ne sera jamais adapté à votre enfant à vous et combiner tout dans tous les sens sera forcément contre-productif.

Au tout début :

Lors de l’installation, je propose toujours de ne présenter à l’enfant que LA JOURNEE en cours (voire même dans certains cas, juste l’activité du moment) et je la présente verticalement sous la forme d’une bande (car c’est plus « logique » pour les enfants mais certains préfèrent horizontalement pour préparer le gauche-droite de la lecture).

Evidemment, jamais sur 2 lignes comme j’ai déjà pu le voir plusieurs fois dans des scenarii d’IME qui se voulaient simples. En effet, cela nous parait très logique à nous, adultes, d’enchainer le balayage du regard de gauche à droite et de bas en haut mais ce balayage nous a été appris : c’est une convention pour la lecture. Il est évident que ce balayage ne va pas de soi pour un enfant qui n’est pas lecteur …

Il y a quelques règles d’or à respecter QUAND ON COMMENCE l’utilisation d’un emploi du temps visuel :

— Il faut que les pictogrammes soient connus et compris de l’enfant (c’est idiot mais je vois souvent des EDTV dont les enfants ne connaissent/comprennent pas la moitié de ce qui est mis!!)

— Deux pictogrammes seront là en permanence : le repas de midi (codé et jaune) + coucher au lit (codé en bleu marine).
Ce sera « le squelette » : une façon de se repérer dans la journée.

Plus tard, lorsque l’enfant aura vraiment l’habitude de son EDTV, on lui enseignera que :

  • tout ce qui est avant le jaune : c’est « le matin »
  • ce qui est sur le repas (du midi, en jaune) s’appelle « le midi »
  • tout ce qui est après le jaune s’appelle « l’après-midi ».
  • on ajoutera ensuite qu’après le repas du soir (qu’on codera en bleu) s’appelle « le soir » et que le moment du lit (en bleu marine) s’appelle « la nuit ».

J’en profite pour glisser ici une parenthèse: pour les enfants dont les parents sont séparés, prenez une photo du « lit chez papa » et du « lit chez maman » et faites apparaître systématiquement le lit dans lequel l’enfant dormira le soir. On n’y pense pas mais c’est quand même agréable de savoir où on va dormir le soir! (Surtout quand les enfants n’ont pas acquis les notions de semaine ou de week-end pour anticiper les alternances de gardes)

— Il faut mettre un minimum de pictogrammes dans un 1er temps :  (le midi et coucher obligatoires, comme vu ci-dessus) et 2 à 3 pictogrammes en plus suffisent. Par exemple : « école » + « midi » + « école » + « mamie » + « coucher au lit », le lendemain, il aura par exemple « école » + « midi » + « tête de l’orthophoniste » + « coucher au lit », etc, …

— Attention à la pertinence des activités : plus vous aurez des activités « marquantes et changeantes » plus votre EDTV sera compris facilement par l’enfant.
Par exemple : « courses » + « manger » en jaune (le midi) + « piscine » + « repas »  + « coucher au lit ».
Si mamie passe tous les soirs, inutile de la représenter dans l’EDTV car cela va saturer les infos, si elle ne passe qu’une fois par mois, là, c’est intéressant de la faire figurer.
En effet, dans votre agenda, vous n’écrivez pas qu’il faut vous laver les dents et nourrir votre enfant (car c’est tous les jours). Cependant, vous notez votre rdv chez le dentiste, chez le coiffeur, la venue de la cousine d’Allemagne, etc,…
Faites la même chose pour votre enfant!!
Hé oui dans un 1er temps ce sont les activités qui vont permettre à l’enfant de comprendre l’EDTV et non l’inverse. Il faudra afficher les activités/évènements rares, quitte à en organiser spécialement pour faire comprendre l’EDTV.

— Veuillez à laisser l’EDTV à jour en permanence : ne pas laisser la journée de la veille traîner le lendemain car ça embrouille l’enfant et casse les apprentissages posés jusqu’alors. Comme vu ci-dessus, on commence par la journée en cours. Si vous n’avez pas le temps de mettre à jour, laissez vide ou alors reportez l’apprentissage de cette compétence à plus tard dans l’année. Quand l’enfant est plus à l’aise, on va commencer à installer la journée d’après, puis laisser la journée d’avant, etc, … pour représenter la semaine complète.

– Pensez à prévoir quelques pictogrammes vierges, blancs, pour dessiner rapidement un événement imprévu. Ca peut dépanner. Inutile d’être Michel-Ange, vous verrez que souvent, avec une petite explication simple, même un croquis très grossier permet de comprendre ce qui est dessiné.

D’un point de vue plus matériel :

Le support :

Tout est possible pour le support : une surface magnétique, un tableau velleda, une toile bon marché, une planche de bois, etc, … ainsi que pour les méthodes d’accroches : scratch autocollant (en magasin de tissus), colle repositionnable, scotch aimanté, vinyls transparents, …
L’important est qu’il soit simple, fonctionnel, à jour, et épuré : sans fioritures (genre décorations Hello kitty, ou que sais-je) qui noieraient les vraies informations pertinentes.
Je trouve personnellement qu’il est bien pratique que l’EDTV de la journée soit transportable. Ainsi, je fabrique un EDTV personnalisé avec velcro et pochette de pictos : tout y est !

Les pictogrammes :

Evidemment, vous devez posséder une plastifieuse : j’ai acheté la mienne chez Lidl il y a plus de 10 ans et elle est toujours en pleine forme. On en trouve pour un budget de 20 à 30€. Les feuilles à plastifier s’achètent en grande surface, à Lidl lors des arrivages de bureau, chez Action de façon permanente, bref, très facilement.
Je vous conseille de découper puis plastifier les pictos de façon à laisser un débord autour : comme les pictos seront énormément manipulés, ils tiendront mieux dans le temps si il y a une marge transparente tout autour.

En ce qui concerne les illustrations : il est important de bien les choisir, que l’enfant comprenne bien de quoi il s’agit.
Par exemple, privilégiez une photo de sa maison plutôt qu’un schéma de maison qui ne serait pas forcément clair pour lui, prenez la photo de la tête de sa psychologue, plutôt qu’une silhouette qui écrit avec noté « psychologue », etc, …
Pensez à prendre les photos en vous imaginant à sa taille : cadrez plutôt sur le petit portail de l’école en contre-plongée  que sur le bâtiment pris en drone!

Veillez dès aujourd’hui à prévoir la suite : la taille des photos pourra être réduite au fur et à mesure pour laisser place à l’écriture seule quelques années plus tard. On peut également utiliser des pictogrammes : il en existe des gratuits sur le net (voir ci-après). Un EDTV doit être évolutif !

Voici un exemple d’un EDTV autogéré dans la chambre d’un enfant :

photo ETV legendé

Dans l’EDTV ci-dessus, les images sur les pictos ont été estompées puis supprimées au profit de mots écrits car cet enfant est entré depuis dans la lecture. Il adoooooore son EDTV : comme les informations y sont pertinentes, il le regarde chaque matin. On note qu’il y a parfois 9 pictos sur la journée (il n’y a pourtant plus les midis et couchers) : les pictos peuvent se multiplier car cet enfant a compris depuis longtemps le fonctionnement et peut donc accueillir une multitude d’infos sans être dérouté.

 

Les EDTV, ce qu’il faut retenir:

  • Souvent très mal conçus avec des pictos sans aucun sens ( Exemple : le début de la journée avec « je me lève », information d’aucune utilité vu que l’enfant est déjà debout devant son emploi du temps,  …)
  • Souvent non mis à jour : mieux vaut ne pas le faire que de laisser la veille !
  • Souvent pas adapté à l’enfant : semaine complète, journée qui se déroule avec un retour à la ligne (car impression sur une page A4 trop petite), pictogramme avec sympboles non acquis par l’enfant, etc, …
  • Ou plus adapté à l’enfant : picto « bébé » au lieu de l’écrit pour un enfant lecteur!!
  • Il est très précieux pour prévenir les troubles du comportement (car l’enfant peut anticiper ce qui va lui arriver)
  • Il permet de comprendre et de travailler les notions temporelles
  • Il engendre également des demandes : super précieux pour les enfants peu ou non verbaux, certains vont chercher des pictos intéressants (cadeaux de Noël, Foire de Nancy, aller voir Papy, …) pour les coller sur leur EDTV, ce qui est très agréable !
  • Attention, il peut « surhandicaper » si trop utilisé (aucune place au changement) et/ou non évolutif (ce qui est très souvent le cas!)
  • Comme pour les autres programmes, celui de la mise en place d’un EDTV doit être très individualisé, évolutif et adapté!!

 

Où trouver des pictogrammes ?

Donc, afin d’illustrer l’EDTV, plusieurs solutions s’offrent à vous :

  • Utiliser des photos de chez vous, des vrais lieux, d’activités, de personnes, … L’enfant se représentera tout se suite de quoi il s’agit. Attention néanmoins à ce qu’elles soient bien épurées !!
    • Exemple :  il y a la famille Dupont qui vient manger demain : hop, un picto « Famille Dupont avec une photo de la petite famille ».)
    • Exemple 2 : l’enfant sera vendredi soir chez son papa : on met en fin de journée la photo du « lit chez papa » qui va faire sens immédiatement pour l’enfant par opposition au « lit chez maman » qui est en bas de l’EDTV d’habitude.
    • Exemple 3 : il n’y a pas maîtresse Sophie aujourd’hui et c’est maîtresse Vanessa qui remplace, on met le « picto tête de Vanessa » au lieu de celui « tête de Sophie » (voire, si l’enfant a acquis la négation, on met « tête de Sophie barrée » + « tête de Vanessa » juste à côté).
  • Utiliser des pictogrammes peut être utile pour monter en abstraction et/ou lorsqu’on ne dispose pas de photo.
    Il existe des sites de pictogrammes payants, d’autres gratuits, selon ce que vous cherchez en degrés d’abstraction notamment.
  • Mon petit préféré et le plus connu étant celui d’Anne-Marie : https://www.lespictogrammes.com/
    Il s’agit d’une maman d’un ado autiste qui a pris les pinceaux pour aider son fils lorsqu’il était petit. Ses illustrations sont très connues, elles sont agréables et épurées. Elles sont genrées : récemment, Anne-Marie a mis à disposition tous ses pictos en « version fille ».
    Ces pictos sont cependant plus adaptés aux enfants « petits » car ont un côté enfantin qui est gênant je trouve pour les ado/adultes.
  • Mon second préféré est le site espagnol Arassac avec 5 illustrateurs qui ont fait un travail de dingue pour mettre à dispos une quantité incroyable d’illustrations (à chaque fois couleur et noir et blanc). Des traducteurs bénévoles du monde entier font que les moteurs de recherche sont accessibles dans plein de langues ! Vous le trouverez à l’adresse suivante : https://arasaac.org/
  • Un petit troisième, gratuit également, est Sclera : un site belge qui présente des pictogrammes uniquement en noir et blanc. Je le trouve intéressant pour les ados/adultes.https://www.sclera.be/

 

Pour aller plus loin :

Pour travailler sur la durée, on utilise souvent des timers. Ils permettent de se représenter non pas les heures mais les durées. Je consacrerai un article entier à ce thème car la bonne utilisation des timers est important tant pour la gestion du comportement que pour l’enseignement du « ressenti » de la durée.

Comme explicité brièvement ci-dessus, afin de borner les moments de la journée j’attribue des couleurs : le matin en vert, le midi en jaune, l’après-midi en bleu clair, pour le soir bleu-violet et le bleu marine pour la nuit.
Ce sont les couleurs que j’utilise après dans mes supports de travail sur le temps afin de coder les moments de la journée.
Par exemple, de 11h à 11h59 ce sera colorié en vert et à 12h00, ça devient jaune jusqu’à 12h59 et hop, 13h00, ça devient l’après-midi donc en bleu clair, etc,…
Un prochain article ainsi que des exercices sur le temps suivront et je mettrais les liens ici.

De plus, afin de circonscrire les moments de la journée, j’ai choisi (arbitrairement) de les borner selon ces critères:

– le matin : de 7h00 à 11h59
– le midi : de 12h à 12h59
– l’après-midi : de 13h00 à 18h59
– le soir : de 19h00 à 20h59
– la nuit : de 21h00 à 6h59.

En effet, sans heures butoires, il est très compliqué pour les enfants autistes (voire pour les neurotypiques!) de se représenter des concepts aussi flous que « le matin ». Voici une illustration ci-après des moments de la journée codés :

 

Voilà, cet article était un peu long, j’espère pas trop indigeste. 😉

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Drôles de Bobines

Voici « Drôle de bobines », un jeu assez ancien des Editions le Grand Cerf. Il est assez cher mais on le trouve sur internet assez facilement, notamment ici: Fiches gratuites à imprimer Drôles de Bobines 1.

J’ai imprimé le mien en petit A5, plastifié, troué et mis un anneau pour pouvoir l’emmener partout plus facilement.

 

C’est un jeu de langage, compréhension, dessin.

Le principe est simple : il y a des dessins très épurés ainsi qu’une description précise de ce dessin.
A partir de là, on peut faire des activités dans tous les sens : lire ou faire lire à l’enfant puis le faire dessiner, on peut demander à l’enfant de lire le descriptif et c’est l’adulte qui dessine mais encore, ce que je préfère, c’est que l’enfant décrive le dessin et que moi je dessine! Je peux poser des questions afin que l’enfant précise sa pensée, je peux faire exprès de me tromper car il n’a pas précisé un élément important, etc, …
En général, les enfants adorent quand c’est moi qui suis au travail et ils rigolent de mes erreurs!

On peut également faire dessiner le même d’après le modèle mais c’est dommage car on pipe un peu la possibilité de le faire découvrir en description pure par la suite. Pour redessiner des dessins simples, il y a d’autres supports sympas (Dessinetto, ou les cartes carrées sur mon site ici )

Cette activité travaille le vocabulaire : formes, couleurs, caractéristiques, repérage dans l’espace, les consignes complexes, les déductions, etc, …  et la flexibilité mentale (car même en suivant les consignes pas-à-pas, on ne peut jamais obtenir exactement _ au sens autistique du terme_ la même illustration)…

 

Pré-requis :
Pour beaucoup d’enfants, il faut travailler des notions d’espace sur papier antérieurement (au centre, en haut à droite, etc, …), le vocabulaire précis : différence entre un point et un rond, …

A noter :
Une nouvelle version est sortie récemment, « Drôles 2 Bobines » et ça, c’est assez chouette quand on connaît le premier par cœur! 😉

Support à imprimer :
Afin de faciliter le traçage des bobines dans un premier temps, je fais dessiner les enfants sur ce document où :
— il y a une guidance (un graaaannnnddd cercle léger pour servir de guide afin d’éviter qu’ils ne dessinent un tout petit rond et soient embêtés après pour tout placer)
— il y a la consigne adoptée à cocher : l’enfant a dicté, a dessiné ou encore a lu

 

Voici un exemple d’un exercice fait avec un enfant:

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Je, tu, [il/elle/prénom]

L’utilisation du pronom correct est bien difficile pour la plupart des enfants avec autisme. Même en les corrigeant systématiquement à l’oral, les erreurs persistent.

Dans ma pratique, je le travaille donc de façon intensive. Les pronoms les plus faciles sont, je trouve, le  « je », le  « tu » et l’utilisation du prénom de la personne dont on parle et que l’on remplacera ensuite par son pronom : il ou elle.

 

Une chouette idée de support pour un entraînement sympa


Voici une idée que j’avais eu pour un enfant et que je peaufine et continue depuis.
Il faut tout d’abord sélectionner une série de verbes faciles, puis plus complexes, de la vie de tous les jours. Il faut privilégier les verbes susceptibles d’être le plus utilisés par l’ enfant et/ou sa famille : fait du vélo, dessine, tond la pelouse, …

Il y a cependant des verbes  « valables » pour tout le monde, voici des exemples de verbes que j’utilise d’ordinaire :

  • je bois,
  • je dors,
  • je joue à la tablette,
  • je regarde la télé,
  • je mange, ……
A : l’enfant               B : la maman             C : moi (Camille)

Il faut ensuite faire les photos des différentes actions réalisées par les différentes personnes. Pour que cet exercice ait un sens, il faut au moins 2 personnes en plus de l’enfant. Ces deux personnes doivent être des personnes qui travailleront avec l’enfant. Pourquoi? c’est tout l’intérêt du changement de focus, nous allons le voir tout de suite.

 

Comment utiliser ce support?

Au début de l’enseignement, choisissez les verbes faciles.
On mélange les photos et on pioche chacun son tour!

Je commence par piocher, selon les possibilités, je dirais par exemple « je/ tu/elle (la maman) +verbe». Puis, c’est l’enfant qui pioche une nouvelle image et qui devra dire « je/tu /elle + verbe».

L’enfant ne devra pas plaquer automatiquement « je » quand il s’agit de moi (Camille) sur la photo. 

De plus, en travaillant avec une autre personne, à part son « je » (car il reste lui-même!) les autres pronoms vont changer. Il ne pourra plus dire « tu » quand il voit une photo de Camille et qu’il est en train de travailler face à sa maman : il faudra dire « elle » pour une photo de Camille et « tu » cette fois pour les photos de sa maman.
Il y aura donc un grand effort de flexibilité pour adapter en permanence!

Afin que l’enfant n’encode pas automatiquement  « tu » = Camille et « elle » = maman, il faudra travailler de façon équilibrée dès le départ avec Camille ET la maman, afin d’éviter une automatisation difficile à lever par la suite.

Tout ça pourra également être enrichi au fur et à mesure avec des possessifs du type : « elle met SES chaussures », « tu mets TES chaussures» et « je mets MES chaussures », etc, … Les joies de la langue française! 😏

 

Il n’est pas du tout facile de créer un jeu « générique » autour de ces notions. Je trouve néanmoins que l’idée de « Décline Je Tu » de Virginie Dubois (de chez Cit’inspir) est vraiment sympa ! Voir l’article qui est consacré à ce jeu ici !

Publié dans Aide à la création de supports, Motricité fine, Pré-graphisme

Labyrinthes

Les labyrinthes font partie des jeux papier « basiques » pour les enfants.
Il permettent de travailler la coordination œil-main et la logique.

Honnêtement, peu d’enfants aiment ça, en tous cas dans ceux que je connais …

Ils font parties des évaluations classiques :

  • ABLLS-R : B27, en performances visuelles : où on évalue le tracé d’un point de départ à un point d’arrivée, avec une notation de 1 (peut tracer quand il n’existe qu’un choix de parcours) à 2 (labyrinthe présentant au moins 3 choix de parcours)
  • VB-mapp : Jeu 15 M, non pas pour les performances visuelles mais pour la capacité à s’engager seul dans des activités préscolaires de dessins ou d’écriture pendant 5 minutes (ex: tracer des lettres et des chiffres, labyrinthes, coloriages codés, …)

Mon amie ergo m’a conseillée de « fermer les chemins » lorsqu’ils mènent à des culs-de-sac, ainsi l’enfant comprend la voie comme étant sans issue.

Les labyrinthes permettent de voir où en est l’enfant dans la planification. Si il trace systématiquement jusqu’à arriver « dans le mur », c’est qu’il n’anticipe pas sa trajectoire. Au contraire, si on le voit faire une pause avec son stylo à une intersection et regarder les possibles, on peut se dire qu’il anticipe la tâche à effectuer, ce qui est une super compétence!

Evidemment, comme pour les autres activités, les labyrinthes doivent être présentés crescendo : un seul chemin large et peu sinueux (qu’on ne peut pas nommer en tant que tel un labyrinthe mais qui entame ce type d’activité), jusqu’à un gros labyrinthe avec des angles et avec plein de possibilités de choix.
Ci-dessous, le tout début d’un labyrinthe (lors d’une évaluation Abllsr avec une tite fille)

Pour fabriquer les vôtres, vous pouvez utiliser des générateurs comme celui-ci. Ou bien en dessiner vous-même, comme moi ci-après, afin d’être precis sur les nombres de choix, de chemins et la complexité croissante.

Remarque: les fiches labyrinthe sont plastifiées et j’utilise des crayons WOODY, ils ne sont pas donnés mais c’est vraiment plus propre et plus durable que les velledas. Ils s’effacent avec un chiffon légèrement humide.

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Les boutonnières

La première étape dans les boutonnières est que l’enfant comprenne le principe : faire glisser le bord du bouton dans la fente.

Quand on regarde un enfant mettre un bouton, si il n’y parvient pas, c’est souvent qu’il tente d’enfiler le bouton par son centre (là où il y a la couture) et non par le bord de la tranche du bouton. Du coup, en procédant ainsi, il faudrait que la boutonnière soit un  « trou en cercle » et non un « trou en fente » ….

Mettre un bouton requière d’avoir acquis une bonne pince bidigitale (avec deux doigts) car il faut pincer pour pousser le bouton dans la fente et le rattraper avec l’autre main en pinçant également avec deux doigt pour tirer, voire même repincer de nouveau pour dégager le morceau de tissu.

Lorsqu’on boutonne un vêtement, on a également la contrainte d’avoir plusieurs boutonnières serrées sur une même bande de boutonnières. De plus, le fait que cette bande soit cousue au reste du vêtement limite les possibilités de manipuler librement pour boutonner. De plus, lorsqu’on boutonne sur soi (qui est le but final de cet enseignement), on a une vue plongeante et verticale sur la tâche. Enfin, souvent, les boutons les plus  « fréquents » sont ceux en traction : mettre un bouton de jeans avec un bidon qui écarte bouton et boutonnière rend la tâche encore plus complexe!

 

Quelques étapes décomposées

 

Du coup, on travaille avec des boutons du plus gros au plus petit, et également en adaptant le support :

Le ruban à boutons

C’est une activité que les enfants apprécient bien. Il s’agit d’un ruban avec aux extrémités deux boutons de tailles différentes (le plus petit sera plus facile à enfiler…) ainsi que des petits carrés de tissu ou de feutrine avec une boutonnière ou à défaut, juste une fente.
Remarque pour la fabrication : les petits carrés de tissu sont très faciles à réaliser, demandez autour de vous si vous ne savez pas coudre. Il suffira, une fois réalisés, de coudre une boutonnières au milieu du carré de tissu. C’est une belle façon de recycler les chutes de tissu! Si vous êtes professionnels, je vous conseille de les faire de cette facon car si vous utilisez de la feutrine avec une petite fente, votre matériel sera rapidement abimé.

      

Si vous en faites deux, vous pouvez créer un petit jeu :
Chacun prend un ruban à boutons et on met les carrés de tissu au centre de la table. Vous lancez un dé de couleurs (il suffit d’un cube de bois dont vous coloriez les faces) et prenez un bout de tissu correspondant. Le premier à avoir 10 / 6 carrés ou encore un de chaque couleur (tout dépend du niveau de l’enfant) a gagné ! 

   

Le bouton à fleurs

Alors succès garanti : j’ignore pourquoi, les enfants le demandent parfois même en renfo !! 
Pour la réalisation : un morceau de nappe/toile cirée d’environ 20 cm sur 16 cm, un rectangle de tissu en coton (pour éviter que ca ne glisse) de la même taille pour le dessous. Coudre comme pour les petits carrés de tissu ci-dessus, retourner l’ouvrage, coudre au centre un gros bouton en veillant à laisser une longue tige d’attache sous le bouton (voir la photo) de façon à laisser la place d’y loger les 3 fleurs qui viendront se boutonner dessus. Attention, mettez sur l’arrière un petit bouton (comme sur la photo) de façon à prévenir l’arrachement du tissu si l’enfant tire trop sur le gros bouton devant. 
Enfin pour faire les fleurs, personnellement, j’en ai fait trois dans mes chutes, le recto-verso diffère et sont de 3 tailles différentes. Attention : afin de faciliter le boutonnage, prévoyez de faire des boutonnières plus longues que vous ne l’auriez faire d’ordinaire pour un « vrai » ouvrage.

   

   

 

La bande crescendo 

Il s’agit ici d’une bande de tissu avec des boutons placés du plus petit au plus grand. Au début de l’enseignement, on demandera à l’enfant uniquement la manipulation du grand bouton se trouvant à l’extérieur de la bande. Petit à petit, au fur et à mesure des progrès, on déboutonnera et reboutonnera les boutons de plus en plus petits.
Voici un visuel : tout à gauche la bande entière, à droite avec un bouton ôté, encore à droite avec 2 boutons ôtés, etc, … jusqu’à la déboutonner complètement. 

 

Puis ensuite …

Vous pourrez utilisez des cadre type montessori où il faut boutonner « une gauche » avec « une droite ». Puis, ce même cadre mais retourné et placé sur le ventre de l’enfant afin de s’habituer à mettre des boutons en situation naturelle ensuite, puis sur de vrais habits! 

 

La réalisation de ces différentes étapes permet de ne pas lasser l’enfant et de le laisser expérimenter sans le guider physiquement advitam eternam.