Publié dans Adaptations et critiques de jeux, Dénombrement, Maths, Motricité fine, Pince pouce-index, Visuo-spatial

Rings Up … attention

Voici Rings’up, de chez Gigamic. Dans l’idée, il mêle motricité, différentiation des mains, observation, rapidité, flexibilité mentale, …

Dans ce jeu, il s’agit de retourner une carte et d’enfiler sur son pouce les anneaux de couleurs comme stipulé sur la carte, le plus rapide gagne cette carte. Et hop, on continue …

Je l’ai depuis un moment, malheureusement, il sert peu.
Je trouve qu’il apporte une confusion entre la cardinalité et l’ordinalité, à moins bien sur de changer les règles du jeu.

Effectivement, il aurait fallu écrire sur les cartes « 1er », « 2ème », « 3ème » et non 1, 2, 3, … Car avec une consigne telle que : 1 [rouge], 3 [jaune], 2 [vert], … induit plus directement une quantité qu’une position sur le pouce.

Je l’utilise néanmoins avec certains enfants une fois la cardinalité bien installée et lorsque l’ordinalité commence. De plus, je verbalise systématiquement : «  le 1er est rouge, le 2ème est … » afin qu’il n’y ait pas de confusion et d’introduire les termes de l’ordinalité.  En général, l’enfant se met à verbaliser spontanément comme moi.

Blue Orange, l’éditeur, ùet à disposition des googides sur son site : on peut donc aller imprimer gratuitement des cartes d’extention du jeu ici.

 

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Mon premier Colorino

Le Colorino est un jeu très répandu, que l’on trouve très bon marché d’occasion.

Il est composé d’une planche transparente de 6X9 picots, de plusieurs planches illustrées avec des modèles colorés à insérer sous ces plaques, ainsi que des ronds de couleurs à placer aux bons endroits. 

Il permet de travailler la pince tridigitale (avant la pince bidigitale) ainsi que l’observation en plaçant en terme à terme les ronds colorés. Il est donc particulièrement indiqué dans les premiers jeux de manipulation, après les boîtes à formes.

 

J’ai découvert « mon premier Colorino » qui est composé du même matériel que le Colorino classique (article à venir sur le « Colorino classique » sur comment l’adapter et le détourner), mais avec une planche à transparente plus petite composée uniquement de 9 picots.

J’ai flashé tout de suite dessus pour sa possibilité de travailler non seulement avec les règles « normales » (pour les petits), mais surtout la possibilité de détourner ce support pour travailler les prépositions spatiales planes. Je m’explique …

J’ai créé des fiches de 9 ronds en 3×3 ronds de couleurs. Ces fiches servent tout d’abord à être placées sous la plaque transparente.

Comme ci-dessous : on place les ronds jaunes sur les emplacements jaunes, le rond bleu sur l’emplacement bleu,..

Puis, un peu plus complexe, on met le modèle ci-dessous en vert : l’enfant doit reproduire le même mais cette fois en transposant. L’indication n’est plus en transparence par dessous mais plus loin sur le même plan. Puis, on peut tout simplement mettre le modèle verticalement ce qui engendrera un changement de plan, difficulté croissante pour la plupart des enfants.

Puis, des configurations plus compliquées :

 

Une fois tout cela maîtrisé, on peut passer à la suite …. 😏

 

Introduire des termes visuospatiaux et mathématiques 

Je présente à l’enfant les différents cartes et je travaille les notions « tous » et « tous … sauf »:

En réceptif tout d’abord, avec les cartes :

– « donne-moi tous les verts » / « que des verts » / « uniquement des verts »
– « tous les rouges sauf un vert » / « que des rouges sauf un vert » / « que des jaunes sauf 3 rouges », etc, …

On peut également présenter un ensemble de cartes et demander « donne-moi celle sans vert ni bleu » ou « qui a ni bleu ni rouge », …

Puis, en production en manipulant le « mon 1er Colorino » :

Je reprends les cartes, en montre une et l’enfant doit faire ou me dicter ce qui est sur la carte. J’adore présenter ce genre d’exercices en alternant l’enfant et moi, souvent ils aiment nous voir travailler à leur place!

Cela permet de voir si les termes « tous », « sauf », « rangée », « ligne », « colonne » sont fonctionnels. Certains enfants me dictent patiemment « un bleu, et un bleu, et un bleu, … et ce 9 fois! » dans ce cas je guide « ahhh !! tous bleus?! » et redonne une autre fiche avec que des verts en attendant qu’il s’économise en dictant « que des verts » plutôt que de me dicter de nouveaux 9 fois « mets un vert ».

Idem pour ci-après la notion de colonnes : première colonne jaune, deuxième colonne rouge et dernière colonne bleue.
Ou « tous bleu et un seul rouge au milieu », ou « que des jaunes sauf un rouge au milieu », …


 

Ces petits exercices qui sont très ludiques pour les plus âgés, ils sont contents de retrouver les anciens jeux et cela permet de travailler des notions assez complexes, souvent peu connues et pourtant très utiles ! 

Publié dans Apport théorique, Fonctions exécutives, Langage oral, Mémoire de travail

Mémoires de travail et mémoires à court terme.

Voici un petit aménagement que j’ai tenté avec un de mes enfants dernièrement.

Je voulais différencier la mémoire à court terme visuelle et celle à court terme auditive. Bon, ce fut sans surprise pour ce jeune-là, (et pour les autres également, sauf 2 enfants non-autistes dont je m’occupe et qui ont d’autres pathos neuros) le résultat est que la restitution après modèle visuel est nettement supérieure à celle avec une entrée auditive.

Voici donc un petit tableau que j’ai crée, suite à un questionnement. En fonction du type d’entrée et du type de restitution, quelle est la mémoire la plus efficace avec mes enfants?
Ce qui parait assez logique, mon hypothèse de départ disons, est que les restitutions sans transformation (les zones grisées sur mon schéma) seront plus faciles que celles avec modifications. Ainsi, restituer verbalement quelque chose qu’on a entendu serait plus facile que restituer verbalement quelque chose qu’on aurait vu … Cependant, comme certains apprentissages sont surentrainés, peut-être que les résultats ne sont pas si évidents que ça.

Il semblerait, d’après mes tentatives auprès des enfants, que les résultats chutent quelque soit le mode de restitution demandé lorsque l’entrée est auditive …. l’attention et la mémorisation auditives semblent vraiment coûteuses ! Entrée auditive et restitution auditive semble la plus facile, c’est assez logique dans la mesure où il n’y a juste qu’à répéter en échoïque sans traitement particulier (mémoire à court terme et non mémoire de travail …).
Je pense néanmoins que le fait de souvent donner des supports visuels à ces enfants-là surentraine cette compétence déjà majorée naturellement.

En fait, ça fait un moment que je me creuse la tête pour trouver des idées de jeux ou supports afin de signifier à l’enfant la nécessite de mobiliser sa mémoire « sur demande ». Ce que je remarque au quotidien c’est que les enfants apprennent et retiennent par surexpositions mais sans volonté « intentionnelle » de retenir l’info. Si quelqu’un a des idées, je suis preneuse … 😉

L’utilisation de la sous-plaquette, qui permet de renforcer à 1/5ème de jeton, permet également de servir cette cause : l’idée est que tant que nous sommes sur cette plaquette, il faut que l’enfant conserve la séquence car il sait qu’il peut encore devoir restitué la séquence. C’est une guidance environnementale couplée à un renforcement en somme.

Mémoire visuelle …

-> Vers une production visuelle :

C’est la forme la plus facile car il n’y a pas de transformation à opérer. C’est une compétence souvent SURentrainée (malheureusement car au détriment des autres entrées) avec les enfants avec autisme.
Elle est néanmoins utile car elle permet de comprendre le principe de « se concentrer » pour « restituer ».

Vous pouvez par exemple utiliser les gobelets « crazy cups », ou « bluff dice », ou des légos ou tout autre matériel dont vous avez les éléments en double. Vous montrez à l’élève une construction à 3 éléments pendant quelques secondes, puis vous cachez sous la table / sous un chiffon et vous donnez les 3 éléments à l’enfant qui doit, de mémoire, refaire la même construction avec les 3 éléments dont il dispose. Il vérifie ensuite sa construction avec la vôtre.

-> Vers une production verbale :

Il s’agit d’abord de montrer une séquence de 3 items que l’enfant doit mémoriser, et ce pendant à peu près 5 secondes. Puis, je mets un cache. Je demande ensuite à l’enfant de me verbaliser la séquence qu’il vient d’observer.
– En restitution directe : OK
– En restitution différée : Aïe
– En restitution différée avec une tâche alternative : Aie, aïe; aïe …    🙂

L’utilisation du cache me permet d’être sûre que l’enfant comprenne la consigne, je repointe la boîte quand je repose ma consigne de restitution après une consigne intermédiaire.

-> Vers une production textuelle :

Evidemment, cela est réservé aux enfants « scripteurs fluides ». Pour les enfants dont l’écriture n’est pas automatisée, ce serait trop couteux. Il s’agit de montrer une série, la cacher, puis l’enfant doit écrire ce qu’il a vu. Comme d’habitude, on peut introduire des délai et déplacements au fur et à mesure …
On peut évidemment le faire avec un seul élément au début.
Exemple : On montre un chien et l’enfant doit écrire le mot « chien » sur un papier. Puis, on montre deux images une de fille et une de robot et l’enfant doit écrire « fille » et « robot » en lettres sur sa feuille.

 

Mémoire auditive  …

-> Vers une production verbale :

En pur verbal, j’utilise AUSSI ces petites cartes que j’aie dessinée, mais je ne lui montre pas pendant la consigne. Une fois qu’il donne oralement sa réponse, cela permet à l’enfant de vérifier de façon tangible si ce qu’il vient de dire est juste. Ainsi je « dicte » la couleur des pingouins : »jaune-jaune-blanc », puis l’enfant doit dire « jaune-jaune-blanc », c’est-à-dire, répéter cette même séquence.
Cette compétence est souvent demandée dans les bilans, cependant, je trouve l’intérêt limité dans la mesure où l’enfant répète « bêtement » quelque chose entendu sans le « traiter mentalement ». De plus, je me disais dernièrement que ça entraine peut-être l’enfant à échoïser tout et n’importe quoi (?) …

-> Vers une production visuelle :

Là, il va s’agir toujours de dicter les couleurs, mais cette fois de demander à l’enfant de produire une réponse visuelle. En l’occurrence, ici, d’aligner des personnages pingouins dans l’ordre donné. Je trouve intéressant de travailler cela en introduisant ensuite un petit délai, voire un petit déplacement … 😉
On peut également dicter des couleurs : « jaune-jaune-blanc » et l’enfant doit retrouver le bon exemplaire de séquences parmi, par exemple : « bleu-rose-blanc » « jaune-jaune-blanc » et « rouge-jaune-noir ». Plus les couleurs seront proches plus ce sera difficile !
Ici encore, vous pouvez utiliser les gobelets « crazy cups », ou « bluff dice » de chez Action, ou des légos ou tout autre matériel. Vous dites « bleu-vert-jaune » et vous donnez accès au matériel :  l’enfant devra reconstruire de mémoire la séquence dictée dans le bon ordre (aligner, empiler, peu importe …)

Support papier

Pour laisser trace de ce que je travaille en séance, j’avais crée il y a quelques années le support papier ci-dessous.
Dans le PDF, la première page est une activité avec 3 cibles et la seconde page avec 4 cibles. Vous pouvez imprimer celle dont vous avez besoin selon l’enfant.

Vous pouvez également introduire un déplacement en mettant les feutres sur un tabouret un peu plus loin du bureau pour augmenter la difficulté.

 

On peut s’en servir avec des tampons bingo, des tampons « normaux », des petits accessoires (dont le nom est bien connu de l’enfant évidemment) et pour les scripteurs : des lettres, des chiffres, etc, …

 

-> Vers une production textuelle :

Idem à ci-dessus, cela est réservé aux enfants « scripteurs fluides ». Pour les enfants dont l’écriture n’est pas automatisée, ce serait trop couteux. Il s’agit de dicter une série EN ENTIER, et après seulement, l’enfant doit écrire ce qu’il a entendu. Comme d’habitude, on peut introduire des délai et déplacements au fur et à mesure …

 

Bon, vous avez compris le principe, il y a 9 possibilités juste en considérant les 3 types d’entrées et 3 types de restitutions!
Je pense que ca peut être utile de travailler un peu tout dans tous les sens, en variant les cibles évidemment :
– des lettres
– des portraits de gens de la famille (avec restitution des prénoms des gens)
– des chiffres, …

Sachant qu’après, il est intéressant de le travailler en « mémoire de travail », en introduisant des TRANSFORMATIONS. Plusieurs articles traiteront de ce sujet (notamment ici) et donneront des idées d’activités car cette compétence est très importante pour le quotidien : on est tout le temps en train de se remémorer des petits éléments en les transformant, toute la journée, dans de nombreuses taches domestiques.

Publié dans Aide à la création de supports, Langage oral

Je, tu, [il/elle/prénom]

L’utilisation du pronom correct est bien difficile pour la plupart des enfants avec autisme. Même en les corrigeant systématiquement à l’oral, les erreurs persistent.

Dans ma pratique, je le travaille donc de façon intensive. Les pronoms les plus faciles sont, je trouve, le  « je », le  « tu » et l’utilisation du prénom de la personne dont on parle et que l’on remplacera ensuite par son pronom : il ou elle.

 

Une chouette idée de support pour un entraînement sympa


Voici une idée que j’avais eu pour un enfant et que je peaufine et continue depuis.
Il faut tout d’abord sélectionner une série de verbes faciles, puis plus complexes, de la vie de tous les jours. Il faut privilégier les verbes susceptibles d’être le plus utilisés par l’ enfant et/ou sa famille : fait du vélo, dessine, tond la pelouse, …

Il y a cependant des verbes  « valables » pour tout le monde, voici des exemples de verbes que j’utilise d’ordinaire :

  • je bois,
  • je dors,
  • je joue à la tablette,
  • je regarde la télé,
  • je mange, ……
A : l’enfant               B : la maman             C : moi (Camille)

Il faut ensuite faire les photos des différentes actions réalisées par les différentes personnes. Pour que cet exercice ait un sens, il faut au moins 2 personnes en plus de l’enfant. Ces deux personnes doivent être des personnes qui travailleront avec l’enfant. Pourquoi? c’est tout l’intérêt du changement de focus, nous allons le voir tout de suite.

 

Comment utiliser ce support?

Au début de l’enseignement, choisissez les verbes faciles.
On mélange les photos et on pioche chacun son tour!

Je commence par piocher, selon les possibilités, je dirais par exemple « je/ tu/elle (la maman) +verbe». Puis, c’est l’enfant qui pioche une nouvelle image et qui devra dire « je/tu /elle + verbe».

L’enfant ne devra pas plaquer automatiquement « je » quand il s’agit de moi (Camille) sur la photo. 

De plus, en travaillant avec une autre personne, à part son « je » (car il reste lui-même!) les autres pronoms vont changer. Il ne pourra plus dire « tu » quand il voit une photo de Camille et qu’il est en train de travailler face à sa maman : il faudra dire « elle » pour une photo de Camille et « tu » cette fois pour les photos de sa maman.
Il y aura donc un grand effort de flexibilité pour adapter en permanence!

Afin que l’enfant n’encode pas automatiquement  « tu » = Camille et « elle » = maman, il faudra travailler de façon équilibrée dès le départ avec Camille ET la maman, afin d’éviter une automatisation difficile à lever par la suite.

Tout ça pourra également être enrichi au fur et à mesure avec des possessifs du type : « elle met SES chaussures », « tu mets TES chaussures» et « je mets MES chaussures », etc, … Les joies de la langue française! 😏

 

Il n’est pas du tout facile de créer un jeu « générique » autour de ces notions. Je trouve néanmoins que l’idée de « Décline Je Tu » de Virginie Dubois (de chez Cit’inspir) est vraiment sympa ! Voir l’article qui est consacré à ce jeu ici !

Publié dans Ecrit, Matériel générique, Motricité fine, Pré-graphisme

Crayons ardoises Woody

Petit post sur le matériel : crayon Woody de chez Stabilo. Il semblerait qu’il change de nom et il devient depuis peu Stabilo Markdry.
Ils se trouvent dans les grandes surfaces.

Pourquoi ce Woody est-il particulièrement bien pour les enfants que j’accompagne ?
– car il est gros et facilité la prise tri digitale des enfants en apprentissage de l’écrit : dommage qu’ils ne soient pas triangulaires … mais c’est déjà pas mal !
– car il est « silencieux » et sans odeur, ce qui est important pour certains enfants hyper sensibles
– car il est gras et ne nécessite pas d’appuyer fortement pour marquer le support
– car il permet d’écrire à l’infini sur des surfaces lisses en permettant d’effacer au besoin
– car il est aquarellable et permet donc de travailler également avec de l’eau pour d’autres effets.

 

Particulièrement connu pour être utilisé sur le Velléda, ce stylo est très agréable à manipuler.

Ces stylos sont beaucoup plus pratiques que les feutres Velléda qui s’émoussent, sèchent, déclinent rapidement compte-tenu de ce qu’ils subissent avec les enfants? De plus, les feutres Velléda classiques ne s’effacent pas toujours très bien, surtout sur les supports plastifiés.

On peut effacer les tracés de ce crayon avec un chiffon humide, et hop, il n’y a plus du tout de trace ! Personnellement, j’aime beaucoup aussi le fait de laver la surface avec un peu d’eau sur un chiffon : cela permet d’apprendre à nettoyer.

Le gros avantage de cet outil est qu’il permet de tracer sur des feuilles plastifiées. On a donc une possibilité d’écrire à l’infini SANS ABIMER les feuilles plastiques : pas de traces ou d’auréoles colorées lorsqu’on efface.

   

Bref, une super astuce, et bonne nouvelle, de plus en plus de couleurs viennent compléter les classiques « noir, bleu, rouge, vert, jaune » du début et il existe maintenant des beaux violets, roses, etc. 😉

Publié dans Adaptations et critiques de jeux, Visuo-spatial

Colorama

Vieux jeu de base de chez Ravensburger avec des formes et des couleurs.
Il est composé d’un plateau avec un relief qui permet d’encastrer les pièces en plastique sur le plateau en carton.

On peut utiliser ce support avec différents niveaux de jeu :
– juste encastrer les formes
– utiliser un dé, l’un ou l’autre et prendre la conne forme
– les deux dés et combiner les deux critères : forme et couleur.

Dans la lignée de Candy, Catch it et les autres, c’est un grand classique qui est sympa et qui change un peu. Il se trouve souvent en brocantes ou sur des sites d’occasion.

Publié dans Aide à la création de supports, Motricité fine, Pré-graphisme

Labyrinthes

Les labyrinthes font partie des jeux papier « basiques » pour les enfants.
Il permettent de travailler la coordination œil-main et la logique.

Honnêtement, peu d’enfants aiment ça, en tous cas dans ceux que je connais …

Ils font parties des évaluations classiques :

  • ABLLS-R : B27, en performances visuelles : où on évalue le tracé d’un point de départ à un point d’arrivée, avec une notation de 1 (peut tracer quand il n’existe qu’un choix de parcours) à 2 (labyrinthe présentant au moins 3 choix de parcours)
  • VB-mapp : Jeu 15 M, non pas pour les performances visuelles mais pour la capacité à s’engager seul dans des activités préscolaires de dessins ou d’écriture pendant 5 minutes (ex: tracer des lettres et des chiffres, labyrinthes, coloriages codés, …)

Mon amie ergo m’a conseillée de « fermer les chemins » lorsqu’ils mènent à des culs-de-sac, ainsi l’enfant comprend la voie comme étant sans issue.

Les labyrinthes permettent de voir où en est l’enfant dans la planification. Si il trace systématiquement jusqu’à arriver « dans le mur », c’est qu’il n’anticipe pas sa trajectoire. Au contraire, si on le voit faire une pause avec son stylo à une intersection et regarder les possibles, on peut se dire qu’il anticipe la tâche à effectuer, ce qui est une super compétence!

Evidemment, comme pour les autres activités, les labyrinthes doivent être présentés crescendo : un seul chemin large et peu sinueux (qu’on ne peut pas nommer en tant que tel un labyrinthe mais qui entame ce type d’activité), jusqu’à un gros labyrinthe avec des angles et avec plein de possibilités de choix.
Ci-dessous, le tout début d’un labyrinthe (lors d’une évaluation Abllsr avec une tite fille)

Pour fabriquer les vôtres, vous pouvez utiliser des générateurs comme celui-ci. Ou bien en dessiner vous-même, comme moi ci-après, afin d’être precis sur les nombres de choix, de chemins et la complexité croissante.

Remarque: les fiches labyrinthe sont plastifiées et j’utilise des crayons WOODY, ils ne sont pas donnés mais c’est vraiment plus propre et plus durable que les velledas. Ils s’effacent avec un chiffon légèrement humide.

Publié dans Adaptations et critiques de jeux, flexibilité cognitive, Fonctions exécutives, Mémoire de travail, Visuo-spatial

Où est Monty?

Selon les éditions et rééditions de ce jeu de chez Beleduc, il est nommé « où est Monty? », ou « il est où le Minou? », ou bien « Trouve Monty », ou encore le titre dans sa version anglophone : « Find Monty ». 

 

 

Il s’agit d’un jeu sur les prépositions spatiales où il est question de dire où se trouve Monty, le petit chat gris. 
Le jeu est composé de petites cartes épaisses cartonnées avec photos de la scène, d’un dé, d’un plateau « sol » avec un tapis, d’un lit, d’un coussin bleu, d’une couette rouge et du chat Monty, qui est « réversible » (= imprimé des deux côté).
ATTENTION : ce jeu se joue …. de mémoire !  😉 enfin, si on peut …. en général, selon les faces du dé (et selon l’enfant évidement), je choisis de le faire de visu ou de mémoire. Même est regardant la carte, c’est loin d’être évident : le sens du chat est notamment source d’erreurs fréquentes. (Ce recto-verso, si il pose trop de problèmes, peut être travaillé avec d’autres types de supports plus adaptés entre temps.)

Le dé a 3 faces différentes :
– un lit : on doit reproduire ce que l’on voit sur la carte, c’est la consigne la plus facile du jeu. 
– une bouche : on doit verbaliser, décrire à l’autre comment aménager la scène pour reproduire ce que l’on voit sur la petite carte carrée.
– un bonhomme stylisé tête à l’envers : on doit reproduire la scène avec le modèle mais placé à l’envers … et bien ce n’est pas évident du tout !!  🙂

Publié dans Adaptations et critiques de jeux, Visuo-spatial

Colori, de chez Gigamic

Un petit jeu d’observation assez classique : Colori de chez GIGAMIC.

Il s’agit de trouver, comme dans un jeu de dobble, la même illustration sur les deux cartes. La difficulté dans ce jeu est que toutes les illustrations sont dans les mêmes couleurs : rouge, vert, bleu, et jaune.


Ce petit jeu est un classique, il se trouve d’occasion assez facilement. Son format ainsi que sa boîte en métal le rendent pratique à transporter!

Publié dans Théories et formations ABA

RDI : Développer la relation d’interaction avec son enfant atypique.

Depuis ma formation et mes recherches sur le RDI, de nombreux collègues me demandent en quoi cela consiste, ce que ça apporte, comment travailler cela concrètement, et ce que j’en pense globalement ….

 

Pour commencer, 

La mise en place intensive du RDI dans une famille avec laquelle je travaille a permis de superbes progrès. Beaucoup de personnes « extérieures » ont constaté qu’il était plus attentif, regardait plus l’autre, était plus présent, ..
Personnellement, j’ai été plusieurs fois surprise en séance par de « petites choses » très surprenantes quand on a l’habitude de  travailler avec ces enfants : l’enfant qui me maintient SPONTANEMENT un tampon encreur qui colle à la face du tampon, l’enfant qui me tend directement un stylo lorsque je balais du regard le bureau à la recherche de quelque chose pour écrire, ce même enfant qui branche la prise de mon chargeur quand il voit que je regarde le bas du mur, ce jeune qui me ramasse un jeu tombé de mon sac dans l’escalier alors que j’ai les mains pleines, …. 
Evidemment, toutes ces actions, l’enfant en question est complètement capable de les réaliser, ce qui est GENIAL, c’est qu’il le fasse spontanément, en déduisant de son environnement la tâche à accomplir !! 
Réellement, cet enfant a été métamorphosé par la mise en place par ses parents de ces tâches RDI.

 

Voici un point théorique sur ce qui me semble important. Attention néanmoins, ce n’est que mon interprétation et en rien un support «générique» : il s’agit de mon avis, qui vaut ce qu’il vaut !  😉

Les quelques bases théoriques que je relate ici sont issues de :

– RDI connect (site internet du Dr Gutstein et son équipe)
– Caroline Peters (formation RDI 2021)
– Lynda Murphy (RDI consultant depuis 2007)
– The RDI book de S. Gutstein : livre fondateur qui n’a pas (encore) été traduit en Français mais qui est accessible et très intéressant.

Les bases du RDI

Qu’est-ce que le RDI et quel est l’objectif du RDI ?
– RDI = Relationship Development Interaction
– Cette appellation est protégée : il faut suivre une formation, être supervisé et «cotiser» à l’organisme de formation pour obtenir son habilitation RDI consultant®.
– Ce programme a été développé pour les parents, par le Dr Gutstein.
– C’est un programme qui vise à (r)établir un lien social authentique et durable.

L’enfant doit : avoir un rôle dans l’interaction, faire sa part pour le maintenir et donc co-réguler, coordonner, collaborer.

Pourquoi je trouve que ça peut être chouette ?

– Avec le handicap, il y a une altération profonde du lien parents-enfant. Il devient malheureusement souvent «moins voire non-renforçant » à cause notamment de nombreuses extinctions de tentatives de communication de la part de l’un ou l’autre, de la difficulté dans l’échange, etc , …
– Parce qu’on peut « casser » cet élan avec ABA. L’ABA étant très structurée, surtout avec les petits niveaux, les séances sont en général cadrées, avec un contrôle instructionnel bien en place et de ce fait, cela peut éteindre les initiatives de l’enfant.
– Car, comme le précisait Caroline Peters dans sa formation sur le RDI, on observe que le social reste tjs déficitaire dans les vb-mapp
– Car l’enfant est souvent exclu des temps de tâches authentiques : il est donc «non participant » dans les activités de quotidiennes de propreté et rangement de la maison.
– Parce qu’on oublie de s’amuser nous … (tenter de trouver des activités qui soient aussi plaisante pour l’adulte tout en restant dans le partage de la même activité)

Historique :

Le RDI a été développé par Steven Gutstein et sa femme Sheely qui fondent en 1995 un centre RDI aux EU. Steven G. écrit notamment le RDI Book.

Le principe de base selon S. Gutstein :

D’après lui, il y a une « pièce manquante du puzzle pour les enfants avec autisme » qu’il appelle « dynamic intelligence » (= « l’intelligence fluide »).

L’intelligence fluide comprend :

  • Emotional Referencing : Apprendre des expériences émotionnelles des autres
  • Social Coordination : Observer l’autre et réguler son propre comportement pour participer dans les relations sociales
  • Declarative language : Utiliser la communication non-verbale pour exprimer la curiosité, pour partager des perceptions et inviter l’autre à interagir
  • Flexible thinking : Adapter, changer et modifier ses propres stratégies en fonctions des contextes
  • Relational Information Processing : (=Le traitement de l’information relationnel) C’est-à-dire, pouvoir résoudre des problèmes sans bonne réponse a priori, des problèmes qui sont ouverts avec des solutions infinies.
  • Foresight and hindsight : Traiter la prévisibilité, l’anticipation ainsi que la capacité à faire le point sur les expériences vécues et passées pour en tirer des conclusions.

OBJECTIFS de travail du RDI :

Le RDI est donc une intervention basée sur :

  • Une (re-)relation à destination des parents
  • La (re-)découverte du plaisir d’être en connexion
  • Des changements engendrés au niveau neurologique (on sait que les transmissions entre la zone pré-frontale (executif) et le système limbique (centre des émotions) se font très mal chez les TSA.)
  • Un caractère systématique et développemental
  • Une approche réaliste (même si c’est parfois de longue haleine)
  • Un programme précis (j’insiste sur ce point !!!)

Selon Gutstein, les parents doivent être les premiers guides de l’enfant comme c’est le cas chez les enfants neurotypiques. Selon lui, pour travailler le noyau déficitaire de l’enfant, on a besoin des parents et non des professionnels (mais euh …). Il serait également préférable idéalement que ceci soit travaillé avant l’apparition du langage verbal, comme c’est le cas chez tous les enfants.

Outils utilisés dans le RDI :

L’Ados, le RDA, et le RDQ. Ce dernier permet l’observation de l’enfant pour évaluer son développement relationnel. Le VB mapp nous permet de constater que des enfants ayant un « niveau 3 » n’ont cependant pas atteint le « niveau social 1 » d’un enfant de 18 mois ! Souvent car les professionnels ne savent pas le travailler, sauf en plaqué.

Steven Gutstein travaille sur trois niveaux :

Niveau 1 : Novice Niveau 2 : Apprentice Niveau 3 : Challenger
Attend Variation Collaboration
Reference Transformation Improvisation
Regulate Synchronisation Co-Creation
Coordinate Duets Running Mates

 

Regardons par exemple le niveau 1 :

Niveau 1 : Novice
Prérequis pour faire partie de notre monde ; à ce stade on attend juste de l’enfant qu’il se centre sur l’adulte, qu’il s’y intéresse. On développe le «Social Referencing».
– attente – référence – réguler – coordonner

La co-régulation est une clef pour la conversation : on échange sans mot au début : c’est ton tour, mon tour, ton tour, puis on laisse l’autre si il a commencé un geste (ou une phrase), on l’aide si il est en difficulté, il pose une question, on y répond, on en pose une autre, etc., .. Toutes les interactions sociales sont en balance comme ça avec une attention conjointe et un partage dans la réciprocité.

 

 

La Communication non verbale 

Tout d’abord, pour beaucoup de nos enfants, il faut d’abord développer le regard et l’attention continue. L’enfant regarde peu les visages, peu les gestes et/ ou pas longtemps. Il ne les identifie pas comme pouvant être des formes de communication. Il prête attention en revanche aux sons et aux consignes verbales : le canal auditif est très prioritaire. En conséquence, il loupe beaucoup d’indices interactionnels. On va dans ce cas travailler cette compétence de CnV.

On va développer la communication non verbale (CnV) de l’enfant : apprendre à lire la sienne et qu’il comprenne la nôtre.

  • Pour qu’il regarde nos gestes et mimiques
  • Pour qu’il focuse sur nous : les adultes ou ses pairs
  • Pour lui apprendre à mieux utiliser lui-même la CnV et à mieux se faire comprendre
  • Pour l’aider à comprendre les émotions et la théorie de l’esprit
  • Pour créer une situation d’échange et d’interaction plus calme, …

Voici des idées de jeux avec la CnV, (globalement, on peut faire les activités de d’habitude mais sans parler) :

  • 3 gobelets opaques, un smarties désigné par un regard
  • 3 gobelets de différentes couleurs, on regarde le gobelet dans lequel elle doit attraper la balle
  • Assis sur une chaise, le parent fait oui /non de la tête et l’enfant peut courir pour que le parent le lance dans le canapé ou le serre dans les bras
  • Jouer à « chaud-froid » mais avec des expressions du visage
  • Sauter ensemble d’une table basse en se donnant la main
  • On cache des chips avec un des parents et l’autre revient et l’enfant doit le guider pour retrouver les chips pour les donner.
  • Etc, …

Lorsqu’un enfant utilise sa communication non verbale, on va « le soutenir » en utilisant le langage déclaratif.

        Ex : l’enfant tend le pied pour qu’on lui masse, on va dire « ahhhh, je vois que tu veux que je te masse le pied ! » plutôt que d’exiger de lui une demande du type : « dis : « masse-moi ! » ». On présuppose alors que le langage verbal viendra tout seul, de façon plus adaptée et moins « plaqué ».

 

Les activités ou tâches à proposer, dites « tâches authentiques » :

Ce qui est important est d’avoir conscience que l’activité à partager n’est que le support de travail, et n’est en rien la cible. Par exemple, quand on décide de « mettre le linge sale dans le tambour de la machine à laver », l’objectif n’est pas qu’il sache faire ça, mais de partager (le plaisir ;-)) de se passer du linge de la main à la main, la joie d’aider l’autre à tirer le tiroir de lessive si il a une main prise par le bidon et l’autre par le bouchon, etc, …

Je pense donc que toutes les activités peuvent être faites ‘en RDI’, sous peine qu’on réfléchisse à comment les organiser pour favoriser cet échange. En RDI, on aime utiliser les ‘tâches authentiques’, c’est-à-dire, les tâches quotidiennes qui sont de « vraies » activités.

Comment choisir la tâche au tout début?

S.Gutstein remarque qu’il existe un type d’enseignement parents-enfant bien spécifique dans toutes les civilisations : c’est une relation d’apprentissage qu’il appelle : « participation guidée » (qui favorise les réseaux neuronaux dynamiques). Il oppose cela à « l’instruction » qui est une association de neurones avec des stimuli externes obtenue, quant à elle, par répétitions.

Le guide va donc devoir PREPARER des situations propices à l’apprenti afin d’offrir un défi cognitif qui soit juste un tout petit peu supérieur au niveau actuel de l’apprenti.

Il faut planifier dès le départ, on n’improvise jamais. On fixe une activité :

  • qui soit sympa pour l’enfant … et pour soi ! (L’enfant aime tomber sur le lit ? Rouler par terre ? Lancer des objets ?,…)
  • pour laquelle on fixera un cadre précis
  • qui soit au départ sans objet (jeux physiques par exemple). On peut utiliser un objet si le but n’est pas de l’obtenir mais bien de le partager (ex : une tablette VS un ballon)
  • si possible dans une pièce peu encombrée
  • qui soit très courte (3 mn max)

Pour trouver des idées, on peut regarder ce que fait l’enfant quand il ne reçoit pas de consigne, regarder ce qu’il fait avec ses jouets et apporter « un plus » à son activité. Ne pas lui demander « tu veux ça ? » car il risque de ne pas comprendre et le reprendre en échoïque.

Pendant l’activité, il faut :

  • donner à chacun un rôle, qui sera fixe au début
  • ne pas utiliser de communication verbale : on fait des gestes
  • attendre et ralentir

Le Langage déclaratif

En RDI, on travaille beaucoup le langage déclaratif

Cela permet :

  • De donner l’exemple de comment parler
  • Ça invite à faire, à participer, à parler sans contraindre
  • Ça pose le problème mais ça ne donne pas la solution
  • Ça favorise l’autonomie
  • On n’attend pas de réponse spécifique, ‘tout est possible’.
  • Ça aide à partager les pensées et les émotions aussi
  • Le but est de faire des commentaires plutôt que des consignes
  • Ecrire un journal

Donc, en langage déclaratif,  on :

  •  Fait des commentaires
  • Partage nos idées
  • Ne donne jamais de consigne
  • Ne pose jamais de questions , qui de fait  forcent et orientent !
  • Parle lentement avec peu de mots et des mots choisis
  • On n’attend aucune réponse particulière

 

Voici quelques exemples en ‘mode déclaratif’ ou en ‘mode ABA’ :

Lgg déclaratif – « En RDI », on dira : Cela favorisera … « En A.B.A. »: on donnerait plutôt une consigne :
« Tiens, Tonton John est là » une réponse ‘ouverte’ de l’enfant « dis bonjour à Tonton John »
« j’ai faim » interprétation de la condition de l’autre « donne-moi du pain »
« je n’y arrive pas » liberté de venir aider ou non « viens m’aider ».

 

Conclusion :

ABA et RDI s’opposent-ils ? Non.
Car les principes de l’ABA sont « universels et scientifiques » (un comportement renforcé augmente et inversement tout comme une pomme tombe si on la lâche en l’air !)
Cependant, ça peut effectivement être opposé dans l’application que l’on fait de l’ABA stricto sensus (exemple l’utilisation des jetons comme médiation de renfo). Auquel cas je dis « on va se la faire plus en mode ABA / en mode RDI ».

Clairement, ce qui a le plus impacté sur ma pratique c’est le fait de ralentir et attendre ! pour moi qui suis très speede, j’ai dû conscientiser le fait d’attendre car ce n’était / est pas (encore) automatisé. La seconde chose est que je me force à prévoir mentalement, dans chaque séance, des activités ou procédures qui invitent à développer la spontanéité, l’initiative et l’imaginaire …. 

Comme pour les autres enseignements, tout dépend de ce que l’on travaille précisément : avec une balle on peut travailler le fait d’apprendre à lancer un objet avec les compétences motrices, oculaires, proprioceptives, etc,.. que ça mobilisent, mais également, d’apprendre tout simplement que la lancer à l’autre peut être un plaisir, qu’on peut faire courir l’autre après la balle, etc, .. et que l’interaction en soi est renforçante parce qu’elle est faite avec l’autre.

Je pense réellement qu’il faut entretenir les deux car les deux sont nécessaires dans la vie : dans le montage des enseignements mais également dans la vie de tous les jours. Electron libre mais pas trop … initiative et spontanéité mais compliance et partage.

 

Si vous cherchez des activités autour des tâches authentiques, des compétences pour la vie quotidienne, vous pouvez aller lire cet article  ici.

Publié dans Aide à la création de supports, Motricité fine, Pince pouce-index

Les boutonnières

La première étape dans les boutonnières est que l’enfant comprenne le principe : faire glisser le bord du bouton dans la fente.

Quand on regarde un enfant mettre un bouton, si il n’y parvient pas, c’est souvent qu’il tente d’enfiler le bouton par son centre (là où il y a la couture) et non par le bord de la tranche du bouton. Du coup, en procédant ainsi, il faudrait que la boutonnière soit un  « trou en cercle » et non un « trou en fente » ….

Mettre un bouton requière d’avoir acquis une bonne pince bidigitale (avec deux doigts) car il faut pincer pour pousser le bouton dans la fente et le rattraper avec l’autre main en pinçant également avec deux doigt pour tirer, voire même repincer de nouveau pour dégager le morceau de tissu.

Lorsqu’on boutonne un vêtement, on a également la contrainte d’avoir plusieurs boutonnières serrées sur une même bande de boutonnières. De plus, le fait que cette bande soit cousue au reste du vêtement limite les possibilités de manipuler librement pour boutonner. De plus, lorsqu’on boutonne sur soi (qui est le but final de cet enseignement), on a une vue plongeante et verticale sur la tâche. Enfin, souvent, les boutons les plus  « fréquents » sont ceux en traction : mettre un bouton de jeans avec un bidon qui écarte bouton et boutonnière rend la tâche encore plus complexe!

 

Quelques étapes décomposées

 

Du coup, on travaille avec des boutons du plus gros au plus petit, et également en adaptant le support :

Le ruban à boutons

C’est une activité que les enfants apprécient bien. Il s’agit d’un ruban avec aux extrémités deux boutons de tailles différentes (le plus petit sera plus facile à enfiler…) ainsi que des petits carrés de tissu ou de feutrine avec une boutonnière ou à défaut, juste une fente.
Remarque pour la fabrication : les petits carrés de tissu sont très faciles à réaliser, demandez autour de vous si vous ne savez pas coudre. Il suffira, une fois réalisés, de coudre une boutonnières au milieu du carré de tissu. C’est une belle façon de recycler les chutes de tissu! Si vous êtes professionnels, je vous conseille de les faire de cette facon car si vous utilisez de la feutrine avec une petite fente, votre matériel sera rapidement abimé.

      

Si vous en faites deux, vous pouvez créer un petit jeu :
Chacun prend un ruban à boutons et on met les carrés de tissu au centre de la table. Vous lancez un dé de couleurs (il suffit d’un cube de bois dont vous coloriez les faces) et prenez un bout de tissu correspondant. Le premier à avoir 10 / 6 carrés ou encore un de chaque couleur (tout dépend du niveau de l’enfant) a gagné ! 

   

Le bouton à fleurs

Alors succès garanti : j’ignore pourquoi, les enfants le demandent parfois même en renfo !! 
Pour la réalisation : un morceau de nappe/toile cirée d’environ 20 cm sur 16 cm, un rectangle de tissu en coton (pour éviter que ca ne glisse) de la même taille pour le dessous. Coudre comme pour les petits carrés de tissu ci-dessus, retourner l’ouvrage, coudre au centre un gros bouton en veillant à laisser une longue tige d’attache sous le bouton (voir la photo) de façon à laisser la place d’y loger les 3 fleurs qui viendront se boutonner dessus. Attention, mettez sur l’arrière un petit bouton (comme sur la photo) de façon à prévenir l’arrachement du tissu si l’enfant tire trop sur le gros bouton devant. 
Enfin pour faire les fleurs, personnellement, j’en ai fait trois dans mes chutes, le recto-verso diffère et sont de 3 tailles différentes. Attention : afin de faciliter le boutonnage, prévoyez de faire des boutonnières plus longues que vous ne l’auriez faire d’ordinaire pour un « vrai » ouvrage.

   

   

 

La bande crescendo 

Il s’agit ici d’une bande de tissu avec des boutons placés du plus petit au plus grand. Au début de l’enseignement, on demandera à l’enfant uniquement la manipulation du grand bouton se trouvant à l’extérieur de la bande. Petit à petit, au fur et à mesure des progrès, on déboutonnera et reboutonnera les boutons de plus en plus petits.
Voici un visuel : tout à gauche la bande entière, à droite avec un bouton ôté, encore à droite avec 2 boutons ôtés, etc, … jusqu’à la déboutonner complètement. 

 

Puis ensuite …

Vous pourrez utilisez des cadre type montessori où il faut boutonner « une gauche » avec « une droite ». Puis, ce même cadre mais retourné et placé sur le ventre de l’enfant afin de s’habituer à mettre des boutons en situation naturelle ensuite, puis sur de vrais habits! 

 

La réalisation de ces différentes étapes permet de ne pas lasser l’enfant et de le laisser expérimenter sans le guider physiquement advitam eternam.

Publié dans Adaptations et critiques de jeux, flexibilité cognitive, Fonctions exécutives

Trouve – tout

Recto, une illustration, verso, une forme ou une couleur.

Au dos de chaque carte, il y a soit une forme (losange, carré, triangle, rond, rectangle), soit une couleur (bleu, vert, violet, jaune, rouge).

Il va s’agir tout simplement de trouver sur l’illustration le critère recherché (qui figure au dos de la carte qu’on vient de retourner).

 

Par exemple:

Ici, on cherche sur l’image quelque chose de rond : il s’agit du cookie en bas à droite de l’image au premier plan.

On retourne alors la carte de droite qu’on pose sur la carte de gauche et on découvre la nouvelle illustration :
il faut trouver quelque chose de jaune, on le voit bien, c’est l’oiseau. On continue…

Cette fois, de nouveau quelque chose de rond mais sur une autre image : il s’agit du bras du canapé au premier plan en bas à gauche.

Les cartes du jeu changeant de place perpétuellement, les cibles à chercher changent …

Remarques :
Il est beaucoup plus facile de trouver les items d’une couleur donnée que de trouver les formes. On peut être tenté de trier et de présenter d’abord les cartes couleurs et ensuite de donner des cartes avec des cibles-formes.
Cependant, en faisant cela, on s’expose à ce que l’enfant ait un gros effort cognitif à fournir lorsqu’on passera aux recherches de formes car :
– les formes sont plus complexes à chercher que les couleurs, comme je viens de le préciser, et
– il faudra que l’enfant inhibe (= arrête de chercher) le critère couleur alors qu’il est habitué à cibler ce critère.
Donc, si l’enfant n’a pas une bonne flexibilité mentale, il vaut mieux rapidement introduire le critère formes, malgré sa difficulté.

Ce jeu travaille la flexibilité mentale à fond : changements d’illustration à chaque présentation, changement de cibles (couleur / formes), changement de cibles pour une même illustrations et d’illustration pour une même cible, etc., …

Publié dans Matériel générique, Théories et formations ABA

La plaquette de jetons

La plaquette de jetons est un outil très important dans la prise en charge des enfants avec des difficultés d’apprentissage ou des troubles du comportement.
Son utilisation permet de faire augmenter des comportements-cibles mais également de faire baisser des comportements non souhaités.

Cet outil paraît simple mais il demande en fait une bonne maîtrise de l’ABA.
Il y a une quinzaine d’années, je m’étonnais que personne ne l’utilise, voire ne le connaisse : c’est dommage lorsqu’on voit la puissance que peut avoir ce petit aménagement.
Aujourd’hui, il m’arrive souvent de rencontrer des professionnels (enseignants, éducateurs, psychologues, AESH) qui l’utilisent, sa pratique s’est énormément répandue mais faute de formation sur son bon fonctionnement …. ils l’utilisent n’importe comment!
Outre le fait que ça n’ait pas l’effet escompté sur le moment, le problème est qu’une mauvaise utilisation galvaude et entache considérablement l’efficacité de la plaquette.
Lorsque les enfants sont difficiles au niveau du comportement ou de la compliance, c’est particulièrement désagréable d’assister au sabotage de cet outil si précieux.

 

Voici donc quelques rappels généraux

Une plaquette de jetons doit être installée par un professionnel : elle peut être utilisée ensuite par un intervenant  « classique » à condition :
– d’être formé aux principes fondamentaux de l’ABA et
– de bien connaître les objectifs travaillés de l’enfant et son niveau général.

Les plaquettes de jetons peuvent être en tissu, en papier plastifié, en carton épais, etc, … voire dessinées sur un bout de papier.
Cependant : JAMAIS renforçant en soi, le plus neutre possible, …
PAS DE petites médailles, de smileys ou je ne sais quoi !!

Ci-dessus, une photo du type de plaquette que j’utilise depuis quelques années : une double plaquette (que je fabrique moi-même) avec un lot de 10 jetons. Cette configuration présente des avantages :
– Cela permet de transférer d’une plaquette à une autre les jetons sans en perdre et sans en avoir qui restent collés sous la manche du pull ou sur le collant tout neuf …
– Les plaquettes sont extrêmement sobres et non renforçantes en soi
– Cette double-plaquette permet de ne pas perdre de temps à rassembler ses jetons. Cependant, ça demande de « cacher » la plaquette de retrait (et de mettre en exergue celle à remplir)
– Un scratch-boucles au dos avec un bout « bi-face crochets » permet de maintenir ensemble les deux plaquettes
– Cela permet également de fixer la plaquette en cours sur le bureau (en collant un scratch-crochets autocollant sur le bureau)
– Ce scratch au dos permet également de les maintenir à plat sur le dessus d’un sac (ou d’une banane pour les moins fashions d’entre nous) pour travailler les déplacements (renforcer par exemple l’absence de trouble du comportement ou bien le respect de consignes orales, etc, …)
– Elles sont lavables et éternelles 😉 : contrairement aux supports plastifiés qui se dédoublent et se dégradent en 1 mois.
– Un dispositif permet d’y accrocher un cliqueur ou un compteur si on les utilise ave un enfant.

LE MINIMUM A CONNAITRE ET INTEGRER COMPLETEMENT AVANT SON UTILISATION.

Afin que l’entourage complet puisse utiliser la plaquette, j’avais rédigé il y a quelques années un « Mémo de la plaquette de jetons » que je vous mets ici.
Ce mémo ne saurait se substituer à une formation complète sur les mécanismes du comportement, cependant il permet de « limiter la casse » quand une formation plus approfondie n’est pas possible (remplacement d’AESH, centre aéré, …).

 

Les 10 commandements de la plaquette de jetons

 

La mise en place de cette plaquette doit être faite par un professionnel, une fois celle-ci installée, elle est utilisable par toute personne en interaction avec l’enfant. C’est un outil très pratique, qui fonctionne bien et longtemps, à condition de bien comprendre les règles de base pour bien l’utiliser.

Le principe est très simple : on donne à l’enfant des jetons (au fur et à mesure de la réussite d’une tâche et/ou d’un bon comportement et/ou de l’absence d’un mauvais, …) qu’il pourra échanger contre un temps de « plaisir/cadeau » (que l’on appelle « renforçateur »).

Il y a 3 composantes majeures :

  • Les comportements visés (ce que l’on veut obtenir de l’enfant, la tâche à réaliser, son « programme d’apprentissage ») Par exemple, poser ses mains, empiler les gobelets, faire pareil, …
  • Les jetons qu’il va gagner et les conditions pour les avoir
  • Le renforçateur que l’enfant obtiendra une fois la plaquette remplie : il doit être puissant, c’est-à-dire, très motivant pour l’enfant (DVD, voiture, …)

 

Lorsqu’on installe une plaquette à un enfant, on utilise au début une forme visuelle avec 5 jetons ( avec l’image du renforçateur ou non, personnellement je préfère sans). On passera ensuite à 10 jetons sans image du renfo. Lorsque ceci est bien installé, avec les années, on peut même mettre en place des sous-plaquettes (je détaillerai si besoin).

Cet outil a beaucoup d’avantages, en plus de s’utiliser facilement à l’école, il permet de :

  • différer le moment où l’enfant aura son « vrai » renforçateur et donc avoir des sessions de travail plus longues
  • ne pas interrompre l’activité (on peut garder des jetons dans les poches et transporter la plaquette sur un sac si besoin)
  • enseigner les bases du concept d’échanges
  • pallier le manque de motivation intrinsèque de l’enfant
  • commencer à comprendre l’abstraction (le jeton est conditionné, il n’a rien d’attirant en soi … mais est plus concret qu’une simple félicitation orale)
  • inciter l’enfant à faire des choix (parmi les renforçateurs)

LES 10 COMMANDEMENTS :

La plaquette doit toujours être visible pendant le travail et l’enfant doit regarder le jeton ajouté (dans un 1er temps) par exemple la placer sur le coté du bureau, scratchée au dessus du plan de travail, … Accès aux jetons interdit pour l’enfant  afin de garder le jeton « sacré », c’est l’adulte qui le donne!
Donner un jeton dans la seconde, en veillant à ce qu’il n’y ait PAS de mauvais comportements associés. Toujours féliciter, le faire au moment même où on pose le jeton et varier les compliments ex : « champion », « bravo », « super » SAUF si l’enfant a tendance aux écholalies.
Ne jamais parler directement du jeton par exemple « c’est bien, tu as gagné un point » car le but est qu’il les oublie pour, à terme, ne plus avoir de plaquette    Ne jamais retirer un jeton par contre, il est possible de mettre 2 jetons à la suite pour un comportement exceptionnel.
Une plaquette doit TOUJOURS être finie  même si la sonnerie de l’école retentit, lui faire faire des petits exercices rapides d’imitation mais ne jamais laisser la plaquette entamée !! Si le choix du renfo est placé sur la plaquette, il doit être changeable, exemple : si l’enfant avait choisi le DVD, il peut obtenir un ballon s’il a changé d’envie.
Difficulté crescendo, la « règle des 80-20% » c’est-à-dire que les premiers jetons sont pour des tâches faciles/acquises, et les derniers pour de l’apprentissage/du difficile. Adapter la « valeur » du jeton et le nombre de tâches par jeton à convenir entre professionnels, par exemple, on peut poser 3 questions de suite pour 1 seul jeton si les questions sont sur des acquis.

N’hésitez pas à poser des questions afin que je complète ou développe mieux certaines parties exposées ci-dessus !

 

D’un point de vue plus matériel

 

Double plaquette de jetons
Double plaquette de jetons

 

Plaquette de jetons de natation
Plaquette de jetons de natation

 

Format avec plaquettes et sac de transport.
Format avec plaquettes et sac de transport.

 

Comme vu précédemment, la plaquette peut avoir différentes formes, l’important étant qu’elle soit comprise par l’enfant et qu’elle soit fonctionnelle.
Ainsi, en fonction des besoins, elle pourra recouvrir plusieurs formes : elles peuvent être sur un petit sac pour être utilisées en sortie, sur un manchon pour être utilisées lors d’un cours de natation, …

Mais aussi, elles peuvent être imprimées et utilisées comme consommables. Cela permettra notamment de pouvoir gagner des privilèges qui pourront être consommés ailleurs. 
Par exemple, pour un enfant qui ne fournirait pas d’efforts à l’école, nous pouvons lui donner des occasions de gagner des plaquettes lors du travail scolaire dans sa classe, et seulement en ce lieu, et lui donner l’opportunité de les « dépenser » à la maison.

 

Plaquettes consommables à imprimer

Pour ceux qui utilisent des plaquettes à consommer, vous trouverez ici un pdf à imprimer.

Petits rappels :

  • Découpez les plaquettes d’avance pour toujours en avoir sur vous
  • Tenez là toujours à vue de l’enfant
  • Une fois remplie, donnez-la à l’enfant qui doit la/les conserver sur lui. Si possible, notez dessus dans quel contexte l’enfant a obtenu la plaquette (école, ergo, maison, …)
  • Une fois consommée, la plaquette doit être BARREE afin de ne pas être réutilisée : notez au dos le privilège obtenu avec la durée le cas échéant (ex : 10 mn de télé, sanctionnée avec un minuteur)
  • Chaque jour, agrafez ensemble les plaquettes de la journée et précisez la date sur le paquet. Cela permettra d’observer, si besoin, les fluctuations d’obtentions de plaquettes et de voir l’évolution (ou non) ainsi que les variations selon les périodes / types d’activités / d’intervenants / …