Pour travailler sur les intrus, il faut avant que l’enfant ait bien compris l’idée du « même ».
Afin de vous assurer que l’enfant ait compris différent / identique, je vous conseille de travailler les activités de cet article.
Dans la notion d’intrus, on a l’idée qu’au sein d’un ensemble, un élément (ou plusieurs) va se démarquer des autres. Plus la différence entre le lot d’objets et l’objet cible (le fameux intrus) sera importante, plus ce sera facile. Et inversement.
Comme d’habitude, on va travailler avec une difficulté crescendo …
Au niveau vocabulaire, il est intéressant de connaitre le mot « intrus » mais on utilise préférentiellement le terme « différent » car il est plus écologique : en effet, dans la vie quotidienne, il faut reconnaitre qu’on n’utilise pas souvent le terme « intrus »!
De la même manière on utilisera les termes : « le même », « pareil », « égal », « identique », etc … petit à petit.
Voici donc, en images, des progressions possibles …
Premières étapes : en réel
Il faut présenter à l’enfant pleeeeiiiiiiiiinnn d’items strictement identiques et un très différent. On peut associer une verbalisation du type « oh oh …. non » en le retirant. Ceci afin que le jeune remarque que cet item n’a « rien à faire là ».
Plus les autres seront nombreux et identiques, plus ce sera facile de retrouver l’intrus qui sautera aux yeux !
Etapes suivantes: sur images avec ensemble restreint
Petit aparté quant aux outils de sélection :
Sur images, on ne peut plus « retirer » l’intrus, il va donc falloir symboliser ce retrait par quelque chose. Je vous conseille vraiment de ne pas utiliser de jetons transparents. Il est important que l’enfant associe « le retrait » à « une croix » car c’est un symbole souvent utilisé pour représenter la négation. Pour cette même raison, éviter de chercher un intrus en l’entourant, en tous cas au début de l’enseignement.
Comme vu dans un article précédent, le fait d’être un peu rigide sur « entoure = sélectionne » et « barre = exclure » va clairement vous aider quand vous ferez faire des raisonnements type « qui est-ce ».
Outil d’exclusion : des croix
Pour faire les fameuses croix : j’imprime des contours de croix sur un papier rouge et je les découpe. Puis, je les aligne dans une feuille à plastifier et je les découpe en carrés.
J’ai fait différentes tailles pour pouvoir se prêter à tous les supports possibles. Edit du 24/07 suite à demande : le pdf des croix vierges est ici.
Sur la deuxième image, on voit un exercice papier sur les intrus : on met une croix sur celui qui n’est pas de la même catégorie. Plus tard, vous pourrez ne plus travailler avec les « sélecteurs externes » et faire pointer à l’enfant l’intrus.
Les prémisses de la justification 🙂
Ce qui va être intéressant avec ces activités de recherche d’intrus, c’est que l’on va pouvoir demander à l’enfant de justifier le « pourquoi? » cet item là est à exclure! Et ça, c’est vraiment chouette.
Pourquoi on barre le jaune? parce que c’est pas un violet.
Pourquoi pas la voiture ? parce que c’est pas un animal, …
Ensuite, on pourra travailler les intrus de catégories, intrus de calcul, intrus de caractéristiques, de fonction, on peut également comparer des boites dont une des masses est différente, retrouver des intrus en situation « naturelle » : un feutre dans un lot de crayons, une cuillère dans un ensemble de fourchettes, … bref, c’est illimité !
Très rapidement dans les prises en charge, je travaille sur le fait de mettre ensemble deux choses identiques, strictement ou non, puis, plus tard, des items qui ont un critère ou une fonction identique.
Un exemple du travail de « le même » apparait ici. Cette compétence est socle, elle permettra de manipuler beaucoup de notions par la suite.
Bref, très tôt, on va exercer la discrimination entre le « pareil » et le « pas pareil ». ATTENTION, comme souligné maintes fois ici, il faut être vigilant quant aux termes utilisés : on privilégiera le terme « différent » (plutôt que « pas pareil ») afin de ne pas faire apparaître la confusion liée à la négation.
Il y a des années déjà, je me suis rendue compte que contrairement à ce que l’on peut penser, l’enseignement du signe égal était vraiment facile à mettre en place. Les enfants le comprennent bien car ils prennent conscience que ça matérialise le sens de « c’est pareil », une des premières notions que l’on enseigne en rééducation cognitive.
L’intérêt de cet enseignement ? en mathématiques, mais pas que !
On peut s’étonner de l’enseignement de ce signe mathématique si tôt mais il va nous permettre de coder et de pouvoir échanger autour de propriétés avec des enfants qui sont en difficulté. On part du strictement identique puis, on va introduire la comparaison entre 2 objets on pourra introduire petit à petit la comparaison par rapport à un critère donné. Grâce à ce langage symbolisé on va pouvoir avoir accès à des comparaisons impossibles en temps normal avec des enfants présentant des troubles du langage importants.
Cette compréhension du signe « égal » va permettre de « coder » le pareil, et également de se préparer au futur langage mathématique. En effet, les études montrent depuis 20 ans que les enfants ont souvent des problèmes en calcul par mauvais enseignement de ce système d’égalité. En effet, ils le traitent souvent de manière opérationnelle (et non relationnelle) et donc, tout ira bien quand ils sont face à un calcul conventionnel du type « 4 + 5 = ? » mais ils n’acceptent pas la phrase mathématique « 9 = 4 +5 ». Ces études étant basées sur des neurotypiques, on peut aisément se dire que sur des personnes autistes moins flexibles, ça va être vraiment compliqué !
Le égal doit être compris comme une relation entre deux éléments et non comme une demande plaquée de résultats.
Sherman (2009) souligne qu’il est très profitable aux élèves de pouvoir manipuler : qu’ un exercice comparatoire proposé sous forme d’objets sera résolu plus rapidement, avec moins d’erreurs, plus de précision et de meilleures justifications quand aux procédures utilisées qu’un qui est proposé de manière symbolique ( c’est-à-dire en phrases mathématiques) mais surtout, que ces capacités acquises par les enfants leur permettaient d’accéder à des problèmes symboliques par la suite. Les auteurs concluent donc que « l’expérience avec des problèmes d’équivalence non symboliques va conduire à des améliorations en ce qui a trait aux problèmes d’équivalence symbolique ».
Bon, en résumé, si l’enfant manipule des objets pour traiter des opérations, il comprendra mieux et ce sera plus facile ensuite quand il aura des opérations en phrases mathématiques à résoudre. Donc, on y va, on va mettre en relation de vrais objets avant de passer au symbolique …
Voici donc des exemples d’activités à réaliser avec les enfants, et ce même si les notions mathématiques paraissent (encore) non abordables !
Pareil VS différent ?
Pour introduire facilement cette notion de pareil/différent, on manipule de vrais objets ou des images mais on ne passe PAS directement avec du papier-crayon et des concepts mathématiques.
Au début, on utilisera des objets qui sont strictement identiques et strictement différents et on verbalise le mot clef : « pareil » ou « différent ».
Sur les photos ci-dessous, le jeune dit « pareil » et on voit également qu’il signe (avec la Langue des Signes Française) le « c’est pareil » (deux index qui se tapent2 fois) et le « c’est différent » (qui commence par une croix avec les doigts qui s’écartent ensuite).Je ne lui ai pas appris, il le fait car je l’ai fait au début pour appuyer mon verbal.
Deux chaises strictement identiques. Le jeune signe ET verbalise : « pareil »
Avec des images strictement identiques ou différentes.
Pour les images, j’utilise des Memory où il y a toujours les illustrations en double.
Cela permet de bien voir si l’apprenant comprend le fait qu’on compare 2 éléments entre eux et cela aide également à la verbalisation (j’associe aussi systématiquement les signes en LSF « égal » et « différent »). Ces signes permettront aux plus grands d’acquérir du vocabulaire et de transférer les mots « égal / égaux / pareil / similaire / identique / semblable: … » ainsi que les mots : « différent / pas pareil / distinct/…
Avec des quantités strictement identiques ou différentes.
L’utilisation du tapis permet de bien isoler les deux éléments de la comparaison.
Avec des quantités semblables (non identiques) ou différentes.
Comme les manipulations ci-dessus étaient acquises, j’ai continué avec la jeune. EDIT octobre 24 : voici un PDF en noir et blanc.
Il s’agit de mettre ensemble des éléments qui ne sont pas identiques mais qui sont semblables. Vous trouverez dans ce PDF des exercices où il y a des strictement identiques et des semblables à comparer.
Ci-dessous, elle parvient bien à comprendre tous les types de configuration …
Vous pourrez prendre des jouets ou des objets de la vie quotidienne.
Pour faciliter les choses, vous pouvez utiliser un « tapis de comparaison » (dernière page du PDF) afin de bien cadrer l’activité. Puis, travailler sans ledit tapis.
Autres version, cette fois sans tapis :
Pareil ou différent : oui mais avec quel critère ?
Puis, une fois cela bien acquis, on va les comparer sous un critère particulier, qu’on va mettre en picto afin que l’enfant comprenne bien qu’on se réfère à quelque chose de précis et que la comparaison ce fait AU REGARD de CE critère.
En prenant d’autres supports :
Mais comparons ces ordinateurs :
Si on compare cette brouette bleue et cette pelle bleue :
Ensuite, toujours en utilisant le tapis de comparaison, le jeune va devoir placer parfois le signe mathématique (égal / différent), parfois le pictogramme du critère (au niveau de la couleur? de l’objet? de la quantité? …), et parfois, le jeune devra compléter le tapis par un objet qui répond aux consignes (par exemple, quelque chose qui est pareil en couleur) en face.
Ensuite, on a changé de support pour utiliser les vêtements de « dans ma valise » (le PDF sera à télécharger dans un prochain article 🙂 ) :
On recompare dans tous les sens, l’enfant doit parfois placer le bon vêtement, parfois le bon critère (la forme? la couleur? le motif? la taille?) , parfois le bon signe mathématique !!
Vous pourrez également vous baser sur des jeux que vous avez chez vous : Colorama, Match master, Un menu bien épicé, ou encore Catch it : tous ces jeux avec du matériel avec des couleurs différentes et identiques sont utilisables pour travailler ces comparaisons.
Si vous avez des doutes quant à l’accessibilité de ces exercices pour votre jeune, allez par là afin de le ré-entrainer à manipuler des critères différents.
Ci-dessous, voici une adaptation du jeu « Match Master » où l’enfant doit me dire (via les pictogrammes disponibles) si les collections sur les cartes sont similaires en quantité, en couleurs ou en animal.
On peut ensuite inverser l’activité : on met une carte et un signe égal avec un critère et on laisse plusieurs carte au choix pour l’enfant. Le jeune doit ensuite choisir parmi les X cartes celle qui correspond au critère évoqué.
En fonction des choix que vous laisserez, l’exercice sera plus ou moins facile.
Un PDF pour des exercices papier
Voici maintenant un format papier, qui interroge de différentes façons sur cette notion de pareil VS différent. Les conseils d’application sont en première page du PDF.
Quelques pages avec des objets strictement identiques : il faudra mettre un « égal » ou un « différent » :
Des pages où il faut mettre la bonne image, celle qui correspond au critère évoqué :
Des pages beaucoup plus complexes, où il s’agit de dire/ coder sur quel critère les items sont similaires : couleur, objet, forme ? (à l’aide de pictogrammes dessinés pour l’occasion !)
Ici, je travaille en mode « libre » sur des comparaisons afin que m’assurer que l’enfant n’a pas appris par cœur mais qu’il a bel et bien compris ce que je lui demandais.
Pour aller plus loin …
Afin d’aller plus loin dans cette notion, vous pourrez trouver des jeux intéressants tels que le jeu SET (un classique des orthophoniste) ainsi que le jeu de chez Imag’ines « qui se ressemble s’assemble » dont je parle dans cet article et que j’aime beaucoup utiliser dans tous les sens. Vous pouvez également reprendre le jeu « speed des habits » que vous pouvez télécharger sur la page citée plus haut ( là ) et avec lequel vous pourrez travailler avec des cartes deux par deux en demander à l’enfant quel est leur commun (quantité? couleur? objet (habit) ?)
J’ajouterai ici dans quelques temps les jeux que j’ai crées autour de ce thème. En attendant, si vous connaissez d’autres jeux du commerce, laissez un commentaire ! 😉
Petit jeu de cartes accompagné de 6 figurines Dora en plastique, je trouve ce basique bien sympa.
Il ne se vend plus en neuf à ma connaissance mais est très présent sur le marché de l’occasion à environ 5€.
But du jeu
Avant tout, il y a 3 niveaux de difficulté dans les cartes selon la couleur de fond. Choisissez les fonds verts pour débuter.
L’objectif est d’attraper le plus rapidement possible le personnage le plus représenté sur la carte. Par exemple, ci-dessous, il y a 3 fois Véra, il faut donc attraper la statue du lézard vert !
Aménagement du jeu
J’ai eu quelques enfants qui voulaient me mettre absolument les statuettes du ou des personnages qui n’y figuraient pas. Je pense que c’est un peu de ma faute car je travaille beaucoup la notion de « qu’est ce qu’il manque ». Du coup, pour ces deux-là et pour les autres, j’ai fait un PDF avec une grille de données à remplir en fonction de la carte donnée.
Dans le PDF, il y a 2 tableaux différents :
– un simple où il faut écrire la quantité (ou coller un chiffre si l’enfant a des problèmes moteurs trop importants)
– un plus complexe où il va falloir cocher la bonne quantité dans un tableau à double-entrée.
Vous pouvez également utiliser les cartes pour que l’enfant travaille seul.
Pour cela, vous imprimez cette grille, plastifiez et découpez les personnages.
Ci-dessous, l’exemple d’une louloute qui travaille seule, elle écrit les quantités, elle efface, elle prend la « carte traitée » et la pose à l’envers en haut de l’espace de travail et renseigne à nouveau les quantités de la carte à traiter et hop, elle retourne la carte en haut et traite la nouvelle et ainsi de suite ….
Vous sélectionnez 3 cartes et vous en donnez une à l’enfant . Il doit mettre le picto du personnage le plus représenté sur la carte, il met l’ensemble sur le coté de la table, puis, il prend la carte suivante et fait de même, et la troisième idem.
Vous vérifiez ensuite la série afin que tout soit OK et là seulement vous renforcez le comportement.
Ci-dessous, pour les enfants pour qui il est compliqué de dénombrer des collections desorganisées comme celles qui figurent sur les cartes, vous pouvez utiliser ces étiquettes
Ci-dessous, j’ai sélectionné pour l’enfant une série de petites quantités d’images (2 Dora, 3 Véra, 1 babouche) et il doit cocher la quantité de chaque. Il s’agit d’un support à la main griffoné en séance pour faire le pont avec l’activité d’apres …
Celle-ci ! où il y a beaucoup plus de personnages. Dans cette activité, je n’utilise toujours pas les cartes du jeu, je continue à façonner avec mes petites étiquettes rondes afin que mon petit élève soit plus à l’aise. Semaine prochaine, on fera avec les vraies cartes, où les collections sont désorganisées.
Variantes possibles
Idée 1:
Vous connaissez mon amour pour la flexibilité mentale : alors hop, vous prenez un dé et vous collez 3 étiquettes (ou gommettes) « + » et 3 étiquettes « -« . On lance le dé à chaque tour et on retourne une carte. Il faut trouver:
Si c’est un + : le personnage le plus représenté (comme d’habitude)
Si c’est un – : le personnage le moins représenté (ou absent)
Idée 2:
On peut aussi mettre deux (ou plus) cartes sur la table et on pioche une statue au hasard dans le sac (qui est fourni dans le jeu). On doit trouver la carte où le personnage pioché est le plus représenté.
Idée 3 :
Comme ci-dessus on sélectionne une statuette et on donne quelques cartes à l’enfant, il devra les trier par ordre croissant ou décroissant de la quantité du personnage donné.
Si vous avez d’autres idées !! n’hésitez pas ! 😉
Au fait, il existe aussi en Monsieur Madame … bientôt je l’aurai car même si ça fera double-emploi, j’adooooooooooore les Monsieur Madames …
Souvent dans l’enseignement des mathématiques avec les enfants en difficulté, on va trop vite …
Avant tout apprentissage des chiffres et des nombres, je travaille la notion de « beaucoup » et « peu », puis de « plus » et de « moins ».
Ces notions sont primordiales en mathématiques mais aussi, évidement, dans la vie quotidienne !
Au commencement …
Toujours commencer par de la manipulation. Les supports imagés sont bien pratiques mais doivent être réservés à l’évaluation (voir si un enfant sait ou non) ou à la généralisation et l’abstraction de la notion déjà acquise.
Évidemment, en début d’enseignement, on commence par comparer deux quantités très différentes : on met très très peu et vraiment beaucoup dans deux bols, bols idéalement identiques afin que la comparaison ne se fasse que sur le contenu du bol.
Dès le départ, il faut penser à présenter à l’enfant des quantités dénombrables (par exemple 3 billes dans un bol et 20 dans un autre, 5 cotons-tiges dans un bol, 20 dans un autre, ) mais également de l’indénombrable (une cuillère à café de riz et un bol rempli de riz dans l’autre bol, un verre de sirop presque vide et un verre presque rempli,…)
Par expérience, les enfants comprennent mieux au départ par de l’indénombrable. Surtout pour ceux à qui on a présenté la numération avant, lorsqu’on présente des exercices de « peu versus beaucoup », les enfants ont tendance à dire « y’a trois » si il y a 3 billes … car ils ont été conditionnés à la réponse quantité.
Concrètement …
Vous présentez donc deux bols identiques et vous demandez «montre/donne beaucoup » et vous guidez directement l’enfant vers le bon endroit. Attention : il ne faut pas laisser l’enfant tâtonner en essai-erreur au risque qu’il apprenne ses erreurs et qu’il s’embrouille.
Comme chaque fois qu’un enfant doit apprendre une notion inconnue, on l’oriente pour qu’il ait directement la bonne réponse.
Pour l’enseignement de deux opposés, comme ici, on doit travailler les deux notions conjointement assez rapidement.
On reste un moment sur un seul terme (par exemple « beaucoup ») puis on introduit l’autre (le « peu ») dès que le premier terme commence à émerger. C’est important que l’enfant comprenne à ÉCOUTER la consigne car évidemment, au bout de nombreux essais à toujours vous donner «beaucoup», il va falloir qu’il se concentre pour écouter et se dire que selon ce qu’on lui demande, il ne faut pas toujours donner le même.
Là encore, plus la flexibilité cognitive sera bonne, plus l’enfant parviendra rapidement à comprendre l’alternance.
Puis, en images …
On peut ensuite continuer en présentant des supports illustrés. Vous pouvez vous servir de ces pdf.
Le second fichier présente des illustrations plus compliqués, avec des pièges cognitifs. Suite à la remarque d’une copine orthophoniste, j’ai refait des dessins avec des quantités qui occupaient l’espace différemment : par exemple des « peu » qui occupent plein de place et des « beaucoup » qui au contraire sont très peu étalés. Ceci afin que l’enfant ne couple pas la notion de beaucoup et peu avec l’occupation de l’espace dans un endroit donné.
Une fois que l’enseignement « peu / beaucoup » est ok, on va introduire le «moins / plus » comme étant une extension de ces premières notions.
Je me suis aperçue que de cette façon, les enfants comprennent bien. Car ces deux notions sont finalement assez proches, « moins/ plus » apportant juste une notion de relativité supplémentaire.
Je présente donc à l’enfant deux récipients avec des quantités très différentes, comme on a fait avec « peu/ beaucoup » et je dis « donne moins» en guidant toujours immédiatement pour ne pas que l’enfant se trompe. Souvent le lien se fait entre peu et moins et entre beaucoup et plus.
Ordonner …
Ordonner n’est pas une compétence facile pour les enfants avec handicap.
Il va s’agir de mettre en ordre croissant ou décroissant des éléments : des quantités, des tailles oui, mais aussi des intensités, des séquences d’action, etc.
Je vous conseille de commencer par les tailles, car c’est, de fait, très visuel.
Voici un PDF (ici), adapté aux Boîtes à compter mais vous pouvez l’utiliser sans, évidemment. Il y a des tri à faire par taille mais aussi des chiffres à ordonner.
Ici, avec une fiche qui montre (des bulles) du plus petit au plus grand :
Ici, sans fiche et avec une consigne orale « tu mets du plus grand au plus petit », puis dans support physique, directement sur le bureau : « tu mets du plus petit au plus grand »
Enfin, voici deux derniers pdf avec des variations de quantités (cliquer sur les images pour télécharger le pdf) :
Pour la suite de cet article, je vous invite à aller par làlà
Il s’agit ici d’un jeu de chez Child’s play, composé de 112 cartes avec des dessins d’objets et leurs masses. Elles sont exprimées en grammes, kilogrammes (et quelques très rares items sont en tonnes.)
Les règles du jeu décrites sont simples : jeu de bataille classique où celui ayant la carte avec la masse la plus lourde gagne. Une seconde règle idem, mais c’est le plus léger qui gagne. Une troisième règle est décrite avec des prédiction : un premier joueur retourne une carte, un second pari que ce sera « plus lourd, plus léger/ moins lourd/ moins léger » et gagne la paire si sa prédiction est juste.
Il y a également d’autres formes de jeu possibles avec un meneur de jeu, pour une classe par exemple, où il faut deviner les poids et le plus proche du poids réel gagne, ou bien encore demande de les ordonner, etc, …. Bref, beaucoup de possibles !
En général, avant même de jouer à ce jeu, je manipule avec l’enfant des objets pour comparer « lourd » et « léger », puis avec des poids où il y a moins d’écarts. Puis, je fais trier de « vrais » objets qui sont moins lourds ou plus lourds qu’une brique de lait (une vraie, que je mets sur la table pour pouvoir la soupeser!). Ca permet déjà d’évaluer si c’est plus ou moins lourd qu’un kilogramme.
La plupart des cartes du jeu sont en grammes et en kilogrammes. Je commence en général par demander à l’enfant de faire 2 tas : un avec les objets dont la masse est en grammes et l’autre dont les masses sont en kilogrammes.
Puis, j’ai une image d’une brique de lait et on trie ceux qui sont moins lourds (à gauche) ou plus lourds (à droite) qu’une brique de lait : nous sommes alors qu’avec des représentations d’objets et non plus des objets réels. Je remplace petit à petit « l’image brique » par l’écrit « 1 kg = 1000 grammes ».
Toute la difficulté ensuite va être de ne pas se laisser tromper par les unités ni par les nombres!
Pourquoi l’enfant a plus de probabilité de se tromper en comparant [le serpent (11 kg) et les oranges (750 g)] plutôt que [la bague (4 g) et le cochon (210 kg)]?
Et bien lorsqu’on compare, il faut regarder évidement les unités ! l’enfant n’a pas l’habitude de cela.
En ayant juste à la comparaison [la bague (4 g)] est plus légère que [le cochon (210 kg)], il y a de grandes probabilités que l’enfant se soit basé sur 4 < 210, ce qui est juste car les unités coïncident (g<kg).
Attention, pour la comparaison du serpent (11 kg) et des oranges (750 g), ca va coincer. L’enfant aura tendance à valider « 11 kg< 750 g » tout simplement car « 11 < 750 ».
Cet écueil lui sera de plus en plus familier avec toutes les comparaisons d’unités qu’il devra connaitre : les unités de distance (km, m, cm, …), les unités de temps (heures, minutes, secondes, …), les unités que j’appelle « de calendrier » (année, mois, semaine, jours, …)
Cependant au début de ces enseignements d’unités, il faut être vigilent quant aux exemples qu’on présente de façon à s’assurer que l’enfant repère bien l’unité et pas uniquement la valeur absolue du nombre.